« Les Elucubrations » d’Edouard Baer Celles d’un Homme soudain Frappé par la Grâce

par Theothea.com
vendredi 17 décembre 2021

Nées en pandémie, ces élucubrations à voir, à entendre et à lire correspondent pleinement à l’image d’Edouard Baer, celle qu’il suscite a priori par son apparente spontanéité « sans filtre » mais aussi celle plus existentielle nourrie par sa façon de s’inscrire dans le cycle de la vie comme de la scène.   

  

LES ELUCUBRATIONS
© PASCAL Chantier

  

Fuir l’endroit où on l’attend, atterrir comme un intrus là où rien n’est prévu pour l’accueillir, mettre « les pieds dans le plat » parce qu’il ne sait plus quoi faire de tangible, voici ce personnage improbable qui devrait être en train d’incarner « Malraux » dans un théâtre et qui, en temps réel à la suite d’un mauvais regard de spectateur, débarque inquiet dans celui d' à côté. 

Le voilà maintenant confiant son mal de vivre et son mal d'être dans sa peau autant que dans celle des autres, au premier venu, c’est-à-dire au barman ou plutôt à travers ce dernier au public mais pas le sien, celui venu en effet pour assister à un show intitulé « Au dernier bar avant la fin du monde » alors que ses spectateurs dédiés, eux, seraient censés l’attendre finalement on ne sait où !

Bref, d’emblée tout serait décalé et le resterait, pour notre plus grand plaisir, jusqu’au salut final de chaque représentation.

 

LES ELUCUBRATIONS
© Theothea.com

 

Edouard Baer n’est pas un intellectuel, c’est lui qui le dit mais, en revanche, Edouard cogite en permanence et, avec son sourire entendu, vous incite à suivre sa pensée en train d'éclore en « direct live » comme ces fusées de feu d’artifices qui éclateraient à tour de rôle mais dans le désordre le plus aléatoire qu’il soit.

Cela n’empêche ; cela semble faire sens et ainsi on le suit avec amusement et complicité, comme un seul homme !..

Conviés peu à peu à pénétrer dans son Panthéon personnel, nous pouvons y croiser aussi bien Napoléon que Casanova mais surtout des auteurs bien trempés à l’instar pèle-mêle de Bukowski, Thomas Bernhard, Romain Gary, Camus, Malraux, Jean Rochefort, Boris Vian ou Georges Brassens…

La liste n’est certainement pas exhaustive, mais nous ne sommes pas pour autant au Musée Grévin ; il ne s’agit pas tant de faire étalage de textes prestigieux figés dans l’espace temps que de faire leçons de vie, ici et maintenant.

 

LES ELUCUBRATIONS
© Theothea.com

  

Ces moments de lecture et de souvenance réflexive sont donc toujours contextualisés et ont comme objectif principal de faire choc avec le vécu, la perception, l'émotion qui nous lient autant à la réalité qu'à l’imaginaire.

Si donc Edouard Baer est aussi un passeur tendant la main à ses contemporains pour les sensibiliser à la poésie des relations humaines, il n’en reste pas moins qu’en « lutin » fantasque, il dynamite de l’intérieur la pensée et ne laisse rien passer des éclats implosant face au sourire bouche bée de ses admirateurs.

Car l’ « enchanteur » sait parfaitement l’effet qu’il produit sur les foules ; il en joue, il peaufine ses répliques et son phrasé d’apparence hésitante mais cependant il ne falsifie jamais l’authenticité morale du personnage qu’il incarne.

Le comédien agit en charmeur invétéré assumant complètement cette qualité pourtant non revendiquée en tant que telle.

 

LES ELUCUBRATIONS
© Theothea.com

    

Le public, le sien et les autres, ne s’y trompe pas : C’est tous ensemble qu’ils plébiscitent la performance à nulle autre pareille parce que, de fait, il se pourrait, sauf à s’y damner, que cet artiste apparaisse réellement comme frappé par la grâce.

  

 
photo 1 © PASCAL Chantier
photos 2 à 5 © Theothea.com

  
   
LES ELUCUBRATIONS - **** Theothea.com - de Edouard Baer - mise en scène Eugénie Poumaillou / Isabelle Nanty & Barka Hjij - avec Edouard Baer & en alternance Christophe Meynet / Jack Souvant / Riton Liebman - Théâtre Antoine / Tournée

  
  

LES ELUCUBRATIONS
© Theothea.com

 


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