L’Assassinat du projet Grand Paris Culturel et l’infamie gouvernementale

par Jade
samedi 15 février 2014

Le matin du jeudi 26 décembre 2013, Attilio Maggiulli, au volant de sa voiture, fonce à vive allure contre les grilles de l’Elysée. Le directeur du Théâtre de la Comédie italienne, désespéré, voulait protester contre la baisse de subventions du Ministère de la Culture. 

Un État tyrannique, la culture torturée

Il faut dire que les coupes budgétaires ont été sanglantes. Avec 120 millions d’euros sacrifiés, la liste des martyrs est longue. Le projet de la maison de l’Histoire de France est vite passé aux oubliettes. La création du musée de la photographie a subi le même sort. Le centre des réserves de Cergy prévu pour protéger les œuvres des musées parisiens menacées par la montée des eaux de la Seine, jugé « Non urgence patrimoniale » a été enterré. Que dire de la mise à mort du Centre National de la Musique et du projet Lascaux 4 ? 

Si les institutions qui jouissent d’un rayonnement international, (Opéra de Paris, Louvre, Musée d’Orsay etc…) doivent se résigner à la baisse de 2,5% des aides allouées, ce sont les compagnies de plus faible envergure qui sont en danger. Dépendantes du subside étatique, elles sont aujourd’hui à genoux avec le couteau sous la gorge.

De fait, les crédits offerts au patrimoine monumental seront diminués de 15 %, ceux alloués à l’enrichissement des collections publiques seront réduits de moitié. L’action culturelle internationale perd 30% et le soutien aux établissements spécialisés 25 %. Sans oublier que le budget consacré à la création est amputé de 12 millions d’euros. 

 

Un massacre nécessaire ?

Souvenons nous des belles promesses de monsieur le président « la culture au cœur de l’engagement présidentiel » nous chantait-il. Mais quel était son engagement à ce sujet ? Il fut unique mais saisissant « Je lancerai un plan national d’éducation artistique. Je soutiendrai la création et la diffusion qui sont le levier de l’accès de tous à la culture. J’établirai entre l’État et les collectivités locales des contrats visant à doter le territoire d’un maillage culturel mieux coordonné et plus efficace. Je ferai voter une loi d’orientation sur le spectacle vivant et je reprendrai le chantier du Centre national de la musique, pour en faire un outil au service de la diversité culturelle » .

C’est donc pour ces nobles raisons que le budget ridicule consacré à la culture représentant 1 % du budget national se voit encore diminué de 3 %...

Pourtant, selon l’étude « L’apport de la culture à l’économie en France » la culture est un secteur stratégique de l’économie française puisqu’elle génère 104,5 milliards d’euros, soit 3,2 % de la richesse nationale. Elle est à l’origine de 670 000 emplois culturels. Elle rapporte plus du triple de son investissement, mais la Gauche s’entête au sabotage intellectuel en la liquidant. 

On le concède, durant une période de crise, restriction budgétaire oblige. Dans ce cas, pourquoi ne pas réduire le budget de la Défense qui représente 10,2 % du budget national ? Peut-être parce-que nos politiques préfèrent dépenser des millions d’euros en envoyant des troupes armées à l’étranger afin de soi-disant régler des conflits meurtriers. Par ailleurs, si les caisses sont vides, au nom de quoi les crédits alloués aux services centraux du ministère de la Culture ont-ils été augmentés ? Comment justifier que la bureaucratie ait bénéficié de 11 millions d’euros supplémentaires  ? Quand Aurélie Filippeti, la ministre de la Culture, déclare que « La culture a plus participé que les autres ministères à l'effort de réduction des dépenses publiques », on rit jaune. Si « participer à la réduction des dépenses publiques » c’est préserver l’administration au détriment de la culture, que dire sinon Chapeau bas au projet « Grand Paris Culturel » ! On applaudit.

 

Une gouvernance mortifère

Déjà que le budget consacré à la culture est maigre, il est affligent de savoir qu’en plus, il est mal géré. La Cour des comptes a récemment exigé un rapport à Aurélie Filippeti concernant la gestion administrative défaillante et les expositions déficitaires de l’École des beaux-arts. Elle estime que « Le prestige indéniable dont jouit l'école n'est désormais plus incontesté ». Un avis extensible à l’ensemble de la culture française.

Le rayonnement culturel français a en effet perdu de sa superbe, et sur scène il ne reste que de grotesques et sinistres ministres passés maître dans l’art de la bouffonnerie en condamnant les derniers résistants de la culture à l’échafaud. Si le gouvernement s’appliquait à transcender la culture française avec la même véhémence employée pour l’abattre, peut-être retrouverait-elle son prestige d’antan. 

Louables sont les efforts de Filippeti, qui essaye de nous faire croire aux projets du ministère. Le lancement de la « Belle saison » où « 100 % des enfants devront pouvoir bénéficier de l'éducation artistique et culturelle  », nous laisse interrogateur. Peut-être s’imagine t-elle y parvenir en réduisant de 25 % les crédits alloués aux conservatoires nationaux ?

En signe de protestation, des marches oeuvrent pour la résistance. À Saint-Denis, sur l’île de la Réunion, les artistes ont manifesté pour ne pas être oubliés. Le budget n’y a pas été augmenté depuis 1981. À Paris, c’est le même combat. Pourtant, il faudra que plus d’efforts soient prodigués pour faire entendre l’écho des voix étouffées par un gouvernement anti culturel.


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