Les fans en rêvaient, Radiohead l’a fait

par Pallaké
jeudi 11 octobre 2007

Régulièrement, tous les trois-quatre ans, un nouvel album de Radiohead vient bouleverser le paysage musical pop. Le groupe a ajouté une nouvelle pierre à son édifice ce matin. Premières impressions.

Les fans en rêvaient, Radiohead l’a fait. Attendu depuis juin 2003 et la sortie de Hail to the Thief, le nouvel album du quintet anglais est disponible depuis ce matin sur internet. Oui, oui, sur internet ! Ayant toujours accepté et même encouragé le téléchargement musical, le groupe vient s’ajouter aux dernières campagnes visant à remettre en cause l’industrie du disque. Après la distribution gratuite du dernier album de Prince dans un quotidien anglais cet été, Radiohead a donc décidé de sortir son In Rainbow exclusivement en ligne... pour la somme que l’on veut. « C’est à vous de choisir », dit le message du site. Alors que le groupe faisait silence radio depuis le début de l’été, l’annonce a fait l’effet d’une bombe. Lâchée sur leur site il y a tout juste dix jours : « Hello everyone. Well, the new album is finished, and it’s coming out in 10 days. We’ve called it In Rainbows. » (Bonjour à tous. Eh bien le nouvel album est terminé et il sort dans dix jours. Nous l’avons appelé In Rainbow.)

Ainsi les plus chanceux on pu recevoir tôt ce matin le mail contenant le lien du précieux téléchargement. Sur les forums consacrés au groupe, certains avouent comme des gamins avoir regardé fébrilement la barre de téléchargement égrainer ses petits carrés bleus avant de poser enfin un casque sur leurs oreilles et de découvrir le septième opus de Radiohead.

15 step : une entrée en matière tonitruante, toutes voiles électro dehors, guitares, basses et batteries viennent ensuite s’ajouter à la voix claire et reconnaissable entre toutes de Thom Yorke. Le morceau annonce la couleur, l’album sera vif, et c’est une mini révolution pour les connaisseurs.

Impressions confirmées par Bodysnatchers, dont les guitares saturées devraient plaire aux amoureux des premiers albums du groupe. La tendance amorcée par Hail to the Thief, à savoir une certaine libération musicale, loin de l’introspection des Kid A-Amnesiac, se confirme. Thom Yorke ne cache plus sa voix derrière les effets et visiblement ça le soulage. A peine une touche de réverbération, mais le naturel a définitivement repris le dessus.

L’intro bjorkienne de Nude est trompeuse. Le morceau se déroule en une langoureuse balade où le chant est parfaitement épaulé d’un quatuor de corde. De la très bonne pop d’un niveau difficilement égalable ces temps-ci.

Nouveau coup de booster avec Weird Fishes/Arpeggi, le premier titre que les inconditionnels avaient pu découvrir en live il y a plus d’un an. Guitare en arpège et batterie entraînante, la version studio est différente des live entendus l’an dernier. La dernière minute est musicalement radioheadique, lâchant subtilement les chevaux, une apogée tout en retenue.

All I Need constituait une des grosses attentes du CD. Grande gagnante de l’applaudimètre avec Nude des live, elle n’a rien perdu de son charme. Mélodie sombre et torturée, chant lancinant, impression de chaos en arrière-plan, assurément un des grands moments de l’album, surtout la fin....

Le morceau suivant était l’unique inconnu de l’album. Jamais jouée en live, Faust Arp est une balade guitare sèche cordes assez bien maniée, mais en dessous de l’inventivité habituelle des petits gars d’Oxford.

Même chose pour Reckoner, même si on reconnaît clairement la touche, le résultat manque assurément d’un éclair de génie. Rajoutons à ces deux morceaux House of Cards, du bon Radiohead, mais sans plus.

Un pareil sentiment habite Jigsaw Falling into Place qui rejoint Bodysnatcher dans le lâché de guitares. De la pop britannique, plus proche de The Bends que des autres albums du groupe, une certaine maîtrise en plus, visible à la fin du morceau.

Le clou de l’album est par contre un véritable bijou. Vidéotape porte la marque des grands morceaux qui jalonnent l’histoire de Radiohead. A l’instar d’un Pyramid Song (sur Amnesiac) ou d’un Morning Bell (sur Kid A) pour ne citer qu’eux, la rythmique piano-voix prend aux tripes alors que l’environnement musical vous transporte tout droit dans des paysages étranges qu’illustre si bien Stanley Danwood. Néanmoins le son plus direct rappelle bel et bien que Radiohead a changé d’ère. Comme si Thom Yorke et les siens voulaient se débarrasser de l’étiquette de musiciens déprimants qui les suit depuis le début.

Avec un album très rythmé, marqué d’une vivacité nouvelle, assurément ce septième opus possède son identité propre alors que son prédécesseur ressemblait davantage à un assemblage ou à une compilation.

Les fans ont donc de quoi patienter jusqu’au 3 décembre. A cette date sortira (en version matérielle cette fois, mais toujours disponible que sur internet) un second album de faces-B, contenu dans un coffret vinyle-CD-livret achetable pour la modique somme de... 57 euros.


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