« L’importance d’être Constant », d’Oscar Wilde, au Théâtre Hébertot
par Theothea.com
mercredi 20 septembre 2006
Quand deux jeunes amis aristocrates, l’un fortuné, l’autre pas, l’un dandy londonien, l’autre gentleman de province, tous deux empêtrés dans le poids des convenances à respecter, vont céder à la tentation de s’inventer une raison impérieuse afin de rencontrer leur future épouse respective, Jack et Algernon devraient se sentir solidaires dans leur affabulation salvatrice.
Et pourtant c’est bel et bien la rivalité qui va les opposer dans leurs démarches concomitantes, comme s’ils essayaient de conquérir la même dame.
Cependant, au coeur du quiproquo, c’est la similitude du stratagème d’identité qui va s’inviter sur le terrain des hostilités amoureuses, en les présentant respectivement comme le frère d’un certain Constant, prénom délicieusement équivoque qui a le mérite de pâmer immédiatement les deux jeunes femmes, Gwendolen (Gwendoline Hamon) et Cecily (Marie-Julie Baup).
En effet « earnest » or not « Ernest », telle sera la question sous-jacente en langue anglaise originale renvoyant à une double signification implicite et paradoxale, « sincère » et « menteur de fait » tout à la fois.
Se prenant la ruse malhabile en boomerang, c’est d’abord la dualité outrée des prétendantes au seul « Constant » de leur coeur qu’il va leur falloir affronter, mais c’est surtout le véto de Lady Bracknell, une tante gardienne jusqu’au-boutiste des règles de bienséance qu’ils auront à défier tous ensemble... découvrant fort opportunément à la fin la chance fraternelle d’être bien né « Constant » !...
Si Frédéric Dieffenthal entre de plein-pied dans l’imposture mystificatrice de Jack, Lorànt Deutsch semble plus appliqué aux entournures mondaines, restant en deçà de toute mythomanie flamboyante.
Dans un décor affriolant et lumineux de Pace, la distribution de Pierre Laville s’avère équilibrée et cohérente, tout en ne déléguant les authentiques accents de délire sous contrôle qu’à Macha Méril, dont le savoir-faire tient à distance les rênes de cette ultime et subtile comédie d’Oscar Wilde.
Photo DR. Gilles Bureau
L’IMPORTANCE DÊTRE CONSTANT - ** Theothea.com - d’ Oscar Wilde - mise en scène : Pierre Laville - avec Gwendoline Hamon, Frédéric Dieffenthal, Laurent Deutsch, Macha Méril... - Théâtre Antoine