« Le Cavalier seul » en Compagnie Maréchal de Marina Vlady

par Theothea.com
lundi 30 juin 2014

Maréchal, nous voilà !… Votre passion inconditionnelle pour l’œuvre de Jacques Audiberti a, peu à peu, réussi à débouter toutes les réticences à la mode jusqu’à gratifier l’auteur d’une acuité de modernité visionnaire le rendant à la fois réjouissant et malicieux.

Ce « cavalier seul », c’est donc tout un chacun d’entre nous fougueux, idéaliste, absolutiste tout en étant candide, pusillanime et velléitaire mais c’est surtout ce fameux Mirtus s’élançant de son Languedoc natal, tel un Perceval emporté par le verbe châtié, et parti, comme ce gallois, en toute bonne foi à la conquête de moulins à brasser les illusions idéologiques tout autant que les convictions religieuses !

Du pays d’Oc jusqu’à Jérusalem via Constantinople, il lui faudra bien ménager sa monture et tenter d’oublier l’ensemble de ses a priori pour parvenir au soi-disant Saint-Sépulcre au moment même où un condamné à mort entre en phase patente d’être torturé par le bourreau local.

Que Mirtus veuille sauver l’innocent, au nom du respect à la liberté de penser et de s’exprimer, est tout à son honneur qui, cependant, va rapidement atteindre les limites de responsabilité assumée lorsqu’il sera question de substituer sa propre destinée en échange de celle de l’homme gémissant sous le pal.

Comment, en effet, dédouaner le monde de ses turpitudes et autres injustices, tout en préservant ses propres intérêts d’occidental formaté, voilà bien le dilemme auquel le valeureux Mirtus ne s’attendait pas à être confronté, en s’engageant corps et âme dans sa valeureuse croisade humaniste ?

C’est sans doute, cette contradiction ontologique qui, d’emblée, a attiré Marcel Maréchal vers ce texte d’Audiberti au point d’en constituer un viatique référentiel et même existentiel, tout au long de sa carrière théâtral mais c’est surtout le maniement poétique d’une langue maligne, en ses méandres de double sens, d’images métaphoriques et de perspectives en miroir, qui a séduit le jeune comédien Marcel en recherche de manifeste jusqu’à devenir actuellement ce chef de troupe tendant le flambeau à son propre fils, Mathias.

De Marcel à Mathias, il y a donc toute une compagnie Maréchal en tournée à travers la francophonie avec, souvent, des invités prestigieux, comme notamment, ici, la merveilleuse Marina Vlady et le subtil Emmanuel Dechartre qui, tous ensemble, participent à ce joyeux banquet « audibertien » des mots qui en disent toujours davantage, de manière drolatique, ce qu’ils cherchent à signifier le plus sérieusement du monde.

photos © LOT 

LE CAVALIER SEUL - ***. Theothea.com - de Jacques Audiberti - mise en scène Marcel Maréchal - avec Marina Vlady, Marcel Maréchal, Emmanuel Dechartre, Mathias Maréchal, Antony Cochin, Michel Demiautte, Nassim Haddouche, Céline MartinSisteron & Julian Peres - Théâtre 14

 

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