Laissez passer les hommes libres

par Marine
vendredi 10 septembre 2010

Cette semaine, deux faits d’actualité se trouvent étonnamment liés : la commémoration des attentats du 11 septembre et la sortie en salle sur nos écrans du dernier film de Xavier Beauvois, « Des hommes et des dieux ». Pourquoi cette relation ? Le premier évènement est à l’origine de la volonté d’un pasteur américain de brûler des exemplaires du Coran, le second nous invite à réfléchir posément à l’antagonisme entre les religions et aux moyens d’y répondre. Face à ces réactions fortement contrastées, une question brûlante : le vingt et unième siècle peut-il encore être celui de la tolérance ?

« Des hommes et des dieux » et un fait divers. En 1996, des moines vivant dans le monastère du mont Atlas sont enlevés puis assassinés dans des circonstances qui conservent encore leur part de mystère. Le réalisateur retrace ici leur quotidien avant le drame, avec une sobriété à l’image du recueillement dans lequel vivent ces frères. Menacés en leur qualité d’occidentaux expatriés, ils ont conscience que leur heure est comptée, mais oseront-ils fuir, oseront-ils partir ? Des moments de doute, des choix difficiles, qui sont abordés à deux ou à plusieurs, lors de réunions décisionnelles collectives.
 
Servi par d’excellents comédiens, ce film offre dans sa richesse plusieurs niveaux de lecture. Il nous montre a priori la difficulté de croire en un Dieu invisible, et les aspérités d’une foi qu’on voudrait inébranlable. Mais ne nous montre-t-il pas finalement la difficulté qui se fait sans cesse plus aigue de porter une foi aveugle en l’homme, de continuer à croire en lui, malgré la barbarie dont il peut faire preuve ? « Des hommes et des dieux », titre puissant s’il en est, semble nous rappeler que croire en Dieu, en un Dieu, signifie croire en l’indéfectible humanité de l’être humain, en sa bienveillance. Si les frères refusent de juger et condamner les terroristes, pouvons-nous pour autant les taxer d’idéalistes naïfs ? C’est l’ultime réflexion de frère Christian. Chacun reste libre de répondre à sa manière à ces quelques questions existentielles et universelles. Un film à vertu pédagogique qui ricoche sur des comportements extrémistes à la Terry Jones.

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