Landru, ou Régis Laspalès, au Théâtre Marigny

par Theothea.com
lundi 16 janvier 2006

Bénéficiant d’une production permettant de rassembler de multiples compétences talentueuses telles celles de Jean-Luc Tardieu à la mise en scène, Jean-Marc Stehlé au décor, Jacques Rouveyrollis aux lumières, Bernadette Villard aux costumes, la création de Laurent Ruquier jouait d’autant plus sur du velours que Régis Laspalès donnait son accord pour incarner le personnage de Landru dans le théâtre dirigé par Robert Hossein.

Alors pourquoi donc ce dispositif scénographique semble-t-il si mal fonctionner durant les quatre-vingt-dix minutes de cette première pièce très documentée, en cantonnant dans l’ennui son public pourtant fort bien disposé ?

En premier lieu, parce qu’il y a maldonne à découvrir une reconstitution historique concernant le fameux sérial-killer s’appuyant sur les faits et attestant de son cynisme patent sans que pour autant l’humour puisse y imposer une marque de fabrique attendue en priorité de la part d’un animateur spécialisé dans le genre.

Encore que pris à contre-pied, le spectateur pourrait réajuster sa grille de lecture en cours de représentation, si toutefois l’intérêt dramatique était au rendez-vous, alors qu’en fait de nombreuses scènes fastidieuses à deux personnages se succèdent sans véritable perspective théâtrale.

En outre, si le charisme artistique de Régis Laspalès est à la hauteur d’une réputation phénoménale, sa puissance de séduction amoureuse vis-à-vis de la gente féminine n’apparaît pas sur scène avec grande évidence et c’est sans doute ce qui manque le plus pour rendre crédible la systématisation stratégique du guet-apens nuptial s’entremêlant aux mensonges d’une double vie privée.

Au demeurant toutes ses partenaires (Evelyne Dandry, Chloé Berthier, Michèle Garcia et Monique Mauclair) en compagnie de Marcel Cuvelier entourent et choient Régis Laspalès qui articule dans des monologues explicatifs laborieux les intentions, projets, méthodes et autres malversations du sosie masqué en les accommodant sous des annonces fallacieuses et autres tours de passe-passe.

Cependant, c’est sans doute dans la dialectique avec son avocat (Yves Lambrecht) que s’affirme le véritable enjeu de la pièce, alors que Landru remet en cause la recherche d’un système de défense pragmatique tout en lançant des torpilles de distanciation hilarante.

En définitive, alors que la chaudière de Landru ou un de ses modèles similaires exposé dans le hall du Théâtre Marigny s’avère appartenir à Laurent Ruquier, deux questions peuvent se poser avec insistance :

- Est-ce vraiment raisonnable d’imaginer que onze corps humains aient pu être brûlés, même sciés menu, en un four de si petite contenance ?

- Et plus iconoclaste, l’auteur familier des "one man shows" n’aurait-il pas dû prendre le risque de jouer lui-même ce rôle sulfureux ayant su fasciner et inspirer ses premiers élans d’écriture théâtrale, en osant proclamer, flaubertien : "Landru, c’est moi !" ?

LANDRU - * Theothea.com - de Laurent Ruquier - mise en scène : Jean-Luc Tardieu - avec Régis laspalès, Evelyne Dandry, Chloé Berthier, Michèle Garcia, Monique Mauclair, Marcel Cuvelier et Yves Lambrecht - Théâtre Marigny -

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