Ma nouvelle assuétude

par C’est Nabum
samedi 18 janvier 2014

Le bonimenteur se dévoile

Le feu sacré des planches …

Assurément, je ne parviens toujours pas à y croire. Je me consume d'une nouvelle passion, folle, dévorante, incroyablement exaltante. Moi, qui pour de multiples raisons, avais toujours fui le devant de la scène, m'éloignant systématiquement des appareils photographiques et des objectifs, préférant l'ombre à la lumière, voici que je me retrouve sous le feu des projecteurs (même bien modestes, ils font de l'ombre à ma pudeur perdue).

Longtemps, je me suis caché derrière mes textes, exigeant que d'autres les lisent à ma place. Je trouvais prétexte dans mes défauts de langue, mon image trop colorée, ma crainte et autres excuses dissimulant déjà des caprices prétentieux. Puis, certains se sont chargés de me pousser à l'eau, de me jeter dans le petit bain de la représentation.

C'est d'abord dans l'espace restreint d'un bateau à passagers que j'ai forgé ce personnage étrange qui s'est substitué à celui que j'étais autrefois. Le Capitaine m'a mis le pied à l'étrier, a retiré mes mots derrière la lecture desquels je me dissimulais complaisamment. Il m'a donné ce plaisir d'embarquer les autres à bord de mon bateau de mots.

Avec lui, je disposais d'un public captif. Les douze passagers ne pouvaient que m'écouter ou bien rejoindre la rive à la nage. L'apprentissage a sans doute fait quelques victimes et causé des exaspérations qui eurent la délicatesse de ne point éclater ouvertement. J'apprenais le métier et me débarrassais d'une timidité maladive, bien cachée derrière des rebuffades de matamore.

Ce même capitaine m'a invité ensuite à tenter l'expérience de la terre. Dans son restaurant, j'avais face à moi, des auditeurs à la bouche pleine. Redoutable public malgré lui ; il n'est pas simple d'imposer la fable quand l'assiette est pleine ou la conversation enflammée. J'ai connu de terribles désillusions quand la langue s'est dressée comme une grande muraille rédhibitoire. Je me souviens encore de ce groupe de chinois qui voulait découvrir la Loire et qu'aucune de mes histoires ne déridèrent …

Il me fallait franchir le pas. Cesser d'imposer ma présence à un public qui n'avait rien demandé et oser le petit spectacle autonome. Ce sont mes amis du Liger club et du Musée de la Marine de Chateauneuf qui m'ont permis le grand saut. Je me suis levé et j'ai raconté la Loire, créant le personnage du Bonimenteur, maladroit conférencier étourdi, curieux conteur qui se perd en chemin, pierrot Liger qui arpente les rives pieds nus.

En deux années, je me suis construit un répertoire de contes fait d'inventions et d'emprunts, de transformations et de parodies. La Loire a tenu le premier rôle, devenue le prétexte d'une logorrhée absurde et poétique. Je pouvais aller sans risque sur ce fil étroit puisque personne d'autre ne s'y aventurait.

C'est alors que les circonstances ou le hasard m'ont mis en présence de musiciens. La fortune de rivière, un chanteur tombé dans l'eau et qui m'avoua son désir de raconter une guitare au fil de l'eau. Il n'eut pas longtemps à attendre. Le texte espérait son heure, oublié qu'il était dans la mémoire de mon ordinateur. Depuis, il y eut bien d'autres textes qui ne demandent encore qu'à trouver mélodie.

J'ai regardé à distance les premiers pas de mes chansons ; heureux mais bien vite frustré, d'autant que lors du Festival de Loire, on me repoussa sans ménagement, me laissant sans voix et surtout sans auditoire. De vieilles rancunes qui ne s'éteindront jamais. Il ne fait pas bon se gausser du Prince !

Pourtant, j'ai persisté. La BouSol m'a montré la voie à prendre. J'ai marié ma destinée à leur belle aventure et découvert la scène, la vraie, celle qui vous place au-dessus des spectateurs, l'espace d'un spectacle. Mes premiers pas furent hésitants, maladroits, incertains, certes, j'ai attrapé pourtant ce virus merveilleux : l'exaltation de la représentation. J'ai retrouvé le stress qui nourrissait ma passion ovale, j'ai retrouvé en même temps ces émotions qui vous submergent et vous font perdre le sommeil. J'avais ma nouvelle drogue !

Celle-ci est redoutable. J'en demande toujours plus, rêvant de belles salles, de spectateurs enthousiastes et d'auditeurs transportés. Je me vois sillonner les rives de notre Loire, allant de ville en ville avec mes amis pour embarquer un public de plus en plus nombreux sur notre bateau de mots et de notes. Illusions sans nul doute mais ce nouveau rêve me permet de tenir dans une profession de plus en plus ingrate et douloureuse au fil du temps.

Si vous voulez alimenter ma folie : rien de plus facile. Il vous suffit de nous contacter pour une soirée de rêves et ballades, d'histoires et de chants de Loire et de mer. Je vous promets que vous ne serez pas déçus. La BouSol propose un spectacle qui provoque maintes émotions dans des registres fort différents. J'ai vu un monsieur pleurer après une fable, d'autres avoir la chair de poule en écoutant une chanson et beaucoup rire aux éclats de nos pitreries. Comment ne pas vouloir recommencer ?

Affichement nôtre.

 

Le groupe La Bou Sol au complet sur scène

 


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