Histoires croisées de l’Europe : Napoléon et l’Allemagne(2)

par ARMINIUS
vendredi 2 avril 2010

Partie 2 : ......et le temps de mourir

 Le ressentiment de Louise humiliée, va servir de moteur au redressement de la Prusse, elle devient l’agitatrice de conscience du pays vaincu : l’armée doit être réformée : la centaine de généraux que compte son Etat-Major va être réduite à deux dont Blücher De plus on va copier l’armée ennemie, introduire aussi la conscription et mettre fin au châtiment corporel, le tout dans cet esprit de repentance -assez redondant outre-rhin-mais aussi d’ouverture aux valeurs de la pensée portée par les nouveaux philosophes allemands .

Ainsi dans ces pays qui vont bientôt devenir l’Allemagne, la présence de l’armée impériale devient peu à peu insupportable d’autant que le blocus de l’Angleterre auquel vient d’adhérer la Russie va porter un coup fatal aux exportations allemandes de céréales et à l’importation de produits de première nécessité : café, chocolat, épices, produits manufacturés. Pour la petite histoire, cela qui va aussi être à l’origine de la fortune d’un certain Armschel Meyer Rothschild, fondateur de la dynastie qui saura profiter des opportunités financières engendrées par la crise 

En même temps un autre personnage va créer l’événement au Sud : Andreas Hofer le « Chouan »du Tyrol, brandissant en étendard le crucifix de son église et ralliant ses troupes de paysans au nom du sacré-cœur ! Ces montagnards, rudes gaillards armés de fourches de faux et de méchants fusils vont mener la vie dure aux troupes bavaroises, et iront jusqu’à défaire le général Boulanger…ce qui aura pour effet d’irriter Napoléon ; Andreas Hofer, enfin vaincu aura droit à un procès « équitable » joué à l’avance comme celui du Duc d’Enghien.

Deux enterrements et un mariage vont marquer cette année 1810, la mort d’Andreas Hofer, exécuté, celle de Louise de Prusse, exilée et épuisée par son infortune et les noces soi-disant politiques de Napoléon et de Marie Louise, dix-huit printemps. jeune , fraîche, naïve et bonne à tous points de vue suivant les dires du nouveau marié . Beau papa François Ier, l’empereur autrichien, accepte l’affaire mais pas l’exécution du Tyrolien , il ne laissera pas tomber ce peuple qui est son plus fidèle soutien…

Bientôt Napoléon sera vaincu par sa conquête dans les plaines froides et neigeuses de l’immense Russie . Cent mille allemands de sa grande armée vont périr, dont les courageux corps Souabes qui se sacrifieront en couvrant le passage de la Berezina. L’empereur , abandonnant ses hommes à leur triste sort regagnera Paris en catastrophe.

C’en est trop ! le peuple allemand se réveille et s’arme contre le Français, le nouvel ennemi . Partout dans le pays on sonne l’alarme, partisans et étudiants se regroupent en « Corps-Francs » dont le plus célèbre , celui de Lutzöw, passera à la postérité de par les couleurs de son uniforme Noir à parements rouge et à boutons dorés…ces couleurs deviendront celles de son drapeau, symbole de la liberté retrouvée …et couleurs actuelles de la République Fédérale d’Allemagne. A Leipzig, ces corps francs aideront le Feld maréchal von Blücher et ses alliés à remporter la victoire : Les Français vaincus traverseront une dernière fois le Rhin…

Ainsi, Napoléon aura été, malgré lui, l’acteur essentiel de l’éveil du nationalisme allemand , les quelques trois cents états ramenés, par lui à une quarantaine, seront beaucoup plus facile a gérer, dans un pays dont il aura aussi grandement favorisé l’essor…cela les allemands d’aujourd’hui ne l’ont pas oublié, les articles sur l’empereur français reviennent régulièrement dans la presse d’outre-Rhin… articles dont cet essai s’est largement inspiré !

Epilogue : Il faudra encore quelques années pour que l’Allemagne après encore quelques révolutions et guerres intestines ne devienne vraiment unie, un autre empereur français va donner à Bismarck le coup de pouce final, la défaite de 1870 débouchera directement sur la proclamation définitive de l’unité Allemande, dans la galerie des glaces de Versailles, et comme vengeance posthume le Kaiser vainqueur ne sera autre que Guillaume Ier - Fils de Louise. Cette Louise qui par ailleurs, restera longtemps le symbole de la bonne épouse et de la bonne mère allemande, exemple parfait pour l’apprentissage des petites filles, comme pour toutes les ligues de femmes réactionnaires jusqu’au …nazisme qui la fera tomber de son piédestal pour lui substituer l’image plus guerrière de la Walkyrie !


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