La plančte des singes : c’est de la bombe !

par Ariane Walter
lundi 15 août 2011

Voilà un film que j'interdirais illico si j'étais le NWO.

Ils ont été distraits sur ce coup.

Ils ont dû se dire : "Ah ! Oui ! OK ! Une nouvelle version de cette histoire de singe. (« The rise of the planet of the apes ». De Rupert Wyatt. Sortie le 10 août.) On peut faire du fric avec ça. GO. " Parce qu'à Hollywood, à mon avis, ou tu leur amènes des pépètes en étant politiquement correct, ou tu vas jouer dans le caniveau de ta rue. Hollywood a toujours été la sainte Mecque d'une sainte Alliance, pouvoir et mafia, et actuellement, par ces temps qui brûlent, celui qui n'est pas de leur chapelle finit en crêpe comme Icare. (Beaucoup de projets, en ce moment, supprimés. Simple question d’argent ?)

A ce sujet "Mulholland drive" est le chef-d’œuvre qui décrit l’ ambiance mortifère de ces lieux de pouvoir. Hollywood, rêves et réalités !

Mais revenons à nos singes. 

A la lecture, le scénario a de petits airs classiques. Encore cette histoire de savants fous qui finissent par tuer l'humanité avec leurs expériences branquignoles et juteuses. (On finira par y arriver !) L'histoire inventée par Pierre Boulle, chapeau quand même, cocorico !, a donné lieu à toute une série de séries et de films série B, le premier étant le moins mauvais. Tim Burton, s'est planté en beauté sur le sujet, mais malheureusement qui a vu « Sweeney Todd » et "Alice in Wonderland" sait que ce genre d'erreur lui arrive plus souvent qu'à son tour.

Je suis allée voir ce film sans grand enthousiasme, pensant simplement me distraire et là, wouah !, la divine surprise !

La première qualité de ce film, qui pourrait être son défaut, est la simplicité du scénario et des personnages. C'est une histoire simple avec un héros simplement humain, superbement interprété par James Franco. On est tout de suite en empathie avec ce mec. C'est comme ça les bons films. On est cueilli dès les premières images. On n'a pas le temps de se demander pourquoi. Il a des problèmes comme tout le monde. Il faut qu'il se batte. Il est explosé par les aléas de la vie, il continue. On le suit, accroché à lui.

La seconde qualité de ce film est son rythme. Un début époustouflant dont la promptitude surprend. Ce qui arrive au début, on l'attendait plus tard et quelle giclée on prend, quelle énergie, quelle émotion !

La troisième qualité est la musique. Elle a le chic pour nous prendre au ventre, nous irriguer de révolte, nous basculer dans cette injustice qui nous ronge quand s’éveille la colère chez ces singes qui sont nos alter-ego.

La quatrième qualité est le travail remarquable des studios Weta Digital de Peter Jackson. Ce sont eux qui, depuis le Gollum du Seigneur des anneaux, donnent âme aux créatures et aux animaux. C'est d'ailleurs Andy Serkis, qui avait "animé » le Gollum puis King Kong, que l'on retrouve dans "César", le héros de l'histoire. Mais il n'est pas le seul, le scénario donnant vie à d'autres singes qui n'en sont pas moins étranges et familiers. Ah ! Le regard de "Beaux yeux", la mélancolie de ses pupilles zébrées des guirlandes de l’intelligence et de la folie, si semblables à notre tristesse face aux injustices qui nous labourent tous les jours. Lui aussi, il les vit…

La quatrième qualité de ce film est d'être tout simplement humain. Ce sont les singes, bien sûr, qui sont les héritiers de notre humanité explosée. C'est à eux que nous nous identifions.

Combien de fois leurs prisons, leurs humiliations, leur perte d'un paradis perdu, leurs révoltes vaines, sont les nôtres. Combien de fois, à travers eux, nous buvons l’amertume ce monde fou, absurde, de cette saloperie de monde qui nous est imposé par un commerce amoral. Ne sommes-nous pas prisonniers dans un laboratoire à ciel ouvert ? Victimes d'expériences que nous ne connaissons même pas ? Dans une nouvelle forme de fascisme qui saigne la morale universelle pour tout offrir à un seul clan ? Combien de fois sentons-nous, à travers le regard de ces singes, une générosité, je dirai biblique, tant cette vertu n'est plus de ce temps.

Je ferai ici une petite parenthèse qui explique pourquoi ce film est un bon film et non un grand film. Quelques personnages caricaturaux. Ce n'est pas la peine. Une baisse de rythme entre le début et la fin qui sont époustouflants. Difficile de tenir tout le temps. Mais tel est le rôle du créateur qui doit bien commencer, bien continuer et bien finir. Qui réussit ? Pas même Dieu qui commence bien et traîne ensuite dans des épisodes sans queue ni tête. Pas même Shakespeare dans « Hamlet » dont le dernier acte lambine. Mais c'est une parenthèse.

Parlons donc de la fin qui rejoint la course de "Ben Hur" sur l'autel des morceaux éternels du cinéma.

Elle dure vingt minutes. Certains trouvent que c’est trop court. Personnellement vingt minutes de passion à fleur de peau, je trouve cela bien dosé. Pas la peine d’y passer la nuit. Vingt minutes d'une intensité prodigieuse portée par cette musique qui donne alors sa pleine mesure. Je ne peux en dire plus pour ne pas vous gâcher la surprise. Ni où, ni pourquoi, ni comment.

C'est une révolte qui nous excite et nous hérisse. On retrouve les explosions de vitre de « Fight club », la jubilation qui faisait hurler mes élèves quand je les avais amené voir "Z" de Costa-Gavras", l'injustice enfin balayée, les pouvoirs noirs liquéfiés, tout ce dont nous rêvons et qui prend corps sous nos yeux et palpite en nous jusqu’à la dernière envolée.

 

Oui, c'est un film à faire des graines de petits Spartacus.

Et si j'étais le NWO, je m'en méfierai.

D'ailleurs, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais notre grande presse reste modérée. C'est sûr, quand tu es payé par de tels patrons, tu ne peux pas dire que c'est un film qui te met le feu et te souffle à l’oreille : "A l'assaut ! Révolution !" car leurs bâtiments seraient les premiers à tomber !

 

Pour vous faire ressentir ce que j’ai éprouvé en voyant ce film, je vous offre le discours de Peter Oborne, l'éditorialiste politique du Telegraph, au sujet des émeutes de Grande-Bretagne.

« La criminalité dans nos rues ne peut pas être dissociée de la désintégration morale des plus hauts rangs de la société moderne britannique. Les deux dernières décades ont vu un déclin terrifiant des standards au sein de l'élite gouvernante. Il est devenu acceptable pour nos politiciens de mentir et de tricher. Il n'y a pas que la jeunesse sauvage de Tottenham qui a oublié qu'elle a des devoirs aussi bien que des droits, mais aussi les riches sauvages de Chelsea et Kensington .L’élite Londonienne est aussi déracinée et coupée du reste de la Grande-Bretagne que ces jeunes hommes et femmes sans emploi qui ont causé de si terribles dommages ces derniers jours. Peu d'entre eux s'embêtent à payer leurs impôts britanniques s'ils peuvent les éviter et encore moins ont-ils un sens d'obligation envers la société, un sentiment pourtant naturel il y a encore quelques décades pour les riches et les mieux lotis .Ainsi Richard Branson, le patron de Virgin, ou Philip Green, le patron de Topshop, pour éviter de payer leurs impôts sur les bénéfices n’ont-ils pas domicilié leur société dans un paradis fiscal ? Quant à l’élite politique, elle est aussi mauvaise que les  jeunes voyous, comme le montre le scandale des dépenses des parlementaires. Gerald Kaufman n’a-t-il pas demandé le remboursement d'une télévision pour 8.865£ ? Et que dire du premier ministre ? N’a-t-il pas excusé son erreur de jugement en embauchant l'ancien directeur de la rédaction, Andrew Coulson, en clamant que « tout le monde mérite une seconde chance ! » Pourquoi n’a-t-il pas parlé de seconde chance lorsqu'il a requis une punition exemplaire pour les émeutiers et les casseurs ? Ces doubles standards de Downing Street sont symptomatiques des doubles standards répandus au sommet de notre société. Bien évidemment, ces derniers sont assez intelligents et assez riches pour savoir qu’ils doivent obéir à la loi. Cela ne peut être dit des malheureux jeunes femmes et hommes, qui, sans espoir et aspiration, ont causé tellement de désordre et de chaos ces derniers jours. Mais les émeutiers ont cette défense : ils suivent tout simplement l'exemple montré par les figures plus âgées et respectées de la société ».

 

Vent d’est, vent d’ouest, souffles des peuples, lancez votre juste colère et balayez la pourriture de ce temps !


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