Le 62ème Festival de Cannes : où sont les grands problèmes de notre époque ?

par Philou017
mardi 26 mai 2009

Je viens de parcourir le palmarès du festival de Cannes. Je suis époustouflé de voir qu’il n’y a strictement AUCUN film qui traite des grands problèmes de notre époque.
Des films sur des problemes sociétals sans aucune mise en perspective dans la société, le monde d’aujourd’hui.
Le libéralisme galopant, les guerres, les pays qui émergent, les dérives des banques et les scandales financiers, les spéculations sur les denrées alimentaires ou le pétrole , rien de tout cela ne semble intéresser ce qui passe pour la fine fleur de nos artistes.
 
Voyons de quoi est fait le palmarès :
"Le ruban Blanc" un film sur la montée de l’extrémisme et du nazisme, qui met en cause un idéalisme trop "totalitaire". Sujet du passé et complètement décalé dans notre société sans idéal.
 
Grand prix pour Le prophète, qui suit l’ascension d’un jeune homme dans le milieu du banditisme corse.
 
Antichrist est une déluge de sexo-hémoglobine.

Inglourious basterds, une énième diatribe anti-nazi , un autre film évoque le destin tragique de la femme et du fils caché de Mussolini. Quelle actualité ! Évidemment, on ne risque pas grand chose en denonçant les grandes figures honnies du passé.

Je passe rapidement sur les autres, un autoportrait fantasmé de Pedro Almodóvar, un film sur l’homosexualité en Chine, un autre avec des vampires, les mésaventures d’une femme et d’un voleur, et pour finir, les aventures d’un bobo à woodstock. Sans parler du "meilleur premier film", pour Samson et Delilah, une histoire d’amour entre deux adolescents vivant dans une communauté aborigène isolée.
 
Bref, que du cinéma intismiste, psychologique, quand ce n’est pas du grand guignol.
 
Et ce qui se passe dans notre monde d’aujourd’hui, ca n’intéresse personne. Les magouilles de la CIA pour faire croire à des ADM, le terroriste insaisissable façon Ben Laden, le Casino Financier, les guerres de "libération" en Irak et en Afghanistan, la transformation de la Russie, la guerre tragico-comique en Géorgie, la soumission du monde économique à des financiers sans scrupule, les centaines de milliers de’Américains jetés à la rue suite à l’affaire des subprimes, aucun intérêt ?
 
Pourtant dans le passé, de grands cinéastes se sont emparés de grands sujets, comme la guerre, à une époque où ce n’était pas évident. Se souvenir de Sidney Lumet dénoncant l’armée dans "La colline des hommes perdus", de la fable violemment anti-militariste de Fred Zinnemann, "Tant qu’il y aura des hommes", ou de celle de Edward Dmytryk dans ’Le bal des maudits". "Les douze salopards" ont été sans la plus percutante des attaques anti-guerre, car la plus subtile. Et bien d’autres...
 
Et la politique, les crimes d’état ? Moins présents, ces sujets ont pourtant été évoqués dans de grands films comme ’Les trois jours du Condor", sur les magouilles de la CIA, Les hommes du Président sur le watergate,  "Des hommes d’influence" sur les manipulations médiatiques, "Docteur Folamour" sur l’absurdité du monde de la guerre froide...
 
De vrais sujets étaient abordés comme le monde psychiatrique dans "Vol au dessus d’un nid de coucou", la mégalomanie du pouvoir dans "Citizen Kane", la vanité humaine dans "la planete des singes" ou du résultat du saccage de la nature dans "Soleil Vert".
 
Bien sur, vous me direz, a cette époque il y avait aussi d’autres films, des comédies, des trucs legers, sans prétention. Oui, mais , il y avait aussi ceux-là. Et pas des petits films. Des films cultes avec des distributions au top.
 
Alors que se passe-t-il aujourd’hui ?
Il apparait que le cinéma est devenu une industrie, ou seuls les cinéastes sans pensée politique ont le droit de cité.
Les plus naifs se diront qu’il y a une génération spontanée de réalisateurs et comédiens sans envergure. les plus lucides penseront que les puissances financières, après avoir définitivement annihilé toute forme de reflexion sérieuse dans la presse et les médias, ont réussi à faire du cinéma une industrie de "distraction" exempte de vraie réflexion et d’audace.
 
C’est comme cela que l’on voit nos "comédiens" se précipiter sur les plateaux télés pour vendre leur camelote, tels de bons commerciaux. Les artistes ont été remis au placard, reste plus que les techniciens affairistes. Du reste, le fait que la télé finance un certain nombre de films (et s’en vante), n’est pas anodin.
Le cinéma semble être devenu une caricature de lui-même.
 
Il m’arrive de penser à ce bon vieux Kirk Douglas qui avait failli se ruiner à la fin de sa carriere en financant lui-même les films qu’il voulait TANT réaliser. Autre temps...

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