M. Night Shyalaman : héritier d’Hitchcock ?

par JG7
lundi 16 juin 2008

Phénomènes de M.N. Shyalaman réinvente le film catastrophe en donnant au vent, aux arbres et aux plantes le premier rôle... Décoiffant !

Les films sur la propagation d’un virus fatal à l’humanité ont la cote en ce moment. Entre L’Armée des 12 singes, Mission impossible 2, et les films d’horreur tels que 28 jours plus tard ou le virtuose Rec, on pourrait penser que les possibilités de ce type de scénario ont été épuisées. Mais Shyalaman invente le thriller "beckettien"  : les arbres et les plantes attaquent l’humanité, et l’on ne saura jamais vraiment pourquoi ça commence, et pourquoi ça s’arrête, comme Les Oiseaux d’Hitchcock devenus soudainement meurtriers. Evidemment, il ne faut guère s’attendre à des rebondissements, à une résolution de l’intrigue. Le scénario est minimaliste.


Par contre, les scènes de "terreur" sont très réussies, précisément parce qu’elles sont absurdes - le Mal terrifie d’autant plus qu’on ne peut le comprendre  : une femme s’enfonce l’air de rien une aiguille dans la gorge, un homme se glisse sous une tondeuse à gazon, les ouvriers sautent du haut de leur chantier... De nombreux plans d’ensemble permettent de filmer avec distance l’insoutenable : toute une ville de pendus, un homme qui se coupe les veines avec un bris de glace... Autrement dit les choix de mise en scène sont très simples, voire classiques, mais efficaces. La mise en scène de Shyalaman reprend un système de mise en scène "à la Hitchcock", mais en la mettant au service d’une thématique moderne et propre à lui-même : une réflexion "post-trauma 11-Septembre" sur ce qui reste de l’humain lorsque celui-ci est mis en danger.

Comme tout bon film d’épouvante, le fond du film est bien plus politique et pessimiste qu’il n’y paraît. On pourrait même parler de film nihiliste. En effet, les Nord-Est-Américains fuyant leurs Etats contaminés pourraient bien être nommés "les derniers des hommes". Loin des pompiers sacrificiels et altruistes du film d’Oliver Stone, les Américains face au danger révèlent leur lâcheté et leur indifférence. "Chacun pour soi", telle est la devise de l’homme en panique. On se souviendra probablement longtemps de cette scène où deux adolescents frappent à la porte d’une maisonnette pour y trouver refuge et sont accueillis par le canon anonyme d’un fusil glissé entre deux persiennes.

En bref, Shyalaman signe ici l’un de ses meilleurs films.


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