Le génocide oublié, celui des Gitans, Roms, Tziganes...
par Brigitte Grivet
mardi 2 juin 2009
Un beau livre qui aborde ce sujet douloureux :
La Route des Gitans, de Miguel Haler
Ginko Editeur
Préface de Joseph Joffo
Miguel Haler est un écrivain d’ici et d’ailleurs.
D’ici, en Provence, parce qu’il est domicilié à Vidauban (Var) et qu’il a présenté son dernier ouvrage « La Route des Gitans » à la dernière soirée des Lundis de Saint Ferréol à Lorgues (Var).
D’ailleurs, parce qu’il nous laisse entrevoir dans cet ouvrage un peu de la vie nomade et précaire des Tziganes, Gitans, Roms, Sintès, Bohémiens ou Manouches, comme vous voudrez, et qu’il nous relate une histoire qui nous amène des Saintes Maries de la Mer à l’Allemagne nazie et à la Pologne occupée pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Il faut savoir en effet que, considérés par les Nazis comme des « asociaux » et de « race inférieure », les Tziganes (Zigeuner en allemand) ont payé un lourd tribut à la politique raciale du IIIème Reich. On estime que de 200.000 à 600.000 Tziganes ont été exterminés durant la Seconde Guerre Mondiale. L’incertitude sur les chiffres en dit long sur le peu d’études historiques et statistiques sérieuses qui ont été faites sur le sujet.
En 1933 déjà, les Nazis proposent une politique eugénique de stérilisation des Tziganes ; en 1936, on voit la 1ère grande déportation (400 personnes) de Roms à Dachau puis en 1939 s’intensifient en Allemagne les internements massifs dans des camps spéciaux (Zigeunerlager). Dans les territoires occupés de l’est européen, des milliers d’entre eux ont été exterminés par les Einsatzgruppen. Et ce furent les déportations vers des camps de concentration (Bergen-Belsen, Sachsenhausen, Dachau, Mathausen, Ravensbrück) ou d’extermination (Auschwitz-Birkenau, Chelmno, Belzec, Sobibor, Treblinka). Les Tziganes ont également été victimes d’expérimentations médicales faites par Mengele et autres « docteurs » de l’indicible et notamment dans le but d’établir une procédure de stérilisation efficace et peu coûteuse.Mais Miguel Haler ne s’appesantit pas sur cet aspect sordide du sort réservé à son peuple. Guitariste, il se produit chaque année aux Saintes-Maries de la Mer lors du pèlerinage annuel des Gitans. Il est aussi écrivain et c’est en tant que tel qu’un vieux Manouche l’a fait appeler un soir dans sa caravane pour lui faire un récit étonnant.
Dans un livre sans prétention mais émouvant, il nous conte cette histoire de rencontre, d’errance et d’amour improbable entre une jeune Gitane et un jeune officier aristocrate allemand dont il nous assure qu’elle est authentique. Ce ne serait pas la première fois que la réalité dépasserait la fiction.
Ce livre, paru dernièrement, est important car c’est l’un des rares qui témoigne de ce que fut la vie des Gitans avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale.
A lire donc !
Brigitte Grivet