« Le Temps qui passe » lie Elsa Zylberstein à Vincent Perez
par Theothea.com
vendredi 25 mars 2011
Entre mémoire exacerbée et recherche du père, une auteure Karine Silla-Pérez projette sa quête identitaire dans l’écriture autobiographique de sa première pièce de théâtre en imaginant la rencontre de deux êtres fragilisés par le mal de vivre.
Celui-ci et celle-là vont tenter de remonter le temps à contre-courant d’une anxiété diffuse qui les rend sur scène, à la fois fébriles, maladroits et néanmoins plein de compassion respective l’un envers l’autre.
Lui, c’est Vincent Pérez, dans la vie le mari de l’auteure, et présentement le metteur en scène opportun du duo qu’il partage, ainsi, avec Elsa Zylberstein sur les planches des Mathurins.
Ni réellement psychanalyste, ni vraiment détective, c’est plutôt en confident de circonstances que le comédien aborde son rôle en cherchant davantage à le positionner en arrière-plan existentiel d'une scénographie qui devrait amener sa partenaire à déplacer peu à peu son angoisse de la vacuité vers le trop plein d’amour…
Cependant en se privant du regard distancié et professionnellement expérimenté d’un metteur en scène extérieur à ce jeu de famille, l’acteur se dédouble en réalisateur-interprète effacé mais quelque peu aveugle au désarroi implicite de la comédienne, contrainte à surcompenser le fil dramaturgique.
Comme en déséquilibre perpétuel, l’actrice avance dans sa progressive reconnaissance de l’autre, qu’elle soit figure paternelle sublimée ou image de l’amoureux transi, sans un réel tutorat qui, en quelque sorte, lui permettrait de laisser libre cours à l’expression artistique de sa panique intérieure.
Des derniers rangs de l’orchestre, la vue panoramique sur le plateau délibérément nu avec en visibilité ostentatoire tout le matériel d’incendie et de sécurité électrique, met inconsciemment les deux partenaires en situation d’urgences et de premier secours sans qu’il soit possible de les extraire, même dans l’imaginaire du spectateur, de ce huis clos déstabilisant.
Si, en happy end, la quête du père semblerait se résoudre favorablement dans la passion amoureuse, la démarche autobiographique parait, de son côté, vouloir se convaincre des vertus de l’oubli improbable du déficit originel.
photo © Theothea.com
LE TEMPS QUI PASSE - **.. Theothea.com - de Karine Silla-Perez - mise en scène : Vincent Perez - avec Elsa Zylberstein & Vincent Perez - Théâtre des Mathurins