« L’Anniversaire » de Harold Pinter avec Lorànt Deutsch & Andréa Ferréol à la Comédie des Champs-Elysées
par Theothea.com
lundi 16 février 2009
Michel Fagadau a réuni une distribution fort prometteuse où Andréa Ferréol & Lorànt Deutsch en tête d’affiche laissent à penser que Jean-François Stevenin, Nicolas Vaude & Jacques Boudet vont faire une haie d’honneur à la nouvelle venue, Emilie Chesnais dont Patrick, son père est si fier de la voir intégrer "le métier" par la grande porte.
La disparition récente d’Harold Pinter ajoute à l’émotion de découvrir cette nouvelle adaptation française du directeur de la Comédie des Champs-Elysées dont la mise en scène semble se placer d’emblée sous le signe paradoxal de la parodie.
En effet, trois grands miroirs déformants vont constituer la structure du décor en masquant plus ou moins les coulisses, à la manière d’un immense paravent ajouré.
Place donc à l’anniversaire, celui de Stanley (Lorànt Deutsch), seul résidant permanent de cette pension de famille du bout du monde.
Meg (Andréa Ferréol) et Peter (Jacques Boudet) en sont les hôtes, assez désappointés de constater que leur client ne parvient pas à s’extraire d’un cycle maniaco-dépressif.
Cependant, là, où Meg perçoit une complaisance qu’il faudrait combattre, son mari serait plus volontiers adepte du non-interventionisme.
C’est alors que surviennent, pour passer la nuit, deux étrangers qui vont rapidement souhaiter participer aux festivités de l’anniversaire.
Passant d’une attitude dictatoriale à l’égard de Meg à un comportement de soumission progressive aux desiderata du duo Goldberg (Jean-François Stevenin) - MacCann (Nicolas Vaude), Stanley, lui, va être happé vers une prostration inéluctable dont Lulu (Emilie Chesnais), la voisine percevra les rouages de manipulation maléfique sans être en mesure de pouvoir intervenir.
Ce qui devrait prédominer dans cette pièce, c’est un sentiment diffus de menace d’autant plus pesante qu’il apparaît peu à peu que rien ne pourra arrêter la machine infernale.
Michel Fagadau a pris le parti de jouer l’équivoque, en laissant accessible, la multiplicité des points de vue envisageables.
Aussi, sa direction d’acteurs incite ceux-ci à rester dans le flou des personnages et à susciter ainsi une confusion relationnelle dont nul ne sort indemne, y compris les spectateurs qui, s’interrogeant en permanence sur le sentiment de vraisemblance, sont confortés par la présence déformante des trois miroirs censés justifier leur doute.
Reste que ce pari en abîme est fort osé de la part du metteur en scène, car il tend à rendre les comédiens éthérés jusqu’au point d’en risquer le caractère insipide.
Visuel affiche Photo © Pascalito
L’ANNIVERSAIRE - ** Theothea.com - de Harold Pinter- mise en scène : Michel Fagadau - avec Lorànt Deutsch, Andréa Ferréol, Jacques Boudet, Jean-François Stévenin, Nicolas Vaude & Emilie Chesnais - Comédie des Champs-Elysées -