L’art d’écrire une lettre

par Selmi
lundi 3 mars 2008

Rien ne remplace une lettre, le cœur, plus que la pensée, dicte les mots et ne saurait par conséquent être copié sur un modèle.

Rien ne semble plus difficile à certaines gens que de composer une lettre, quelque simple qu’en puisse être le sujet ; il leur paraît qu’ils doivent, lorsque leur pensée s’exprime par lettre, employer une forme compliquée, difficile et qui naturellement, les effraie.

Règle générale, on ne doit écrire que pour exprimer une pensée. La difficulté, c’est d’en trouver une...

Mais est -il donc si difficile de raconter ses faits et gestes, ses aventures et ses mésaventures, ses impressions et les mouvements de sa sensibilité ? Alors se présente la difficulté d’écrire. La formule d’une lettre est : il faut écrire comme on parle, pourvu qu’on parle bien et cela sans s’écouter parler.

Le moyen de bien écrire ? Connaître la grammaire et, lire les auteurs choisis.

Les lettres sont destinées à porter notre pensée, l’expression de notre volonté ou de nos sentiments, à ceux dont nous sommes éloignés : elles ne nous permettent pas de nous reprendre facilement comme dans la conversation : elle exige une première qualité, la clarté.

Les phrases devront s’enchaîner dans l’ordre le plus logique le plus direct ; les mots seront choisis avec soin pour exprimer ce que nous voulons faire dire. La simplicité est la seconde qualité d’une bonne lettre ; si un bon mot, une plaisanterie, un tour de phrase un peu cherchés passent agréablement dans la conversation, il n’en est pas de même dans la rédaction : ce qu’on lit seulement possède le charme que le lecteur est en train de trouver, car l’auteur n’est pas là pour ajouter le ton et le geste ; l’impression produite par les mêmes mots est souvent différente suivant que ceux-ci sont entendus ou lus.

Une lettre, ce n’est pas simplement l’expression d’idées sèches et froides.

Le cœur, plus que la pensée , dicte les mots : « il y aura demain un an que je ne vous ai vue, que je ne vous ai embrassée, que je ne vous ai entendue parler... » : Mme de Sévigné à sa fille. Ou comme : « Je suis malheureux, Monsieur, pour ne pouvoir vous marquer toute ma sensibilité autrement que par des vœux stériles ; mais les cœurs faits comme le vôtre sont plus aisés à contempler que le vulgaire, et l’amitié dont ils font le plus de cas n’est pas toujours la plus utile... » J.J.Rousseau à un ami à l’occasion du jour de l’an.... Ou Voltaire exprimant sa pensée : « je suis très fâché, Monsieur, que vous ayez connu comme moi le prix de la santé par les maladies. » En voici d’autres bien gaies :

« Mes compliments sur papier gris »(Musset) ; « Mes compliments au sirop de gomme » (Musset) ; « Mon cher gros chat, je baise mille fois vos pattes de velours » ; « Je me tais et je vous embrasse » (Voltaire).


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