Le nom de la rose... le révéler on n’osait. La vulve, puisqu’il faut la nommer.
par jack mandon
samedi 12 juin 2010
« La rose demeure en son essence, nous n’attachons que les noms en leur nudité. »
Obscure raison qui entretient le mystère et l’hésitation. Pourquoi le sexe de la femme n’est-il jamais nommé.
Des poètes de la pléiade, les trouvères à la rose, aux frondeurs des cités, les incendiaires de bagnoles, aux curés et mollahs que la femelle gratouille, jusqu’aux doctes représentants de la santé au vocabulaire qui inquiète et qui fait débander...la femelle en son centre innommable cultive le secret et se rit bien de tous.
G. Brassens
« Ayant avecques lui toujours fait bon ménage
J’eusse aimé célébrer sans être inconvenant
Tendre corps féminin ton plus bel apanage
Que tous ceux qui l’ont vu disent hallucinant.
Ceût été mon ultime chant mon chant du cygne
Mon dernier billet doux mon message d’adieu
Or malheureusement les mots qui le désignent
Le disputent à l’exécrable à l’odieux. »
Puisqu’il est de bon ton de chercher un responsable, j’ai fouillé au temps des lumières, à l’orée du grand chambardement révolutionnaire.
C’était le temps où le religieux et le médical vagissant, cultivaient et partageaient l’ignorance...temps d’ailleurs revenu, puisque des religieux venus d’Orient et de tous les points cardinaux de la rose des vents, des fanatiques du grand architecte, s’insinuent dans notre monde déjà bien malade pour ajouter à l’exécrable bêtise dans la confusion générale des genres.
Imaginez vous qu’au temps de nos lumières...vacillantes, existait un homme de culture scientifique, un médecin...hélas qui ne fut pas le seul au monde.
Le docteur helvétique Samuel Auguste Tissot (1728-1797). Il connut de son vivant une notoriété extraordinaire et fut le médecin attitré de nombreuses personnalités de haut rang européennes, notamment du roi de Pologne et de l’électeur de Hanovre. On a dit de lui qu’il fut « le médecin des princes et le prince des médecins ». Il dut cette célébrité à ses nombreux travaux, notamment ceux consacrés à l’onanisme.
Son savant éclairage allait participer à maintenir aux abysses les noms, les formes, les bonheurs et les plaisirs de la rose merveilleuse sans nom.
Au temps de la Genèse, elle connut son premier malheur, damnée qu’elle fut pour l’éternité.
S.Tissot
« L’excès dans les plaisirs de l’amour ne produit pas seulement des maladies de langueur ; il jette quelque fois dans des maladies aiguës et toujours il dérange celles qui dépendent d’une autre cause ; il produit très aisément la malignité, qui n’est, selon moi, que le défaut de forces dans la nature. »
G.Brassens
C’est la grande pitié de la langue française
C’est son talon d’Achille et c’est son déshonneur
De n’offrir que des mots entachés de bassesse
A cette incomparable instrument de bonheur.
Alors que tant de fleurs ont des noms poétiques
Tendre corps féminin’ c’est fort malencontreux
Que la fleur la plus douce la plus érotique
Et la plus enivrante en ait de plus scabreux.
S.Tissot
« (…) Un de mes condisciples était venu à cet état horrible, qu’il n’était pas le maître de s’abstenir de ces abominations, même pendant le temps des leçons : il n’attendit pas longtemps son châtiment et il périt misérablement de consomption au bout de deux ans. »
G.Brassens
Mais le pire de tous est un petit vocable
De trois lettres pas plus familier coutumier
Il est inexplicable il est irrévocable
Honte à celui-là qui l’employa le premier
Honte à celui-là qui par dépit par gageure
Dota de même terme en son fiel venimeux
Ce grand ami de l’homme et la cinglante injure
Celui-là c’est probable en était un fameux.
S. Tissot
« . La trop grande perte de semence produit la lassitude, la débilité, l’immobilité, des convulsions, la maigreur, le dessèchement, des douleurs dans les membranes du cerveau ; émousse le sens, et surtout la vue ; donne lieu à la consomption dorsale, à l’indolence et à diverses maladies qui ont de la liaison avec celles-là. »
G.Brassens
Misogyne à coup sûr asexué sans doute
Au charmes de Vénus absolument rétif
Etait ce bougre qui toute honte bue toute
Fit ce rapprochement d’ailleurs intempestif.
La malpeste soit de cette homonymie
C’est injuste madame et c’est désobligeant
Que ce morceau de roi de votre anatomie
Porte le même nom qu’une foule de gens.
« Le sinistre Dr Tissot appartient à un vaste mouvement européen informel qui voulut faire de la médecine une démarche rigoureusement scientifique. Sa lutte acharnée contre la masturbation s’explique avant tout par la conviction qu’il faut maintenir le corps dans un certain équilibre. Dans cette optique, la masturbation conduit à une mort rapide et inévitable en instaurant un déséquilibre entre les pertes séminales et les apports énergétiques. Sa vision du corps est essentiellement machinique et l’on retrouve chez lui un écho de l’animal-machine de Descartes.
Les outrances de Tissot nous font rire maintenant, mais il ne faut pas oublier l’influence extraordinaire qu’il eut sur ses contemporains et sur l’ensemble du XIXe siècle. Un chiffre résume cet impact : son ouvrage L’onanisme connut soixante-trois éditions entre 1760 et 1905. »
G.Brassens
Fasse le ciel qu’un jour, dans un trait de génie
Un poète inspiré que Pégase soutient
Donne en effaçant d’un coup des siècles d’avanie
A cette vraie merveille un joli nom chrétien
En attendant madame il semblerait dommage
Et vos adorateurs en seraient tous peinés
D’aller perdre de vue que pour lui rendre hommage
Il est d’autre moyen et que je les connais
Et que je les connais.
Le blaso