Introitus, du néo-prog suédois de belle facture

par Bernard Dugué
mardi 7 octobre 2014

Le rock progressif se joue dans tous les pays occidentaux, ainsi que dans nombre de pays asiatiques, de l’Ouzbékistan au Japon. Les Scandinaves sont très présents sur la scène prog, notamment depuis deux décennies. Introitus est une formation suédoise récente dont le troisième album « Anima » vient de sortir cet été 2014. Le noyau du groupe est formé par Mats Bender qui officie aux claviers, compose les morceaux et qui est présent sur la scène musicale depuis plusieurs décennies. Il est secondé par son épouse, Anna Jobs Bender, qui assure les parties vocales tout en écrivant les textes. Autant dire que c’est une affaire de famille puisque leur fils Mattias Bender s’occupe des percussions. Ce trio est rejoint par Dennis Lindkvist à la basse, Pär Helge à la guitare et pour finir, Henrik Björlind à la flûte et aux claviers. Cette line-up laisse augurer un rock plutôt symphonique et c’est le cas.



La première écoute donne le ton. On n’est pas dans le registre progressif baroque de l’Italie mais bien dans un style néo-progressif qui serait inspiré par Pink Floyd, Kaipa et Glass Hammer selon les indications de l’info-sheet destinée à la presse. Mais mon oreille entend quelque chose qui sonne plutôt comme Gathering mais en plus sophistiqué avec des morceaux dont la durée est plus conforme aux canons progressifs, avec cinq compositions situées entre les 7 et 12 minutes, plus une longue suite de 16 minutes et deux courts morceaux en introduction et conclusion. 66 minutes de néo-prog symphonique très agréable à écouter, bien équilibré, bien joué et qui rappelle forcément les figures anciennes du genre, notamment Pendragon, référence à laquelle on peut mesurer ce CD d’Introitus qui se situe dans une veine similaire mais sans copier l’original, avec des touches inédites et un niveau comparable dans l’exécution. En plus, les parties vocales sont au niveau de l’ensemble. Il faut souligner en effet que Anna Bender est professeur de chant. Sa voix rappelle celle de la chanteuse de Gathering mais en moins forcé. Pas de style criard mais une voix fluide et équilibrée évoquant Grace Slick du Jefferson Airplane ou même celle des albums solo de Tarja Turunen, une ex-Nightwish.

Ce qui séduit dans la musique d’Introitus, c’est la solidité de la rythmique sur laquelle viennent se greffer des claviers enveloppants et omniprésents qui constituent l’ingrédient principal de ces compositions bien façonnées par Mats Bender. Orgue, synthés, mellotron et piano sont de la partie. La guitare, jouée un peu à la Gilmour, se joint aux claviers alternant entre séquences virtuoses et effluves plus symphoniques et atmosphériques. A noter aussi le côté parfois étrange et torturé des mélodies, ce qui n’est pas pour déplaire car ces séquences nous éloignent du rock commercial pour rejoindre le métal atmosphérique qu’on peut trouver chez Paradise Lost pour ne citer qu’une référence dans le genre. Mais ne nous trompons pas, l’ensemble reste façonné plus dans le néo-prog que le métal. Tous les morceaux sont d’un niveau égal, parfois submergés par les nappes de clavier tout en laissant la place aux autres instruments sans oublier la basse lancinante et claquante qui se remarque en conférant une puissance à cette belle musique qui semble rechercher le beau et l’éternité. Le sixième morceau intègre quelques composantes folks, ce qui n’est pas sans évoquer les élans progressifs d’une formation comme Nightwish.

Le septième morceau étalé sur 16 minutes résume parfaitement le style énergique et néo-prog de cette formation récente venue du Nord avec une musique accordant une belle place aux claviers et au chant. Avec des lignes mélodiques bien tracées non sans quelques élans romantiques. « Anima » est édité par un label indépendant suédois, Progress record, avec une présentation soignée dans un digipack et une très belle illustration.


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