Lips don’t lie

par Yohan
mercredi 4 juin 2008

Scarlett Johansson est décidément une fille épatante.

Non contente de nous éblouir avec sa plastique irréprochable, de nous vamper dans le déjà culte Lost in Translation de Sophia Coppola ou de nous servir ace sur ace de cœur dans le Match Point de Woody Allen, voilà que la divine Scarlett se lance pour de bon dans la chanson.

Un virus qu’elle pourrait bien avoir contracté sur le tournage du premier film de Sophia Coppola, en 2003. Dans la scène du karaoké, elle se montre plutôt à son avantage en reprenant Brass in Pocket des Pretenders.

En 2006, elle renoue avec l’exercice dans l’album caritatif Unexpected Dreams - Songs from the Stars qu’elle enregistre aux côtés de quelques célébrités assez peu universelles.

Plus récemment et à l’image d’une autre sulfureuse aux lèvres rouges, elle pousse la chansonnette en faveur de Barack Obama - a possible future président of the United States - auquel elle déclare sa flamme (politique) rouge baiser.

Mais une actrice, aussi belle que talentueuse, qui pioche dans le répertoire de Tom Waits pour son premier album ne peut laisser de marbre le fan du chanteur à la voix d’outre-gorge que je suis.

Anywhere I Lay my Head est donc sa première livrée (sortie il y a moins d’un mois), un album composé essentiellement de reprises.

Onze titres enregistrés en cinq semaines au Dockside Studios sous la houlette de l’avisé producteur David Sitek, Scarlett se contentant de co-signer un morceau sur les onze proposés. Signalons pour l’anecdote un duo avec David Bowie.

Pour se faire une petite idée de tout cela avant bourse délier, rendez-vous sur la vitrine de la pulpeuse chanteuse ou encore sur le site de la Fnac.

Sur les quelques morceaux qui nous sont proposés à l’écoute, on relève comme un parfum de Sinead O’Connor voire de Marianne Faithfull, le tout étant emballé dans un style pop futuriste un peu hors du temps, mais de Tom Waits, point vraiment.

Oublions vite l’interprétation monocorde et ennuyeuse de Falling Down de Waits, car le reste vaut bien mieux.

L’autre bonne surprise est justement de faire un croche-pied à la vogue du disque d’actrice, tant celui-ci est à bien des égards surprenant et déroutant, loin de l’icône glamour, dans un genre à classer au rayon des curiosités alternative/indie, comme il est dit sur son MySpace personnel. Un album au demeurant assez peu grand public, et qui n’en est du coup que plus attachant.

Pour ma part, j’aurai plaisir à l’écouter en route de nuit plutôt qu’en lounge café.

Pour en revenir à l’univers de Tom Waits, il sera aisé de préférer l’original à la copie, même si la copie a de bien jolis contours, généreux, originaux et sincères à la fois.

Pour cette raison, je me garderai donc de conclure sur un commentaire laconique du genre : rendons-lui hommage de nous avoir fait redécouvrir un chanteur mythique.

En effet, il se pourrait bien que la belle Scarlett ait d’autres arguments à faire valoir avec son registre vocal si particulier.

Ainsi, sa reprise isolée de Summertime (Unexpected Dreams) nous laisse entrevoir d’autres répertoires (jazz notamment) que lui permet un joli timbre dans les graves, plutôt envoûtant.

Une inclinaison immodérée pour les jazzeuses scandinaves me pousse à espérer qu’elle ose demain s’y aventurer un peu plus.

Mais la pureté apparente de sa démarche musicale me dit qu’il faudra la suivre là où elle voudra bien aller.

Et plutôt qu’un "bon sang danois ne saurait mentir", j’ose pour ma part un "lips don’t lie"...


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