Journées Gracq : Raphaël Sorin balance sur le monde de l’édition
par Fabrice Trochet
mercredi 26 novembre 2008
J’ai assisté à de passionnants débats lors des premières Journées Gracq à Saint-Florent-le-Vieil qui se sont déroulées ce week-end autour du thème de « la cuisine littéraire ». Cuisine littéraire, c’est le cas de le dire lorsqu’a été abordé les prix littéraires.


C’est encore pire que ce que je pensais. Tout est magouilles. Ainsi fut évoqué l’attribution du Prix Goncourt à Jean Rouaud contre toute attente suite à des manoeuvres contre Philippe Labro qui aurait dû l’obtenir pour des raisons qui n’étaient pas seulement littéraires.
Tout avait pourtant commencé tranquillement avec les propos insipides de la part du représentant des éditions Gallimard, Jean-Marie Laclavetine, à propos des manuscrits envoyés par la poste. Raphaël Sorin particulièrement brillant et en très grande forme ce dimanche après-midi préférant la vérité déplaisante, s’est écrié « maintenant passons à la réalité (...)le comité de lecture est un alibi qui permet d’éliminer un manuscrit(...), on publie un livre parce que c’est la copine de machin(...). Chez Grasset , on n’a pas publié des manuscrits arrivés par la poste ». Ainsi sur les livres de Daniel Picouly : « Il y a eu un énorme travail dessus (...) il a fallu un "quasi nègre" (...). Il a pu publier son premier roman grâce à Pennac. »
Raphaël Sorin regrettait l’époque où régnait une plus grande liberté dans le monde des lettres ; il a évoqué comment Fauvet a recruté cette plume savoureuse qu’est Gabriel Matzneff pour Le Monde alors que maintenant il est interdit partout. (Son dernier livre Gabriel Matzneff Vous avez dit métèque ? est d’une qualité exceptionnelle et personne n’en parle.)
Pierre Assouline afin de s’éloigner du problème de la censure a insinué que tenir ces propos « C’était mieux avant » était réactionnaire. Assouline a l’air sympathique mais certains sujets ne doivent pas être abordés avec lui. Lors de ce deuxième débat de cet après-midi consacré à la nouvelle critique ce fut l’occasion de parler de l’Internet et j’ai ainsi pu découvrir le blog littéraire d’Anne - Sophie Demouchy : La Lettrine. Quelques personnes étaient particulièrement remontés contre l’Internet, mais comme le suggérait Pierre Assouline, il faut y aller voir : « C’est comme dans une poubelle, on y trouve le pire comme le meilleur ». Ce n’est sans doute pas cette remarque qui fera changer l’avis de ces réfractaires à l’Internet !
Tous les participants étaient convaincus que des critiques de qualité peuvent aussi se trouver sur l’Internet. Moi aussi ! Dans quelques petites revues (plus ou moins confidentielles ) sur papier peuvent aussi se dénicher de très bonnes critiques qui nous permettent de découvrir de passionnants écrivains.