Le souci des plus pauvres

par CHALOT
vendredi 7 novembre 2014

« Le souci des plus pauvres

Dufourny, la Révolution française

Et la démocratie »

Essai de Michèle Grenot

426 pages

Editions Quart Monde

Février 2014

    Une démocratie inachevée…..

 

C’est une étude magistrale et passionnante que nous propose l’auteure qui dans la publication de sa thèse revient largement sur la période révolutionnaire et sur une problématique souvent ignorée ou peu abordée : celle relative à la démocratie et à l’accès de tous les adultes aux droits politiques.

Le suffrage universel n’existait pas et n’a pas été conquis lors de cette révolution française de 1789 :

Les femmes en ont été exclues, ainsi que les pauvres, ceux qui n’avaient pas de domicile fixe et ceux qui n’étaient pas assujettis à l’impôt.

Michèle Grenot nous entraîne dans les combats et les débats qui ont traversé cette fin de siècle révolutionnaire.

C’est ainsi que nous découvrons un personnage historique peu suffisamment connu qui a défendu dès la préparation des états généraux, l’idée que la discrimination était inacceptable.

Tous les citoyens devaient avoir droit à la parole.

Malheureusement les infortunés, ils sont en nombre, seront exclus des lieux de débat et de décisions.

Seule, la constitution de 1793 ira dans la bonne direction malgré ses imperfections : les conditions de cens ( versement d’un impôt) sont supprimées certes mais il faut pour être citoyen disposer d’un domicile..

Dufourny va continuer à œuvrer inlassablement pour la démocratie ouverte à tous, y compris contre son propre camp.

Malheureusement la réaction thermidorienne et la constitution de 1795 vont balayer les quelques avancées obtenues.

Ce quart monde, victime de la famine, de la pauvreté doit pouvoir obtenir enfin des conditions décentes de vie et disposer des droits politiques….

C’est pour Dufourny une exigence ce qui le conduit à continuer jusqu’à sa mort à défendre cette orientation.

Quand l’auteure de cette œuvre passionnante évoque Dufourny, son action et son regard critique sur la société de la fin du 19 ème siècle, on a l’impression à la lecture de ses lignes qu’il existe quelques ressemblances avec la France d’aujourd’hui :

Les vexations suivent et accompagnent l’infortune :

« Nombreuses sont les occasions d’avoir des démêlés avec la justice, endettement, vagabondage, mendicité, non- paiement de loyers, de nourrices….Il ajoute les « tourments de l’âme », ce qui veut dire sans doute l’angoisse du lendemain, de l’absence de toit, de travail….. »

Ce que Louis-Pierre Dufourny ne pouvait pas prévoir, c’est que 220 ans après sa mort, la pauvreté ne serait pas endiguée et qu’un français sur 7 vivrait sous le seuil de pauvreté…..

Le combat qu’il a mené courageusement, sans faiblir est poursuivi aujourd’hui par de nombreuses associations comme ATD Quart Monde afin que chacun et chacune puisse participer à la vie politique et accéder à tous les droits sociaux.

Jean-François Chalot


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