« Les Indiffèrents » sont à « L’Oeuvre »
par Theothea.com
jeudi 1er juillet 2010
C’est, en retour, sous le masque de stéréotypes, que les « différents » se cherchent une communauté de résistance à ce qui les empêchent d’être eux-mêmes.
« Tous ensemble, acceptons d’être différents puisque, de toutes évidences, tout le monde c’est nous. »
Portés par cette philosophie de l’intégration, Camille Turlot (livret / acteur) et Eric Szerman (musique) ont conçu une comédie musicale ambitieuse qui, précédemment, a fait, brillamment, ses classes au Théâtre Daniel Sorano de Vincennes.
Entourée de quatre camarades de jeu ( Virginie Bracq, Nelly Célérine, Emmanuel Curtil & Fabrice Fara ) à forte personnalités artistiques, la troupe s’est parfaitement rassemblée sous une perception à la fois universelle et intimiste de la destinée humaine que la mise en scène de Stéphane Cottin articule à l’aide de cabines mobiles aptes à répertorier toutes les cases où la société tente d’enfermer l’individu.
La qualité vocale des cinq partenaires emporte dans un tourbillon poétique chacun des tableaux de la vie quotidienne qui ne sont pas, sans rappeler l’univers des films de Jacques Demy.
Ainsi les pieds dans le réalisme et la tête dans l’imaginaire, la « black », la « grosse », le « bègue », le « travesti » et le « fumeur » vont-ils endosser, par la caricature, tous les clichés qui séparent l’être humain de son semblable, à ceci près, que chaque déviance relative pourrait, aussi, constituer la salvatrice opportunité de se reconnaître dans une solidarité collective.
Alors, quelle meilleure discipline que celle du chant choral pour fédérer la bonne volonté sommeillant au sein de chaque conscience frustrée dans son « idéal du moi » ?
Sur la scène du théâtre de l’Œuvre, la tessiture des voix est un peu à l’étroit dans un volume sonore restreint, mais, paradoxalement, la performance s’en trouve rehaussée, car la perception du moindre dérapage en serait démultipliée.
Le piano a été installé sur la coursive latérale du balcon, côté jardin et c’est, donc, de ce promontoire distancié qu’est accompagné le ballet lyrique des âmes en peine, face à un monde impitoyable.
C’est, en définitive, dans l’abandon de l’auto-complaisance que, peu à peu, sur une période de six mois, les protagonistes découvriront la vertu bienfaisante d’accepter leurs failles existentielles, comme une chance d’être à la fois en paix avec soi-même ainsi qu’avec autrui.
photo © Fannie Hugue
LES INIFFERENTS - *** Theothea.com - de Camille Turlot & Eric Szerman - mise en scène : Stéphane Cottin - avec Virginie Bracq, Nelly Célérine, Emmanuel Curtil, Fabrice Fara, Camille Turlot & au piano : Eric Szerman - Théâtre de l’Oeuvre -