La culture, une parenthèse ?
par Pelletier Jean
vendredi 24 janvier 2014
Les liens entre les acteurs de la création et la gauche sont anciens et forts. On le voit à chaque élection, présidentielle, les artistes sont majoritairement engagés aux côtés du candidat de la gauche. François Hollande en 2012 en a largement profité. Il semble que l’heure des comptes sonne déjà, après 1 an et demi et l’annonce du budget 2014, théoriquement entièrement maitrisé par les socialistes.
L’occasion a été donné aux syndicats, en particulier, à l’occasion des BIS (Biennales internationales du spectacle) de Nantes de rappeler face à la ministre Aurélie Filippetti les engagements pris par le candidat Hollande, désormais président et disposant d’une large majorité au Parlement. C’est une « marche pour la culture », à laquelle, appellent un nombre important d’organisations. C’est donc sur le ton modéré de l’interpellation que se joue désormais la relation entre les acteurs de la création et les pouvoirs publics. Ce sera le 10 février 2014 que commencera cette marche à Toulouse, Bordeaux, Paris, Lyon, Metz, Rennes, Nantes, Montpellier et Lille.
Les mots d’ordre sont particulièrement explicites, même s’ils se formulent sur le ton d’une complicité et d’un lien encore existant, ils expriment la montée d’une certaine colère qu’il faudra savoir entendre.
- « Je marche pour les mots oubliés de François Hollande en 2012 »
- « la culture n’est pas un luxe dont on peut se débarrasser en période de disette… La culture, c’est l’avenir” »,
- « je marche pour qu’une ambition s’exprime pour la culture »,
- « je marche pour la démocratie et la diversité culturelles, je marche pour la cohésion sociale »,
- « je marche parce que je revendique un régime juste et mutualiste pour les salariés intermittents du spectacle à l’occasion de la négociation assurance-chômage »
C’est la fédération des syndicats CGT (Confédération Générale du Travail) du spectacle qui s’est mise à la manœuvre, accompagnée de la CGT Culture, le Profedim (Syndicat professionnel des producteurs, festivals, ensembles, diffuseurs indépendants de musique), la CPDO (Chambre professionnelle des directeurs d’opéra), la CFE-CGC (Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres) Spectacle, le Cipac (fédération des professionnels de l’art contemporain) et la F3C-CFDT (Fédération Communication Conseil Culture-Confédération française démocratique du travail).
Cette colère s’est manifestée un peu bruyamment à Nantes où une cinquantaine d’artistes et techniciens du spectacle sont carrément montés sur scène, en l’envahissant, juste à la fin du discours d’Aurélie Filippetti.
Ils ont rappelé que c’est ici même, aux BIS de Nantes que François Hollande en 2012 a formulé ses encouragements envers la culture. L’action programmée a pour but d’obtenir plus de crédits pour le Ministère qui se voit aujourd’hui amputé. Les risques ? La disparition de certains services des DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), l’existence de certaines compagnies, la tension sociale monte progressivement… L’amputation actuelle du budget de la culture représente au niveau de l’état qu’une vingtaine de kilomètres d’autoroute.
Alors ? Le candidat Hollande avait promis de sanctuariser le budget du Ministère de la culture, dans le cadre de la réduction des dépenses publiques. Ne respectant pas cet engagement, Il met en difficulté Aurélie Filippetti, la première ministre de la culture qui se voit en situation de gérer un budget en diminution depuis des dizaines d’années.
Alors, un petit effort Monsieur le Président de la République, inspirez-vous de votre illustre prédécesseur François Mitterrand, qui doit, croyez-moi, se retourner dans sa tombe.