Le conte était-il bon ?
par C’est Nabum
samedi 26 octobre 2013
Le Bonimenteur entre en scène ...
Des histoires pas toutes du même tonneau …
Le musée de la tonnellerie de Chécy voulait célébrer la Loire. Deux artistes exposaient leurs œuvres ; des sculptures entre métal et bois et des peintures dont certaines évoquaient de belles scènes marinières. L'occasion fait le larron, surtout quand on veut mettre le vin en barrique, le groupe la BouSol était convié un vendredi soir pour enfoncer le clou.
Le clou, ce n'était certes pas le Bonimenteur, mais il faisait parti du paquetage. Quelques fables entre les chansons pour reposer les musiciens. Quand le vin est tiré, il faut le boire et même s'il n'y avait pas la Loire à portée de regard, il me fallait faire croire à mes histoires. Étrange défi pour celui qui aime à se cacher derrière ses textes !
J'ai passé une journée bien compliquée entre attente et crainte, angoisse et détachement. J'avais le ventre noué et l'impatience vissée au cœur. Je ne parvenais pas à préparer ma prestation ; j'avais choisi trois textes jamais dits en public. C'est ma manière de me tendre des pièges, de forcer un peu le destin tout en refusant la rengaine.
Je fus incapable de relire ces fables. J'avais traîné des feuilles toute la journée sans parvenir à les parcourir. Le soir même, elles étaient à portée de main et je n'en faisais pas meilleur usage. Pourquoi agir de la sorte ? Pourquoi me mettre en danger par l'improvisation ? Je ne saurais le dire vraiment … Les musiciens répètent, viennent avec leurs partitions et moi, par bravade, je veux me dispenser de travailler. Quel orgueil démesuré !
Pour me rassurer, j'eus une fois encore recours à mon bâton de marche. Il m'avait accompagné dans mon long périple d'Orléans au Mont Gerbier, j'allais encore m'appuyer sur lui pour sortir de ce guêpier où je m'étais fourré par légèreté et fierté. Il me donne sans doute un peu de confiance, je le prends en main et les mots surgissent comme par magie. Pas à pas, la fable reprend corps, je file le long de son scénario en prenant par la main ceux qui veulent bien me suivre …
C'est sans doute ce qui est arrivé. Les spectateurs semblaient ravis mais je ne parviens jamais tout à fait à croire que le miracle a eu lieu. Toujours douter, toujours penser que la catastrophe menace au tournant de chaque phrase. Oh, rassurez- vous, ça ne peut être le trou de mémoire puisque je ne sais rien par cœur. Mais le flop, l'histoire qui tombe à plat, le conteur qui ne transmet pas l'émotion, le public qui se désintéresse du récit …
Heureusement mes amis tinrent les spectateurs en haleine. Leurs chansons plurent et me permirent de retrouver mes esprits entre deux prestations incertaines. Ils créèrent ce climat propice dans lequel je pouvais m'immiscer. Je n'avais plus qu'à surfer sur leur vague pour profiter de la bonne humeur qu'ils avaient su installer.
Je pense avoir trouvé la formule pour donner quelques fables à entendre. Une petite respiration après quelques chansons, un clin d'œil imaginaire sans trop lasser. Le conte n'est pas vraiment mon domaine, je reste à la lisière de cet art difficile. Je me définis comme Bonimenteur car j'y ajoute de la farce pour y retrancher l'émotion. C'est du moins ce que je me dis pour me rasséréner encore un peu.
Je vous ennuie avec mes interrogations et mes états d'âme. Je vous les livre ici car vous êtes, une fois par semaine, les lecteurs de ces fables dont l'aventure débute sous vos yeux. Maintenant j'ai décidé de les offrir à d'autres, de m'impliquer physiquement dans cette ambition démesurée. Valent-elle la peine de prendre ce risque ? Le compte est-il bon pour devenir animation publique ? Je ne sais et ne le saurai jamais ..
Le doute est à nouveau mon compagnon. Il en sera ainsi à chaque fois et je crois que je vous ai cassé les pieds pour pas grand' chose. Pardon !
Expectativement vôtre.