Les jeux vidéo sont-ils de droite ou de gauche ?

par Laurent Checola
mercredi 21 novembre 2007

Un institut de sondage vient de déterminer les goûts vidéoludiques des Américains, en fonction de leurs affinités politiques.

A un an de l’élection présidentielle, les Etats-Unis sont déjà divisés en deux camps politiques. N’y a-t-il pourtant aucun homme providentiel capable de transcender les clivages et de réunir ces deux Amériques ? D’après l’institut Zogby, qui vient de mener une étude de plus de cinq mois, un tel héros consensuel existe, et il s’appelle Super Mario.

L’institut, qui a sondé près de 4 000 personnes représentatives, a analysé les goûts culturels des citoyens américains, en fonction de leurs affinités politiques. Que le sujet soit conservateur, modéré ou libéral, le plombier italien arrive toujours en tête des suffrages.

D’après le sondage, les "Rouges" conservateurs représentent 37 % de la population. Ce public conservateur ne "joue pas beaucoup aux jeux, mais quand il le fait, Madden NFL et Mario sont ses jeux favoris", précise Zogby. Les "Bleus" libéraux, qui "jouent beaucoup plus que les autres", ont pour leur part une majorité relative de 39 %. Mario et les Sims sont parmi leurs favoris.

Quant aux "violets", modérés (24 % de la population), ils choisissent également volontiers Mario, mais aussi Donkey Kong et le jeu de football américain.

Un tel sondage pose en réalité plus de questions, qu’il n’apporte de réponses. "La pratique culturelle sert à différencier les classes et les fractions de classe, à justifier la domination des unes par les autres", commentait volontiers Pierre Bourdieu. Mais que pouvons-nous raisonnablement tirer de ces informations ?

Aux pads, etc.

Nintendo peut se féliciter d’un tel classement, mais aussi Electronic Arts, puisque deux de ses titres Madden et les Sims, sont également cités. Mais comment comprendre que le personnage de Mario, créé par Shigeru Myamoto suscite un tel engouement, qui dépasse les clivages politiques ?

Par ailleurs, en quoi la franchise de football américain, Madden, est-elle, en soi, particulièrement conservatrice ? Est-ce simplement parce qu’il s’agit d’une simulation d’un sport populaire ? Peut-on également faire des Sims, ce simulateur de vie stéréotypée, un modèle de progrès social ?

Comment comprendre également que des jeux comme Halo ou GTA ne figurent pas dans ce classement ? Doit-on en conclure qu’il existe une fracture numérique entre les joueurs ?

Remarquons enfin que la tendance politique ne détermine pas nécessairement les goûts vidéoludiques. L’inverse est également vrai. Face à la politique répressive de certains juges des Etats-Unis, les Videogame Voters essaient de promouvoir des initiatives de résistance. Leur démarche, purement lobbyiste, est en certains points critiquable. Mais c’est également le signe d’une évolution de la politique du jeu, vers le jeu politique.


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