Jules Verne en a rêvé, d’autres Bretons l’on fait...

par Voris : compte fermé
lundi 8 octobre 2007

Jules Verne a rêvé ses « voyages extraordinaires » qui tapissent, en ce mois d’avril 1877, la grande salle de sa maison d’Amiens où il donne un bal pour des invités revêtus des habits des héros de ses romans : le capitaine Nemo, Michel Strogoff, Passepartout, Phileas Fogg... Un autre Nantais célèbre, Aristide Briand, alors jeune homme, est présent et contemple tous ces personnages et les magnifiques tentures peintes : « Le Nautilus », « L’Albatros », « Le Victoria ».

Rarement écrivain aura été le porteur de tant de rêves de l’humanité. Il aura marqué puissamment l’imagination des hommes. Né à Nantes le 8 février 1828 du signe astral du Verseau qui prédispose à l’invention, à la curiosité et à l’idéalisme, Jules Verne, qui était aussi Breton, connaissait l’appel du large (il fugue à 11 ans avec l’intention de gagner les Indes). Il savait les exploits de célèbres navigateurs bretons comme Jean Coatanlem (1455-1492), surnommé « le roi de la mer », qui, en 1484, vint à bout tout seul de trois navires de guerre anglais, d’Hervé de Portzmoguer (1470-1512), qui prit sa dernière victoire (posthume) sur la flotte anglaise en rade de Brest le 10 août 1512 à bord de la Cordelière. Il ne pouvait ignorer non plus les voyages de cet autre Breton, Jacques Cartier (1491-1557), qui explora pour la première fois le golfe et le fleuve Saint-Laurent, pays qu’il nomma Canada. Ni de ce corsaire malouin, Surcouf (1773-1827), descendant de corsaires qui entra dans la légende en prenant à l’abordage un vaisseau britannique, trois fois plus important et plus armé que le sien ! Grands voyageurs, les Bretons comptaient aussi des scientifiques comme Laënnec (1781-1826), l’inventeur du stéthoscope. Sans parler des nombreux mythes et légendes qui peuplent l’esprit breton ! Baignant dès l’enfance au milieu de récits fabuleux, et nourrie d’histoires sur Combourg et Chateaubriand, la plume fertile de Jules Verne a ainsi pu écrire une grande quantité de récits qui semblent aujourd’hui avoir été conçus sur mesure pour les aventuriers modernes qui partirent, à sa suite, explorer l’espace, le fond des mers et tous les horizons du globe.

« De la Terre à la Lune  »

En ce mois d’avril 1877, Jules Verne donne donc ce bal où évoluent ses personnages de romans incarnés par ses amis, parmi lesquels Félix Tournachon, dit Nadar, grimé en Michel Ardan, et qui sort de la célèbre capsule peinte par Jules Verne pour « De la terre à la lune » dont Michel Ardan est un des personnages. Aujourd’hui, Jules Verne aurait souri d’apprendre que le premier Français à s’être envolé pour l’espace est un Breton, Jean-Loup Chrétien.

« Voyage au centre de la Terre » : ce roman de science-fiction, écrit en 1864, pouvait préfigurer l’œuvre souterraine de Fulgence Marie Auguste Bienvenüe, né à Uzel (en Côtes-d’Armor) et qui est le père du métro de Paris. Ou encore, en spéléologie, la découverte en 1991 de la grotte sous-marine qui porte le nom du plongeur d’origine bretonne Henri Cosquer. (On peut faire la visite virtuelle de la grotte Cosquer ici : Visite virtuelle.)

« Une ville flottante »

Ce roman de Jules Verne paru en 1871, évoque la vie d’un immense paquebot de luxe, le Great Eastern. Comment ne pas penser au France, ce paquebot transatlantique emblématique construit aux chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire où il fut mis à l’eau, le 11 mai 1960, en présence du général de Gaulle ? Ces chantiers sont le constructeur du récent bateau de croisière le Queen Mary 2. La construction et la réparation navale, ainsi que l’industrie nautique constituent le 4e secteur industriel de la Bretagne.

L’île mystérieuse : pour un Breton, « île mystérieuse » est un pléonasme ! Tout marin breton vous le dira et les légendes autour de Sein, Ouessant, Molène, ne manquent pas... Elles n’ont pas fini d’alimenter la littérature écrite ou chantée. Les Bretons et les îles, c’est toute une histoire aussi. Ils ont donné leur nom aux îles Malouines : c’est en 1764 que Louis Antoine de Bougainville nomma ainsi ces îles, d’après les marins et pêcheur de Saint-Malo, premiers colons connus de ces îles. Les îles Kerguelen ont été découvertes à la fin du XVIIIe siècle par Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec.

« Le Tour du monde en quatre-vingts jours »

Ce roman d’aventures, écrit en 1872, a donné naissance au trophée Jules Verne qu’Olivier de Kersauson a décroché en 1997, après avoir parcouru le globe en dessous des 80 jours mythiques : 71 jours, 14 heures et 22 minutes. Un autre Breton, Bruno Peyron, lui ravira le titre en 2002 puis en 2005 (en 50 jours, 16 heures et 20 min). Entre-temps, en 2004, le milliardaire américain Steve Fossett aura réalisé la performance en 58 jours 9 heures et 32 minutes. Jules Verne, qui fut fasciné par le voyage de Nadar en ballon en 1863, n’aurait-il pas été admiratif devant les exploits de ces navigateurs modernes à bord de leurs impressionnants bateaux de course autant que devant les aventures de Steve Fossett ? Ce dernier a disparu avec son ballon le 3 septembre 2007 dans le désert du Nevada. Porté disparu comme Alain Cola et son trimaran, le Manureva. Ce drame qui se déroula en 1978 inspira Serge Gainsbourg qui en fit une chanson pour Alain Chamfort, breton d’origine, de son vrai nom Alain Le Govic.

Ces navires ultra performants auraient étonné notre écrivain. Comme le chante Renaud « Tabarly, Pajot, Kersauson, Riguidel, naviguent pas sur des cageots ni sur des poubelles ». Marc Pajot né en 1953 à La Baule (Loire-Atlantique) fut l’un des apprentis d’Eric Tabarly. Eugène Riguidel, né en 1940 à Arradon (Morbihan) a remporté la Transat en double en 1979. On ne présente plus Tabarly et Kersauson.

Ajoutez à cette liste Philippe Poupon, né en 1954 à Quimper, qui fit partie des équipiers d’Éric Tabarly sur Pen Duick VI et Jean Le Cam, né en 1959 et qui vit à La Forêt Fouesnant (Finistère). Le Cam débuta aux côtés d’Eric Tabarly, sur ce même Pen Duick VI, et se fit connaître surtout par sa seconde place chèrement acquise lors du Vendée Globe. Loïck Peyron enfin, né en 1959 à Nantes, est le frère cadet de Bruno Peyron.

« Vingt mille lieues sous les mers »

C’est dans ce roman de Jules Verne que l’on rencontre le capitaine Nemo et son sous-marin Nautilus. Aujourd’hui, le Nautile est un sous-marin de poche habité de l’Ifremer, merveille de technologie qui aurait certainement comblé notre écrivain imaginatif. Cet engin a exploré les épaves du Titanic et du Prestige. Avec Ifremer, mais aussi la station biologique de Roscoff, l’IUEM, Cedre, SHOM, etc., le Finistère est le premier centre de recherche en sciences de la mer de France. Parmi les activités de l’Ifremer, l’exploration et l’exploitation des fonds océaniques et de leur biodiversité, n’auraient pas manqué de passionner Jules Verne (site de l’Ifremer).

« Je ne poursuis pas mon chemin, c’est mon chemin qui me poursuit », dit Ferguson, un des personnages de Cinq semaines en ballon. Ainsi aurait pu parler aussi Steve Fawcett. Son chemin s’est-il arrêté ? Ainsi parlent aussi beaucoup de marins, d’explorateurs en tous genres qui courent après les rêves conçus par le cerveau de Jules Verne.

N.B : Illustration : http://www.jules-verne.net/


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