Ma Wii et moi

par jamesdu75
mardi 11 décembre 2007

Il y a un an, la Nintendo Wii sortait en France. Après un an de vie et un engouement médiatique sans précédent qu’en est-il à présent ?

Flash-back :

9 décembre 2006, la France vient d’ouvrir son marché à la Nintendo Wii, après s’être plus que vautré (financièrement parlant) avec ses deux précédentes machines de salon (Nintendo 64 et Game Cube). Nintendo revient dans la course des consoles. Ses atouts : un prix jusqu’à deux fois moins élevé que ses concurrentes Xbox 360 et la PS3 qui sortira quelques mois plus tard. Ce qui fera aussi sa différence, c’est surtout sa façon de jouer.

Revenons un peu sur la tournure des événements, quand Nintendo annonce en 2005 sortir une console Next Gen (nouvelle génération). Tout le monde parie sur une concurrente directe des futurs Xbox et Playstation, mais Nintendo, fort de son passé et des nombreux échecs, le géant japonais part sur une autre base. Nintendo annonce que la console utilisera une architecture pratiquement similaire à la GameCube, une sorte de Game Cube boosté à mille lieux des annonces de la PS3 et son processeur Cell digne d’un calculateur nucléaire. La communauté vidéo ludique pouf de rire. Quand quelques mois plus tard, son système de manette est dévoilé. Tout le monde est septique de l’utilisation de ces deux choses, face à la sacro-sainte manette. Enfin, la liste des jeux pour sa sortie se fait attendre et seul le portage Game Cube d’un nouveau Zelda et un Rayman dont on sait peu de choses, réconforte quelque peut. Rien ne donne vraiment les signes d’une réussite et seul Madame Soleil aurait été capable de dire que la console aurait un tel succès.

Au même moment, la Nintendo DS, héritière des Game Boy (Color - slim et Advance -SP) démarre vraiment doucement dans le monde, excepté dans son fief, le Japon, quelques Killer apps (jeux vidéo qui se vendent en masse) tel que Wario Ware font leurs apparition, mais l’engouement n’est pas là. Sa concurrente la PSP de Sony, qui doit sortir quelques mois plus tard, est censé la pulvériser, or plusieurs erreurs de la part de Sony font qu’elle se vend mal. Les causes sont : une suite de portage de la Playstation 1 souvent raté, innovation de gameplay inexistante, un prix trop cher, ludothèque faible, la durée de sa batterie, des problèmes d’écran, échec cuisant du format UMD pour les vidéos et aucune nouveauté. Tous ces facteurs donnent du poids à la DS qui commence à s’imposer via des jeux plus intéressants et très familiaux. A cette époque, Nintendo mise déjà sur le gameplay novateur qu’est la DS, mais peu de personne l’écoute. Et, il faut bien l’avouer, un stylet tactile et l’équivalent d’une souris n’ont rien de novateur si aucun jeu n’en tire profit. Il n’empêche qu’à l’approche de la Wii, la DS commence à avoir du succès grâce à Nintendogs notamment (un Tamagochi plus qu’évolué) et quelques autres jeux qui amèneront une partie de la population très refractaire, les filles à s’intéresser à la console.

La Wii est bientôt en France, les critiques qui l’ont en version japonaise sont enthousiastes, tout le milieu vidéoludique en parle et même TF1 fait deux longs reportages dessus, au journal de 20 heures. Au fur et mesure que la date de sortie approche, le tapage médiatique est plus important et tout le monde la veut, même ceux qui n’aime pas les jeux vidéo. Après sa sortie, il va falloir attendre plusieurs mois, avant que les stocks restent pleins pendant une journée. Des prix exorbitants vus sur Ebay tel que 1 000 € ou des bagarres dans certains magasins (du vécu à Fnac Italie 2, le jour de sa sortie), reviennent en titre d’article de presse. Pourquoi ?

D’abord parce qu’il est très rare qu’une entreprise de jeux vidéo s’intéresse à toutes les parties de la cellule familiale. Ensuite pour le prix de la console, 250 € pour une console neuve c’est peu face à la Xbox 360 qui était à plus de 350 € et 600 € pour la PS3. Le gameplay y est pour beaucoup, la Wii n’utilise pas de manettes avec un nombre incalculable de bouton, mais une télécommande (Wiimote), forme devenue conventionnelle pour une grande partie de la population et une petite chose au nom imprononçable (nunchunk), mais facile à prendre en main et avec 2 boutons. Les jeux n’ont pas de réalisme, mais des graphismes mignons (des mauvaises langues, comme moi ou d’autres, diront enfantins et peu développés). Toutes les mamelles sont là pour un buzz médiatique et économique qui se transformera très vite en effet de masse. Le rouleau compresseur est en marche.

Un an plus tard la Wii est toujours en tête des ventes de n’importe quelle couche de la population, dans n’importe quel pays (en France 1 million). Big N se goinfre et son chiffre d’affaires explose de plus de 70 %, du jamais vu dans le milieu. On parle même d’une possible rupture du stock aux Etats-Unis, en Europe et Japon pour Noël. Commençons par le côté multimédia de la console, les chaînes Wii sont moyennement voire peu utilisées, selon différent sondages. Les étoiles (offertes par l’achat d’un jeu ou tout autre article Nintendo) peuvent enfin être converties en étoile comme beaucoup d’autre pays, afin de se procurer diverses choses plus ou moins sans importance (émulateurs, navigateur Opera, goodies, etc.). Les émulateurs d’ancienne console 8 et 16 bits sont bien présents, le catalogue est complet et ne cesse de croître, le tout se vend bien. Ce qui est étonnant, sachant que seule la population 25-40 ans a vraiment connu cette période et peut avoir la nostalgie d’y jouer et surtout de les payer. Des jeux de plus de dix ans avec un prix plus qu’excessif, sachant qu’ils peuvent être téléchargés gratuitement sur le net légalement, ne sont pas la panacée de tous les utilisateurs (7,8 millions de jeux sont téléchargé pour une somme de 21 millions d’euros depuis sa sortie). Enfin, le navigateur Opéra (payant), mais il n’y a aucun chiffre réel d’utilisation et seul, depuis la venue de la possibilité de l’utilisation d’un clavier et souris USB, la navigation se fait confortablement. La possibilité d’un lecteur de film DVD est possible, mais n’est pas réellement l’ordre du jour en principe (des problèmes de droit de licence pour le MPEG2).

Et enfin les jeux, le catalogue de la Wii est assez complet pour une console qui est sortie, en tout, il y a un an et demi, c’est une certitude, mais la qualité c’est autre chose. N’oublions pas que les jeux Game Cube sont compatibles ce qui donne une bonne ludothèque. Déjà la Wii est livrée avec cinq jeux, plus des démonstrations techniques que des jeux, mais les vieux possesseurs de la Nes se rappelleront Punch Out avec le jeu de boxe, ou les premiers jeux de sport sortis à cette époque-là. En France 150 jeux sont sortis, ce qui est exceptionnel pour une console aussi jeune. Parmi eux, une dizaine de Killer apps :

Même si la qualité et le gameplay sont là, un grand nombre d’autres jeux ont une réalisation bâclée, une durée de vie brève et sont pour beaucoup uniquement des portages mal fichus qui font gonfler le nombre de jeux disponible. Un autre constat, parmi les killer apps cités précédent, il n’y a absolument aucun jeux originaux. Tous sont des suites, des portages ou des licences renouvelées à l’infinie (qui a dit Pokémon). Si la population peu utilisatrice de ce genre de jeux (casual gamers) se contente de certains jeux comme Rayman, à raison de moins d’une heure de jeu par jour, le nombre de gamers, hard core gamers (moyen et gros joueurs), restent très souvent sur leur faim. A part Zelda et Mario, la durée de vie de nombre de ces jeux ne dépasse 15 heures (assez peu pour 40 €). Les autres jeux, que je n’ai pas cités, sont très souvent ciblés jeune. Très prochainement un « jeu » Wii fit, livré avec une sorte de pèse-personne sortira en France, il sera plus proche d’un coach perso pour du sport et fera lui aussi parti certainement des killer apps de la console, mais aura une place difficile en temps que véritable jeu.

Est -ce une erreur. Si oui, la faute à quoi ou à qui ?

D’abord les éditeurs, qui bâclent au niveau du graphisme, le nunchunk et la Wiimote sont rarement utilisés à leur juste valeur, et se comportent comme une manette assez spéciale, loin de ses possibilités. Ensuite, viens l’importation, le nombre de jeux japonais de la console est peu importé, la faute aux distributeurs, qui ne veulent pas traduire et ont une fâcheuse tendance à éluder des genres de jeux prisés par les Japonais comme les jeux de dragues ou ceux sans intérêt, mais amusants, voir les RPG. Une parenthèse pour dire que le phénomène n’est pas nouveau, on le retrouve sur les consoles de Sony, Nintendo ou d’autres fois chez Sega (un grand nombre de ceux sortis sur PS1 viennent à peine d’être traduits en français sur la PSP). Seul la Xbox à l’air d’être épargnée.

Ensuite Nintendo, qui a toujours eu une politique du « Cachez-moi ce sein que je ne saurais voir ». Excepté Resident Evil 4, très peu de jeux sont destinés à un public adulte (DBz), les autres jeux entrent dans la longue catégorie des jeux mal foutus et familiaux, ce qui n’est pas un mal, mais sont pour ainsi dire aussi profonds qu’un cendrier. Il devait y avoir Manhunt 2, un jeu ultra violent à la réputation sulfureuse, mais Nintendo a refusé. Un GTA link, ou Tekken like serait plus que les bienvenus pour agrémenter la ludothèque, mais non, Big N s’y refuse. A part quelques RPG, rien de vraiment neuf n’est en vue. Résultat, en plus de se retrouver avec des jeux aux graphismes très enfantins, on assiste à une simplicité des jeux au niveau scénaristique et d’utilisation de ses manettes qui devait être son fer de lance.

Un autre problème venant de Nintendo, l’argent. Si le prix de la console, des jeux et autres accessoires est bien moins cher que la concurrence, pour les développeurs de jeux, il en est tout autre. Le prix d’un kit de développement et exploitation est exorbitant (cela a toujours était le cas chez Nintendo) par apport aux facilités de développement, encore une fois les capacités de la console poussent nombre de développeurs à rentabiliser les jeux rapidement (ce qui est le cas pour les autres consoles certes), mais, en plus de bâcler le background, bâcle aussi les graphismes et le son. A noter que Nintendo est le seul développeur de console qui prend une marge supérieure à 50 % du prix du jeu vendu. Excepté pour la Wii, il n’a gagné de l’argent presque uniquement que sur la vente des jeux et accessoires.

Ma Wii et moi, pour conclure. Il y a un an, j’étais heureux et enthousiaste, à présent je suis déçu, le nombre de jeux moyens ou mauvais est en augmentation. Le moustachus est pas mal, mais, bon gré, mal gré l’innovation du gameplay, j’ai toujours l’impression de le faire courir pour attraper des étoiles ou autres (une légère parenthèse sur Gamecube de Mario Sunshine, n’a pas poussé Nintendo à changer des habitudes vieille de vingt ans). Les autres killer apps sont bons, mais, en plus d’une durée très souvent courte, le côté enfantin revient vite et à force de couleur rose bonbon et bleu azur, cela donne légèrement une lassitude. Pour résumer, je dirais qu’en ce tournant définitivement vers un public de casual gamers, avec une politique proche de Disney, Nintendo se met à dos le noyau dur des joueurs et mange la plus grosse part des utilisateurs potentiels. Parmi les prochains jeux de la console, peu ont des chances de la faire sortir du droit chemin, proche du modèle happy Family, la console se voulait innovante, elle l’est physiquement, mais logiciellement, ça ne suis pas. Quelques bains de sang, graphisme plus adultes, des jeux aux scénarios plus poussés et pourquoi pas des culottes qui s’envolent permettraient à Nintendo de rafler une encore plus grosse part du gâteau et contenterait toutes les couches de joueurs. Notons quand même, que la console n’a pas de webcam à la Eyetoys de Sony ce qui est étrange, et ne dispose pour l’instant d’aucun jeu totalement en ligne (Animal Crossing n’utilise que très peu des fonctions on-line). Cela étant, la Nintendo est en passe d’entrer dans l’Histoire pour son nombre de consoles vendues dans le monde, son prix de revient (certains cabinets d’experts ont estimé que sa fabrication était de l’ordre de 150 €) et d’avoir réussi un pari difficile de mettre tout une famille devant une console. De plus, elle a littéralement pulvérisé le nombre de vente par rapport à ses concurrents (voir le tableau). La Wii est devenue plus qu’une console de référence, c’est un modèle économique, une des raisons pour lesquelles peut-être Nicolas Sarkozy veut aider le développement des jeux vidéo en France.

Quelques chiffres pour les consoles de salon (par ordre Wii, Xbox 360 et PS3)


Nombre de consoles vendues (en million) : 14,25 / 13,37 / 6,00

Ratio jeux/consoles vendus  : 3,44 / 6,59 / 3,58

Prix de la console à ce jour : 250 € / 279 € à 449 € / 499 € à 600 €

Date de sortie en France : 9 -12 -2006 / 02-12-2005 / 23-03-2007

S’il est dur de comparer la Wii à la PS3 sur le marché Français, on voit quand même un ratio largement différent pour le combat Wii/ Xbox360 (sortie un an avant), en octobre dernier en Angleterre, il se vendait 6 Wii pour une Xbox360.

Pour la petite anecdote sur la bagarre de la Fnac Italie 2, non ce n’est pas moi qui me suis battu, mais deux pères de famille.

Wii fit, est-ce vraiment un jeu ?


Wii Fit E3 2007
envoyé par NonWii

La Wii fait des émules. Copie conforme fait par les Chinois, la Vii. Non ce n’est pas une blague, elle coûtera, 100 €.


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