« La Confession du mulâtre » : métissage, marginalité et chanson française...

par Avoriaz
jeudi 27 septembre 2007

... Jann Halexander chante depuis 4 ans, à l’occasion de son retour sur scène le 28 septembre au Sentier des Halles et le 29 septembre au théâtre Darius Milhaud, à Paris, retour sur son maxi « La Confession du mulâtre », avec une analyse par le critique littéraire Emmanuel Smaïl (publiée avec son autorisation).

J’attends d’un musicien qu’il me fasse pénétrer dans un univers, qu’il me propose une vision de l’existence. Ses mots et ses compositions musicales doivent me transporter et me faire plonger, d’un titre à l’autre, dans un monde particulier. Ce court album de Jann Halexander révèle un véritable conteur d’histoire qui a su insuffler une âme à chacun de ses textes. Du fantaisiste Déclaration d’amour à un vampire à des titres noirs et violents comme J’aimerais, j’aimerais, L’Idylle atroce, Jann Halexander explore les sombres recoins de l’être humain.

Dans J’aimerais, j’aimerais, il traite de la pathétique relation entre un député vendéen et un jeune homme. Il dépeint la réalité des passions humaines qui se cachent derrière les conventions sociales et, à la manière d’un Chabrol, il révèle l’hypocrisie qui règne dans ce monde rural. J’aimerais, J’aimerais chante la folie et la souffrance qui rongent les individus vivant des passions contrariées. Halexander ne craint pas les sujets graves et périlleux et aborde d’une façon habile la question de l’inceste dans L’Idylle atroce. Il laisse apparaître dans Déclaration d’amour à un vampire un goût pour l’étrange, la fantaisie et livre du même coup le titre le plus léger de ce maxi.

Loin des conventions musicales de notre époque, il mise sur la simplicité d’un piano pour habiller ses textes acides ou mélancoliques. Dans La Confession d’un mulâtre, Halexander exploite tout le potentiel de cet instrument et apparaît comme un descendant lointain de Léo Ferré. On perçoit chez ces deux fortes têtes des influences musicales communes (la musique classique, Erik Satie...) mais surtout dans l’emploi du piano et dans la manière de prolonger le texte par une atmosphère musicale. Comment ne pas penser également à Ferré dans sa façon de cracher, de chanter ou de murmurer les mots. En effet, Halexander met en scène ses textes. Il les habite. Son interprétation laisse transparaître la colère, l’hypocrisie, la tristesse, le rire...

Jann Halexander célèbre la singularité, qu’elle soit liée à la sexualité, la couleur de peau mais aussi aux névroses ou à l’amour. A travers ces sept titres, il se moque, crie, observe, s’agace des moeurs et des misères de notre époque. La noirceur des thèmes abordés dans ces chansons n’ empêche pas que ce disque soit traversé par un humour corrosif . Une manière de prendre de la distance avec ces sujets. A l’écoute de La confession d’un mulâtre, on y découvre un auteur compositeur interprète drôle et désespéré, qui à chaque album, gagne en assurance et en talent.

Emmanuel Smaïl

Critique publiée avec l’autorisation d’Emmanuel Smaïl, (contact : smail1@no-log.org ) source : www.myspace.com/jannhalexander. L’album La Confession du mulâtre est à ce jour épuisé, mais une intégrale en édition limitée 2003-2007 vient de paraître.


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