Il Castello di Atlante ; les anciens du prog italien assurent
par Bernard Dugué
vendredi 6 mai 2016
Arx Atlantis a été édité par AEnima Recording qui est le label indépendant associé au studio d’enregistrement éponyme. La line-up complète comprend sept instrumentistes. Au quintet de base où figurent la voix, la batterie, la guitare, la basse et les claviers, se sont greffés deux violonistes. Ce qui donne une coloration spéciale et très chaleureuse à cette musique conçue comme une synthèse équilibrée entre le rock, le symphonisme, un peu d’impro à la Jean-Luc Ponty et une atmosphère toute méridionale avec quelque réminiscences du folklore italien. Le CD dure 50 minutes étalées sur cinq compositions. On est tout à fait dans le format progressif et bien entendu, à l’écart des standards pour radios généralistes dont le propre est d’être allergique aux morceaux dès qu’ils dépassent les 4 minutes et ne sont pas coulés dans le moule simpliste couplet refrain. Néanmoins, les musiciens de Il Castello ne font pas dans les expérimentations sonores ésotériques et complexes. Le résultat est très mélodique, avec une voix rocailleuse comme on en trouve dans toute l’Italie et une chaleur musicale jouée avec force et puissance. C’est enjoué, rythmé, parsemé de fioritures et presque baroque, avec les parties de violon rappelant cette vieille formation confidentielle que fut Quella Vecchia Locanda ou plus récemment, les exécutions progressives endiablées de la jeune formation Ingranaggi Della Valle.
Il ne faut pas hésiter à se laisser entraîner par cette musique riche en émotion et qui sans atteindre les sommets du baroque progressif, n’est jamais ennuyeuse à écouter. Sur le premier morceau, on appréciera le tempo et ces nappes rageuses jouées à l’orgue vintage. La guitare se montre lyrique sans démonstration technique. Le style légèrement heavy avec cet orgue rageur rappelle les premiers albums de Uriah Heep. Un bel équilibre entre mélodies et fioriture complétées par l’entrée en scène du violon après le tempo saccadé, les breaks et la voix bien perchée conférant à l’ensemble un côté expressionniste. On aura pu apprécier les parties de piano jouées en virtuosité avec la dextérité d’un musicien de conservatoire. Ce qui ne surprend guère, la plupart des claviéristes du prog ayant une formation classique. Ce premier morceau passe par plusieurs couleurs et malgré la fausse évidence de facilité, il se révèle au fil des écoutes comme étant assez complexe. Surtout vers la fin des quelque 14 minutes que dure cette composition et qui laisse s’envoler le violon, conférant à l’ensemble ce côté chaleureux. Un clin d’œil musical envoyé depuis un pays où le soleil est tout un art. Les quatre morceaux suivants sont de la même veine, inventifs, avec une batterie qui ne fait pas que servir de métronome et joue de concert avec les autres instruments.
On conseillera ce dernier CD de Il Castello à ceux qui souhaitent faire connaissance avec la production progressive italienne mais prudemment, sans entrer dans les œuvres les plus compliquées et plus difficile d’accès. La présentation dans un digipack justifie l’acquisition de cette œuvre qui finira honorablement dans une discothèque de mélomanes. A noter l’invitation sur le troisième morceau de Tony Pagliuca qui n’est autre que le claviériste de Le Orme. 4 stars sur 5.