« Le Bourgeois Gentilhomme » c’est aussi François Morel

par Theothea.com
mercredi 15 février 2012

A l’instar, jadis, de gros Nounours quittant, dans l’étrange lucarne, Nicolas et Pimprenelle avant que ceux-ci, chaque soir, rejoignent les bras de Morphée, François Morel, au final de cette comédie-ballet de Molière, s’élève vers les cintres, en parfaite béatitude d’homme gentil !

Un peu balourd et rustique, son « Bourgeois » surclassé, est en filiation directe avec son personnage des Deschiens, ayant initialement valorisé son image de comédien.

Dans cette perspective, sa composition de Jourdain est totalement cohérente avec l’attente des spectateurs :

Rêveur, un peu décalé, doué d’un bon sens à contre-emploi, c’est dans la distanciation angélique que va s’épanouir son aspiration à devenir « gentilhomme », contre vents et marées.

Face à lui, deux armées en opposition frontale, celle des profiteurs d’une part et de l’autre, celle des moqueurs.

Marie-Armelle Deguy (Madame Jourdain), Emmanuel Noblet (Dorante / Le maître d’armes) & Géraldine Roguez (Nicole) vont, superbement, contribuer à cette confrontation existentielle.

La mise en scène de Catherine Hiegel, s’appuyant prioritairement sur les ballets et la musique de Lully, réintègre l’élan artistique qui présidait à la Cour de Versailles, en cherchant à proposer un spectacle total, proche, en définitive, de la comédie musicale, en vogue de nos jours.

Une importante production régissant une trentaine de comédiens, dont 5 danseurs et 3 chanteurs, accompagnés, sous une pléiade de costumes savamment bariolés, par l’ensemble baroque La Rêveuse, assure, trois heures durant, entracte inclus, un spectacle quelque peu hétéroclite avec un décor, plutôt minimaliste.

Des temps forts, dans l’interprétation, garantissent un rire de bon aloi permettant de vérifier que décidément : « Le ridicule ne saurait tuer ».

Par exemple, la leçon de philosophie par Alain Pralon donnée à Monsieur Jourdain pourrait, à elle seule, faire figure d’anthologie.

Par ailleurs, des gimmicks gestuels de François Morel, comme celui illustrant, de manière récurrente, l’expression « à hauteur d’œil » emportent l’adhésion du comique de répétition.

Quant à la cérémonie festive élevant, au grade de Mamamouchi, le dupe d’une farce initiée par sa vanité candide sans limite, c’est dans une sorte de délire cauchemardesque qu’en est célébrée la mégalomanie chronique.

Au demeurant, ce « Bourgeois Gentilhomme » est d’une bonne facture, mais peut-être s’abandonne-t-il, un peu trop complaisamment, à un parti pris d’expérimentations artistiques disparates.

visuel affiche

LE BOURGEOIS GENTILHOMME - ***. Theothea.com - de Molière - mise en scène : Catherine Hiegel - avec François Morel, Alain Pralon Sociétaire honoraire de la Comédie-Française, Marie-Armelle Deguy, Olivier Bioret, Anicet Castel, Stephen Collardelle, Joss Costalat, Eugénie Lefebvre, David Migeot, Emmanuel Noblet, Romain Panassie, Camille Pelicier, Gilian Petrovski, Géraldine Roguez, Frédéric Verschoore, Héloïse Wagner et l'Ensemble Baroque La Rêveuse. - Théâtre de la Porte Saint-Martin

 


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