Le roman social burlesque
par CHALOT
mardi 4 juin 2013
En littérature, il existe beaucoup de genres différents.
On arrive même à trouver du "social burlesque" avec des auteurs qui arrivent à traiter un sujet d'activité sociale avec beaucoup d'humour tout en ne détournant pas le lecteur du sujet de réflexion...chapeau l'artiste ou les artistes !
« Adieu Zola »
roman de Romuald OLB OUDJANI
Éditions Atria
Le sujet traité est grave puisqu'il s'agit de la « rénovation urbaine » qui passe par la démolition forcée de barres ou de tours.
Nous sommes à Bobiland dans le 9-3....Toute ressemblance avec une ville existante serait ...fortuite !
Les familles sont délogées et les moins pauvres pourront trouver un logement dans le nouveau projet urbain appelé « Obama », tant pis pour les autres...
Tout le monde n'aura pas accès à ces petits logements sans histoire entourés d'espaces verts
Les habitants de la cité Zola n'acceptent pas la petite musique que leur jouent, le Préfet et Madame le Maire : ils sont là chez eux, beaucoup sont nés ici. C'est une cité pleine de vies qu'ils aiment.
La résistance farouche s'organise contre les pinces de ces nouvelles grues qui grattent étage après étage.
L'auteur a choisi pour aborder cette question le burlesque mais pas à petites doses...
La résistance occupe toujours la tour malgré l'avancée de la démolition, les grutiers sont des passionnés, la police et même l'administration préfectorale sont partagées entre ceux qui veulent coûte que coûte détruire et les autres qui ont entendu parler de jeux sexuels qui se dérouleraient dans un des appartements....Des hauts gradés sont prêts à tout plaquer pour la joie du sexe...On baigne un peu dans le « loufoque » mais c'est vraiment « follement » drôle, désopilant...les mots me manquent.
La folie semble gagner tout le monde, pour le plaisir du lecteur qui est entraîné dans une histoire abracadabrante au milieu de personnages attachants.
Les politiciens véreux sont là bien présents et l'auteur n'oublie pas malgré son choix littéraire de traiter le sujet sur le ton burlesque mais sans oublier le fond.
C'est ainsi que ce préfet aux chaussures pleines de boue venu assister à l'assaut des forces de l'ordre est « habillé pour l'hiver » :
« Comme ses prédécesseurs, ce type se fichait du bien être de Mohamed et de Babacar. Ce qu'il voulait, c'étaient la paix et les félicitations du ministre, c'étaient les dorures à brève échéance pour les services rendus à la nation du 16ème arrondissement de Paris. C'était le retour aux sources. Point. Les marmailles débraillées et basanées, tout le monde s'en foutait. »
De la réflexion et beaucoup de plaisir pour un lecteur qui est invité à assister voire à participer à une démolition pleine de surprises.
Jean-François Chalot