Katyn, ou la mémoire renaissante

par blh
vendredi 1er mai 2009

Le dernier film d’Andrzej Wadja est sur les écrans français depuis le 1er avril. A voir absolument.

Fin 39, l’armée polonaise, prise entre les feux de l’armée allemande et celle de l’armée rouge, capitule. Suite au pacte de non belligérance Molotov-Ribentrop, les Rouges ayant envahi la Pologne, tous les officiers polonais sont livrés au NKVD soviétique qui les déporte de suite dans les régions de Katyn, Kharkov et Kalinine puis, au printemps 40, Staline donne en personne l’ordre d’exécuter 25700 d’entre eux. Ce sera Béria qui se chargera de ce petit travail. Cependant, entre 39 et 42, grâce à la collaboration active des nazis et des soviets, près de 1,6 millions de civils, l’élite de la Pologne, sont déportés dans les camps d’extermination bolchéviques où la plupart mourront. En 43, Hitler ayant envahi la Russie, les nazis mettent à jour le massacre de Katyn. Pour des raisons de propagande, évidentes sur le moment, la participation à ces crimes est soigneusement cachée. Grave erreur cependant, qui leur sera fatale dans la mise au clair de la vérité. En effet, dès la fin de la guerre, les soviets imputeront les charniers aux vaincus, accablant même certains accusés de Nuremberg. Si la forfaiture est dénoncée, la vérité reste cependant toujours au fond du puits sous la pression des britanniques et avec la bienveillance du nouveau gouvernement polonais... communiste. Inutile de dire que que la mémoire collective se devait d’être effacée puisque l’histoire avait été réécrite par les vainqueurs. La chasse aux sorcières a battu son plein, qui consistait a débusquer les survivants. La chape de plomb s’est enfin brisée.

Le film commence là.

Et ce n’est pas une histoire en images. En fait, tout le drame repose sur le visage d’une femme tenant une enfant par la main. Un cliché habituel, direz-vous ? Non, car tout le long de ce film, on assiste à la pesanteur du mensonge et de ses conséquences à travers le regard des femmes. Ce n’est pas la mise en images d’un massacre auquel Wadja aurait pu nous emmener, celui-ci ayant eu son père exécuté d’une balle dans la nuque près de Katyn, mais une œuvre magnifique où l’amour de ces femmes pour leur mari, leur amant, leurs enfants, où leur persévérance dans la recherche de cette tragique vérité en font d’elles des Antigones modernes, lumières d’une nuit de 70 ans . Les nombreux flash-back qui émaillent les recherches des uns et des autres servent de fil conducteur basé sur les cahiers tenus par un des prisonniers. La vérité apparaît peu à peu, comme un montage de Legos. Certaines scènes sont souvent insoutenables, qui montrent l’animalité de l’homme. On se prend à espérer à la sortie de ce film, à croire en la bonté retrouvée de l’être humain car on a compris ce qu’a enduré cette Pologne catholique, quelle a été sa résistance face au mensonge d’état officiel.

Les morts peuvent reposer en paix, l’Histoire est enfin de retour.

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