Le « fabuleux » dans la peinture flamande s’expose à Lille

par Fergus
samedi 10 novembre 2012

L’information est trop largement passée inaperçue hors des milieux artistiques : depuis le 6 octobre 2012 et jusqu’au 14 janvier 2013, le Palais des Beaux Arts de Lille expose d’étonnantes toiles et panneaux de bois peint des maîtres flamands du 16e siècle. Un évènement, il est vrai, nettement moins évoqué dans les médias nationaux que l’exposition des toiles d’Edward Hopper au Grand Palais de Paris...

Intitulée « Fables du paysage flamand au 16e siècle, Bosch, Brueghel, Bles, Bril  », cette exposition met en lumière une centaine d’œuvres des maîtres flamands, pour la plupart prêtées par des musées européens. Une exposition qui se focalise sur l’une des particularités de la peinture flamande de l’époque : la représentation d’un monde où le paysage devient l’élément fondamental des mythes et des fables, et où sont plus ou moins intimement mêlés le réel et le fantastique. Un monde dont les étranges créatures et les tourments évoqués ne manquaient pas, autrefois, de susciter la frayeur des plus émotifs. Point d’effroi de nos jours, mais un intérêt marqué, voire de la fascination, pour cette peinture si originale et si puissante. 

Jérome Bosch - Vision de Tondal

Á l’évidence, cette exposition non seulement ne laisse pas le visiteur indifférent mais a toutes les chances de le plonger dans un abîme de réflexions. Au-delà de cette question essentielle « Où finit la réalité et où commence sa représentation dans notre imaginaire ? », c’est dans les méandres de notre propre spiritualité et de nos propres fantasmes qu’elle nous invite à plonger. 

 

Comme le souligne le dossier de presse, l’exposition s’articule autour de quatre thèmes représentatifs de la peinture flamande maniériste du 16e siècle : Le chemin de la vie montre comment les maîtres flamands ont transcendé la représentation de la nature en subordonnant celle-ci au symbolisme des croyances, des mythes et des fables, non sans y introduire de nombreux éléments de leur propre univers fantasmagorique. Intimement lié à ce chemin de vie, Le monde fantastique, dont la figure de proue est incontestablement Jérôme Bosch, recréée à sa manière les univers de la Renaissance. Dans une symphonie de couleurs, la peinture flamande met en scène monstres et personnages diaboliques ou grotesques. Dans la section suivante, Fables sacrées, fables profanes, l’on est invité à méditer sur le fait que le vrai n’est pas toujours vraisemblable, et vice-versa. On est là le plus souvent dans le domaine de l’allégorie, qu’elle ait ou non un rapport avec les croyances religieuses. Et comme nous y invitent les littérateurs depuis le 15e siècle, il faut, ainsi que l’a souligné naguère le psychanalyste Nicolas Abraham, savoir « soulever l’écorce pour observer le noyau », autrement dit découvrir sous les apparences ou dans les détails ce qui donne son véritable sens à l’ensemble. Enfin, quatrième et dernier volet de l’exposition, Le monde merveilleux illustre la manière dont les peintres flamands ont su réaliser, parfois de manière étonnamment moderne, une osmose créative entre le naturalisme et la vision idéalisée.

Outre les grands maîtres que furent Jérôme Bosch, Pieter Brueghel l’Ancien, Herri Met de Bles ou Paul Bril, Fables du paysage flamand au 16e siècle permet de découvrir ou revoir avec un grand plaisir les œuvres d’artistes moins connus mais dont le talent mérite d’être souligné. Parmi eux, Kerstiaen de Keuninck, Jan Mandjin, Joachim Patinir ou Tobias Verhaecht pour ne citer que ceux-là.

Jan Mandjin - Les Tentations de Saint Antoine dans un paysage panoramique

Pour voir l’exposition, rien de plus facile, le Palais des Beaux Arts, desservi par le métro automatique de la métropole nordiste, est en plein centre-ville de Lille.


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