L’américaine Lulu.com aura-t-elle raison des pionniers québécois de l’édition en ligne ?

par Serge-André Guay
jeudi 1er mai 2008

La fondation littéraire Fleur de Lys, première maison d’édition québécoise en ligne sur Internet avec impression à la demande (un exemplaire à la fois à la demande expresse de chaque lecteur), connaît une baisse drastique de ses activités. La direction de la fondation explique cette baisse par la publicité gratuite dont profite la maison d’édition en ligne américaine Lulu.com au Québec.

Curieusement, c’est l’Union des écrivaines et des écrivains québécois (UNEQ) qui a lancé le bal par la parution d’un article, sous le titre Un nouveau mode d’édition, faisant l’éloge de l’américaine Lulu.com dans l’édition de septembre dernier de son bulletin. Pourtant, le président de l’UNEQ, Stanley Péan, exprimait publiquement sa crainte « que les compagnies étrangères pourraient finir par éditer électroniquement les livres québécois au détriment des éditeurs de chez nous. L’argent de l’achat irait ailleurs que dans l’industrie québécoise. Il faut sincèrement que le milieu commence à y réfléchir parce que le mouvement est amorcé et il est irréversible » (Journal de Montréal, 15 mars 2007). Il semble que cet appel de Stanley Péan à la réflexion soit tombé dans le vide, même au sein de l’UNEQ dont il assume la présidence, puisque le bulletin de l’Union a fait la promotion de l’une de ces maisons d’édition étrangères en ligne sur Internet dans un texte consacré en exclusivité à l’américaine Lulu.com ou, si vous préférez, sans aucune allusion aux initiatives québécoises.

Puis, dans son édition du samedi 12 et du dimanche 13 janvier 2008, le quotidien québécois Le Devoir publie lui aussi un article consacré en exclusivité à l’américaine Lulu.com sous le titre Se publier envers et contre tous, passant ainsi lui aussi sous silence les initiatives québécoises dans le domaine. Enfin, faut-il croire que Lulu.com est entrée dans les mœurs du quotidien Le Devoir puisque dans un nouvel article intitulé La Bibliothèque portable et publié dans l’édition du samedi 19 et du dimanche 20 avril 2008, on trouve une autre mention favorable à l’américaine Lulu.com : « Le livre a été publié sur Lulu.com, un site créé en 2002 qui permet aux auteurs de diffuser et de vendre leurs romans sur le Web tout en en gardant le contrôle éditorial et légal. »

La direction de la fondation littéraire Fleur de Lys se demandait pourquoi le nombre de manuscrits déposés à l’attention de son service d’édition en ligne était à la baisse depuis l’automne dernier. Ce sont les appels téléphoniques de quelques auteurs indignés par les articles parus dans le bulletin de l’UNEQ et dans Le Devoir qui ont mis la puce à l’oreille de la fondation. « On m’a parlé de Lulu.com puis j’ai lu votre critique de l’article du Devoir. Je trouve ça aberrant qu’on ne parle pas du travail formidable de la fondation » a expliqué l’un de ces auteurs.

La fondation littéraire Fleur de Lys est suffisamment inquiète pour se demander si elle survivra à cette offensive de l’américaine Lulu.com d’autant plus qu’elle profite implicitement de l’appui de l’UNEQ et du quotidien Le Devoir.

Serge-André Guay, président éditeur

Fondation littéraire Fleur de Lys

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