« L’école des femmes » en presqu’ île de la Comédie Française
par Theothea.com
vendredi 2 décembre 2011
Jacques Lassalle est de retour à la Comédie Française alors que celle-ci est sur le point d’émigrer, durant la saison en cours, de la salle Richelieu vers une diaspora parisienne dont le centre restera la salle éphémère installée dans les jardins du Palais Royal.
Ainsi, l’ex-administrateur, remercié de manière cavalière au cours de la dernière décennie du XXème siècle, a-t-il pu savourer cette opportunité de mise en scène pour une ultime création, avant travaux de mise aux normes techniques de la Maison de Molière, en acceptant d’être l’hôte privilégié de Murie Mayette, elle-même à l’aube d’un second mandat prometteur.
Si jadis, au Conservatoire, Isabelle Adjani avait su gagner sa notoriété et dans la foulée, son entrée prestigieuse à la Comédie Française, en une seule réplique de « L’école des femmes », Julie-Marie Parmentier, aujourd’hui, ne pourrait guère faire de « Le petit chat est mort », la pierre angulaire de sa propre interprétation du rôle d’Agnès.
En effet, sous la direction de Jacques Lassalle, la liberté d’aimer au féminin allait être l’occasion d’un apprentissage plein d’embûches et de chausse trappe qu’il faudrait contourner et dépasser, sans pouvoir, à terme, maintenir les délices de la candeur originelle.
Cependant si, en fin d’école, le grand amour ne triomphait pas avec splendeur, un véritable aboutissement d’autonomie des sentiments permettrait, tout au moins, à chacun des trois protagonistes concernés de prendre conscience de leur aveuglement respectif.
Pour effectuer, cette démarche initiatique, Jacques Lassalle a imaginé la possibilité d’une île, et en a jeté le pont, ou plus précisément la navette, entre ce lieu d’exclusion et le reste du monde.
Ainsi, Arnolphe (Thierry Hancisse), en maître du logis hors d’atteinte des rivaux potentiels, pourrait-il surprotéger la jeune enfant qu’il avait recueilli, en bas âge, avec l’intention chevillée d’en faire son épouse, à sa majorité.
Toutefois, en empêcheur de tourner en rond avec les émois amoureux, Horace (Jérémy Lopez) viendrait perturber ce bel ordonnancement, en franchissant ce système défensif ingénieux, structuré par Molière et donc renforcé par Lassalle.
Au demeurant, le spectateur assisterait à l’effondrement progressif des niveaux successifs de cette ligne Maginot, version libido contrariée, alors même que la stratégie des confidences provoquées serait battue en brèche par celui qui croyait pouvoir les exploiter.
Si, au jeu du dépit amoureux, chacun ressortirait plus ou moins perdant, le metteur en scène aurait bien servi l’auteur, en permettant à ses antihéros de grandir dans une véritable confrontation entre réalité et illusion… de la passion amoureuse.
photo © Cosimo Mirco Magliocca
L'ECOLE DES FEMMES - ***. Theothea.com - de Molière - mise en scène : Jacques Lassalle - avec Simon Eine, Thierry Hancisse, Céline Samie, Pierre Louis-Calixte, Gilles David, Julie-Marie Parmentier & Jérémy Lopez - Comédie Française