Le meilleur festival de rock : 15 août 2013, Crescendo à Saint-Palais

par Bernard Dugué
mardi 13 août 2013

Le plus grand festival de rock en France se déroule à Saint-Palais sur mer, commune balnéaire située au dessus de Royan. Grand non pas par la célébrité des musiciens, ni le chiffre d’affaire, ni le nombre de spectateurs. Mais grand par sa générosité, son cadre, son ambiance et surtout pour ce qui rassemble les participants, écouter ce qui se fait de mieux et de plus inventif en musique car le festival Crescendo est consacré au rock progressif. C’est d’ailleurs l’un des piliers des adeptes de la planète progressive, dont tout membre se doit d’assister une foi, à l’instar du pèlerinage à la Mecque, pilier de l’islam.

Ce festival est en vérité un anti-festival, une sorte d’Ovni pour tous les gens épris de liberté et qui ont en eux quelque chose, non pas de Tennessee mais d’anti-système. Rien à voir avec ces festivals courus des Charrues ou de Navarre où le lieu est presque aussi sécurisé qu’un sommet du G8 avec à l’entrée des molosses pas toujours bogosses, au look méchant de série B américaine, qui se mettent à vous fouiller au cas où vous entreriez avec une bouteille, même d’eau minérale, car dans ces festivals, il est obligatoire de consommer sur place. Eh oui, les stars qui raquettent les organisateurs de 50 000 euros la prestation doivent être payées et même les entrées à 30 ou 50 euros n’y suffisent pas.

Le festival Crescendo est complètement différent. Il est ouvert. Vous n’avez pas l’impression d’être confiné voire parqué dans un espace. Il suffit de se garer sur l’esplanade du Concié, face à la mer, un cadre somptueux. Le soir, vous pouvez deviner au loin Souillac illuminé. La circulation est libre avec autour quelques stands genre vintage et néo-bab. Vous pouvez même rencontrer quelques musiciens de passage avant ou après leur prestation pour une dédicace. Pas de chichi dans cet endroit. Une impression de grande famille qui se retrouve tous les ans. Tout se fait dans la bonne humeur et en plus, l’entrée est gratuite.

Alors n’hésitez pas à aller consommer quelques mousses et merguez frites pour faire entrer un peu d’argent afin de compléter le financement qui doit beaucoup aux collectivités locales et c’est presque un miracle que ce festival ait pu traverser les dernières années de crise. Mais n’ayez crainte, si vous amenez une bouteille d’eau minérale ou de vodka, on ne vous sautera pas dessus. Quoique, la vodka est plutôt rare en ces terres, l’amateur de progressif étant bien plus sobre que le fan de métal, mais un peu moins sobre et snob que le féru de jazz qui s’assoie gentiment sous le chapiteau de Marciac pour écouter Keith Jarret. Le soir, vers 19 heures, vous pouvez pique-niquer juste au dessus des falaises, entre les carrelets, avec l’océan et sa fraîcheur en cette côte qui a su garder un aspect sauvage. Puis repartir face à la scène pour entendre ces formations qui viennent du monde entier. Cette année, seront représentés le Mexique, la Norvège, le Japon, l’Italie, la Hongrie, les Pays-Bas, la France et la Suède.

Le festival dure trois jours, du 15 au 17 août, de 17 heures 30 à 24 heures passées. Cette année, ce sera l’occasion de rencontrer Tempio delle clessidre, l’une des formations les plus douées oeuvrant dans le prog italien vintage avec une claviériste très douée dont vous entendrez les subtiles compositions, puis Arab in aspics et son heavy prog spacy venu du nord et les Hongrois de Special providence avec leur progressif éclectique. Voilà pour la journée de vendredi. Les autres programmations sont toutes aussi intéressantes. Avec Iconoclasta, les vétérans du prog mexicain, KBB, le prog expérimental japonais dopé au violon ou Lindh Project et son symphonisme assumé. N’hésitez pas à venir. Vous ne serez pas déçu et puis c’est ce que les organisateurs et les bénévoles attendent, un succès populaire, pour récompenser tous les efforts déployés sur place avec de plus une préparation qui dure des mois. Allez, longue vie au progressif et aux initiatives alternatives. Il faut soutenir ce festival, c’est un acte d’intelligence citoyenne !


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