La malédiction des Dominique
par Voris : compte fermé
lundi 27 avril 2009
Une malédiction semble poursuivre les personnes célèbres se prénommant Dominique. On se souvient de la lamentable histoire qui entacha la réputation de Dominique Baudis. Puis ce fut le tour de Dominique Strauss Kahn en 2008 de défrayer la chronique des moeurs. Ces jours-ci, c’est Dominique de Villepin qui s’y colle en évoquant son aventure de jeunesse avec Ségolène Royal. La Malédiction entonne la célèbre ritournelle de Soeur Sourire, l’auteure et l’interprète dans les années 60 de "Dominique ni que nique".
Il se trouve que le film retraçant sa fascinante existence est en effet à l’affiche mercredi prochain. En attendant de découvrir sa vie sur grand écran, vous devrez vous contentez des frasques d’une autre religieuse : "soeurThérèse.com" sur TF1 jouée par Lavanant. Encore une Dominique : gare à la malédiction !
Saviez-vous que Soeur Sourire qui fit le top des hits-parade, devant Elvis Presley et les Beatles, s’il-vous-plaît, avec son tube "Dominique ni que nique", ne toucha pas les droits d’auteur ? Saviez-vous qu’elle se suicida en partie à cause de ses problèmes d’argent et que le lendemain même de son acte irréparable, le Fisc belge lui reversait une somme d’argent considérable qui l’aurait contentée jusqu’à la fin de ses jours ? Si ce n’est pas une malédiction ça !
Soeur Sourire était pour l’état-civil Jeanine Deckers est née à Bruxelles le 17 octobre 1933. Fuyant l’autorité de sa mère, elle se réfugie au couvent de Waterloo. Mais ce n’est pas un signe de défaite pour une belge, la source de la malédiction est ailleurs...
Jeanine conquiert très vite le coeur de ses consoeurs avec ses compositions musicales. Tant et si bien que sa hiérarchie décide de sortir un disque. Mais Jeanine qui signera sous le nom d’emprunt de Soeur Sourire devra renoncer à tous les gains en raison de ses vœux de pauvreté et d’obéissance. Elle ne devra figurer sur aucune pochette de disque et son vrai nom ne sera pas révélé. En revanche, le producteur et le couvent se partageront tous les profits. Or, il se trouve que la chanson Dominique (dédiée à Dominique de Guzmán, fondateur de l’ordre dominicain dont fait partie Jeanine), remportera un succès mondial et fera pleuvoir les millions !
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. Pour le fisc belge, c’est Jeanine qui est supposée bénéficiaire des gains. Les services fiscaux belges lui réclameront sans faillir les sommes dues sur les bénéfices prétendument perçus et ce malgré ses protestations. Les autorités religieuses, que Jeanine appelle à son secours, feront aussi la sourde oreille. Il faut dire que son couvent et les œuvres auxquelles elle a laissé l’essentiel des revenus de ses premiers disques ne lui ont pas signé de reçu !
Accablée par toutes les institutions, Jeanine et sa compagne, Annie Pécher, sombrent dans la dépression et l’alcool et finissent par se suicider ensemble le 29 mars 1985..
Le fisc, qui aura, poursuivit de son zèle imbécile, comme aurait dit Brassens, la pauvre femme, ne lui rendra justice qu’au lendemain de son trépas, lui versant une somme considérable qui eut suffi à assurer sa subsistance jusqu’à la fin de ses jours.
Mais qu’avait donc fait cette jeune femme qui chantait :
" Dominique-nique-nique s’en allait tout simplement,
Routier pauvre et chantant.
En tous chemins, en tous lieux, il ne parl’que du Bon Dieu,
Il ne parl’que du Bon Dieu." ?
Certes, elle composa et chanta "La Pilule d’or", en 1967, qui est une ode à la contraception mais sous le coup de l’interdiction de reprendre le nom de Soeur Sourire. Certes, elle s’en prit aussi à l’Église catholique et au conservatisme avec "Les con-conservateurs". Mais ce n’était là qu’oeuvres d’artistes comme les Flamande de Jacques Brel. Certes, elle était homosexuelle - même si elle refuse à l’époque de se considérer comme telle - mais comme Colette avant elle. Mais un tel acharnement à détruire une personne humaine et une artiste se justifait-il ?
Aujourd’hui, le film biographique de Stijn Coninx (sortie prévue le 29 avril 2009) retrace la vie de cette femme exceptionnelle et tellement humaine. C’est Cécile de France qui incarne la religieuse dans "Sœur Sourire" sur un scénario de Chris Vander Stappen et Stijn Coninx.
Espérons que le film sera une bénédiction !
La video de la chanson sur Dailymotion
Bande-annonce du film
Photos de la vraie Soeur Sourire