« L’avocat à abattre » de Me Karim Achoui bientôt au cinéma

par Allain Jules
mardi 24 mars 2009

Cet homme est un miraculé. Après les barreaux, puisqu’il ne peut pas, actuellement, exercer son métier, il se mit à la littérature, avec le succès qu’on sait. Son best-seller, « L’avocat à abattre », l’opuscule qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive l’année dernière est publié aux éditions Le Cherche-Midi. Il ne pouvait pas s’arrêter en si bon chemin. Voici venu maintenant, le temps du cinéma pour le pénaliste flamboyant, digne héritier d’un maître Vergès, Me Karim Achoui.

Condamné à 7 ans de prison sans preuves tangibles, ce fan de jazz, tout particulièrement du chanteur et danseur africain-américain, Cab Calloway, victime de certains chroniqueurs jaloux voire véreux dont je tais les noms, l’avocat fut incarcéré 50 jours durant, à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine (9-2) à Nanterre. Entre grève de la faim et bataille juridique, soutien appuyé de 400 personnes, des libres-penseurs, des écrivains, des citoyens et des juristes confondus, ses avocats avaient obtenu qu’il attende comme tout justiciable lambda, son procès en appel, en étant un homme libre, "imazighen" comme on dit en Kabylie. Cette liberté-là, l’avocat, la met en mouvement perpétuel.

Loin des fla-flas et du vent, une fois sorti, il n’a pas chômé. Pas de vasouille donc. Plein de projets dans la tête, il veut rattraper le temps perdu et a pris conscience des souffrances que vivent les prisonniers, pire, ceux qui ont injustement incarcérés. Ainsi, une fois qu’il retrouva le vent de la liberté, avec la hargne qu’on lui connaît, il a décidé de lancer une fondation contre les injustices. Vaste programme s’il en est, lorsqu’on sait très bien le rôle obscur des associations subventionnées par l’Etat et qui voient habituellement leurs responsables, postuler pour des strapontins politiques, ou se faire de somptueux revenus.

Sans tambour ni clochettes, l’homme s’est donc mis au travail. La Fondation contre les injustices est née et, la machine est déjà en branle. Dans son appel solennel, il s’est exprimé en ces termes : « Cette fondation aura pour objet d’apporter une aide juridique, financière et une écoute attentive aux femmes et aux hommes condamnés sans preuves matérielles dans nos prisons françaises. » Ajoutant : « Je lance un appel aux avocats, aux étudiants en droit et à celles et ceux qui veulent contribuer au succès de cette fondation. » La fondation a déjà un dossier épineux qu’elle gère, un dossier ubuesque, celui du jeune français, Khalid Naji, emprisonné depuis le 9 décembre 2008, pour 8 ans ferme, à la maison d’arrêt de Dijon, pour un… « viol présumé entre époux ». « Viol présumé. », vous avez bien lu, et n’avez pas la berlue. En revanche, je n’ai pas le résultat de sa grève de la fin et le résultat de sa demande remise en liberté lorsque je boucle ce petit billet.

Le cinéma fait donc les yeux doux à ce brillant avocat d’origine kabyle qui a marqué
les esprits de la France entière. Les droits du livre, « L’avocat à abattre », ont été rachetés par le producteur à succès, Patrick Godeau. Il est connu entre autres pour ses flamboyants, « L’ivresse du pouvoir » comédie dramatique sortie en 2006 qu’avait réalisé Claude Chabrol avec une distribution prestigieuse, Isabelle Huppert, François Berléand et autre Patrick Bruel, ou encore la comédie « Camping », la même année toujours, comédie goupillée de main de maître par Fabien Onteniente, avec Franck Dubosc, Gerard Lanvin et Mathilde Seigner.

La distribution risque d’être difficile, après que le sulfureux Samy Naceri qui pouvait tenir le rôle phare de Maître Achoui, se soit à nouveau perdu. A moins que l’avocat ne joue son propre rôle. Là, je ne crois pas, il a mieux à faire. Sans doute, ce film, ne sortira pas des fonts baptismaux de la platitude ambiante et restera fidèle au livre que j’avais lu avec délectation, d’une traite, partagé entre les oripeaux de certains personnages, hors du livre s’entend, qui trouvaient indécents que l’avocat soit toujours bien mis, et ce livre vivant. Un bon film d’action en perspective.

>>>Allain Jules


 

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