Le Roi Soleil de Dove Attia, Albert Cohen & Kamel Ouali
par Theothea.com
lundi 14 novembre 2005
Certes, avec presque un quart de dramaturgie vivante accompagnée ponctuellement d’un quatuor à cordes et clavecin, Le Roi Soleil rompt sensiblement avec la série des grands spectacles enregistrés exclusivement en play-back ; ainsi l’apparition de Molière en ouverture montre d’emblée la volonté de situer cette comédie musicale sous les auspices du théâtre classique, où, de fait, des comédiens tels Marie Lenoir (Anne d’Autriche, La Voisin) et Pierre Forest (Mazarin, Molière) vont avoir l’opportunité de livrer des joutes rhétoriques du plus bel effet.
Si, en première partie, la séduction d’un décor (Alain Lagarde) à la fois ingénieux et prestigieux faisant toile de fond à la jeunesse tourmentée du jeune roi (Emmanuel Moire) incline le spectateur aux vertus pédagogiques d’une mise en perspective chantée et dansée, toutefois, après l’entracte, la machine artistique s’emballe dans les chorégraphies de Kamel Ouali, dont l’esthétique sophistiquée semble tourner à vide sur les fêtes de Versailles sans que puissent y être accrochés les réels enjeux du règne solaire.
En effet, si le synopsis thématise essentiellement la biographie de Louis XIV en un parti pris historique où le destin de l’homme d’abord sacrifié à ses devoirs royaux saura inverser les priorités lors de la maturité du souverain, il s’avère que sur la scène du Palais des Sports, le fil rouge de ses tribulations amoureuses avec Marie Mancini (Anne-Laure Girbal), Mme. de Montespan (Lysa Ansaldi) et Françoise d’Aubigné (Cathialine Andria) s’effilochera au profit d’une suite presque ininterrompue de tableaux riches en couleurs, mais sans âme historique véritable.
Faire passer le souffle d’une monarchie absolue, mais éminemment influente sur le plan politique et culturel jusqu’à nos jours, voilà ce qui aurait dû être sous-jacent à une dynamique créatrice qui semble se contenter des normes d’un savoir-faire à la mode.
Au demeurant, le groupe des chanteurs, avec Emmanuel Moire (Louis XIV), Anne-Laure Girbal (Marie Mancini), Christophe Maé (Monsieur, le frère du Roi), Lysa Ansaldi (Mme. de Montespan), Merwan Rim (Le duc de Beaufort), Victoria Petrossillo (Isabelle, la fille du peuple) et Cathialine Andri (Françoise d’ Aubigné), ainsi que la troupe des danseurs, effectuent une prestation de haute valeur professionnelle, où chaque discipline du spectacle musical contribue dûment à égayer d’énergie féerique toutes les mirettes spectatrices.
Cependant si l’ambition clairement affirmée par l’un des tubes est "d’être à la hauteur" (paroles : Lionel Florence & Patrice Guirao / musique : Cyril Paulus), pour autant, Le Roi Soleil n’atteint pas le point culminant de la comédie musicale auquel, par son sujet, il aurait pu prétendre ; il ouvre cependant une brèche conséquente dans cette dynastie du show vers l’art du théâtre.
Photo : promotion presse AS.Communication
LE ROI SOLEIL ** de Dove Attia, Albert Cohen & Kamel Ouali - avec Emmanuel Moire, Anne-Laure Girbal, Christophe Maé, Lysa Ansaldi, Merwan Rim, Victoria Petrossillo, Cathialine Andri, Marie Lenoir, Pierre Forest... - Palais des Sports -