Le pas qui rétrocède. Être face à l’oeuvre de Marie-Laurence Gaudrat

par DerWiderstand
mardi 1er avril 2025

Au lieu de nous demander s'il existe une vie après la mort, nous aurions meilleure grâce de nous demander s'il existe une vie - avant - la mort. A cette question, l'art n'apporte pas de réponse pratique, mais plutôt une distanciation, un point d'observation plus haut placé. Un chemin.

 René Huygue aimait à dire que notre civilisation est une sorte d' "étages qui auraient perdu leurs escaliers". Nous ne savons plus ni hiérarchiser, ni apprécier. Nous sommes compartimentés. En indiquant le sommet, la beauté permet de retrouver l'escalier, la spirale ascendante. Le sens. 

 Les tableaux de Marie-Laurence élèvent et nous indiquent les penetralia de notre vie secrète. En effet, le magnétisme qui émane de ses toiles séduit l'âme, non pas la sensibilité superficielle, mais sur le niveau phréatique du sensible. Ses tableaux engendrent une réaction, un décalage, nous aident à faire silence et prendre du recul. C'est "le pas qui rétrocède (das Schritt Zurück)" cher à Martin Heidegger.

On se dit : je n'avais jamais remarqué tel détail, vu un bord de rivière de cette manière... et la grande ville au loin, ressemble, par certains côtés, à ce voyage que j'ai fait jadis en Angleterre. Bref, l'art de Marie Laurence est de l'ordre de la "réminiscence" à l'art où tout un art dit contemporain serait plutôt de l'ordre de la planifiaction.

Une plongeuse. vue sous un autre angle : une priante dans la position de l’Orant, les mains lévées.

Du coup, une sente se dessine dans nos vies, filigranée, comme dans ce tableau où un peintre à chevalet contemple une ville au loin. (Peut-être Londres ?). Nous ne voyons pas le petit pont situé en contre-bas de la butte, mais le peintre, lui, le voit. Il peut l'emprunter pour traverser la rivière et rejoindre la "ville promise". Pourquoi pas le château. Nous renouons ainsi avec la vie réelle surtout car le parcours du héros est inscrit dans notre incosncient profond puisqu'il l'est aussi dans les légendes. 

le château : aboutissement du « parcours initiatique » du héros...

Le voyage du héros, la traversée, peut-être la parfaite métaphore de ce que notre âme voit et que notre regard ne voit pas ou peu, aveuglé par les brumes et les agitations de ce monde ? 

On comprend dès lors mieux pourquoi l'art fascine. Il fait partie de notre plurivers et contient, assûrement, une part que nous ne voyons pas, ces "infrarouges" qui manquent à la partition de notre monde...

Lido Café

Parliament Hill, Hampstead Heath. Londres.

Jusqu'au 30 avril 2025

l’exposition au Lido Café. Londres

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