« La patrie est lą oł l’on vit heureux » !

par CHALOT
lundi 11 juillet 2011

La patrie est là où l'on vit heureux » !

Voici là des paroles fortes de Voltaire

Ils essayent de quitter l'Afrique parce que leur vie est menacée et que les régimes corrompus qui règnent là bas ne leur offrent que le sang et les larmes.

Beaucoup n'arrivent pas à atteindre le sol européen...Ceux qui sont morts durant une traversée de fortune et les rescapés sont les victimes des passeurs sans vergogne.. ces derniers profitent de la misère et de la peur engendrée par la chasse à l'immigration irrégulière.

Cette machine infernale alimentée par tous les profiteurs « fabrique des morts vivants errant autour des zones portuaires de toute l'Europe »

Peut on ouvrir largement nos frontières à toute la misère du monde qui cherche désespérément une solution ?

Poser la question c'est y répondre ! Certes, mais ne doit-on pas accueillir dignement toutes celles et tous ceux qui sont là , souvent depuis plusieurs mois et même plusieurs années ?

La question de la régularisation de ces sans papier ne se pose t-elle pas avec acuité !?

Des livres comme celui, magnifique, de Bruno Moutard relatent la vie de ces sans rien venus d'ailleurs qui ne demandent qu'un peu d'humanité .

« Kimya »

roman de Bruno Moutard

éditions l'àpart

pages 339

20 €

mars 2011

L'improbable rencontre

L'une est africaine, rescapée de la guerre fratricide et ethnique qui ravage cette région sud est du Zaïre, l'autre est un enfant né dans la soie à des milliers de kilomètres de là...

Kimya a appris à faire la morte afin de préserver sa vie, François s'est reconstruit pour échapper à des parents qui n'ont pas su l'aimer...

L'une et l'autre trouvent sur leur passage un tuteur de résilience qui leur permet d'échapper à la mort, à l'esclavage ou à l'enfermement dans une misère affective supposée.

Le hasard qui fait parfois des miracles leur fait profiter du même apport éducatif, il est vrai que les deux enseignantes sont liées , toutes les deux donnant du sens aux apprentissages :

« Le savoir est un train de marchandises. On accroche des wagons aux wagons. Le sens... , c'est le système d' accroche. Pas de sens, pas d'attache, pas de mémorisation. »

Quel est l'Homme honnête qui pourrait condamner ou réprouver le « choix » fait par ces femmes et ces hommes d'essayer de sauver leur vie, de quitter ce pays où leur destinée reste la misère ou la mort.

Kimya et ses frères avec un courage extraordinaire vont se lancer dans l'aventure dangereuse d'un départ clandestin vers un continent qui certes n'est pas l'eldorado mais une frêle planche de salut, la seule qui reste à leur disposition.

Beaucoup périssent en route....Ils le savent au moment du départ avant de se livrer à des passeurs qui les conduisent à l'impasse mais « quand on n'a plus rien, mourir est une formalité. Oui, une simple formalité. » !?

Avec une plume alerte mais dans un style imagé et très soigné, l'auteur nous fait découvrir une énergie peu commune forgée dans la misère et ceux qui ne comprennent pas ou qui ne veulent pas comprendre les « raisons qui poussent ces gens à l'exil dans des camps plus sordides que les porcheries de chez nous ? »

Kimia est perdue et François se cherche, arriveront-ils à trouver la paix et le bonheur ?

L'improbable rencontre ces deux jeunes adolescents va s'opérer et il faudra attendre le 43 ème chapitre et ensuite l'épilogue pour savoir si l'affection et l'humanité vont pouvoir faire reculer la bêtise et le rejet de l'autre, du sans papier....
 

C'est un livre superbe !

 

Jean-François Chalot


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