« Maldoror » d’après Lautréamont à la Maison de la poésie
par Theothea.com
mercredi 23 juin 2010
Effectivement, en voyant surgir un mafioso digne simultanément, à lui seul, des deux Blues Brothers, le syndrome lunettes noires rallume instantanément à la conscience, le mauvais génie de Gainsbarre au zénith de l’alcool enfumé par des volutes en transe.
Avec une maîtrise, so perfect, de toutes les fulgurances du mauvais garçon en retour de l’enfer, David Ayala, puisque telle est son identité au civil, cueille « le vieil océan » plein d’énergie psychédélique pour initier un véritable chemin de croix le menant au culte du « pou » et à sa cohorte paranoïaque clamant : « Je suis sale ».
Aussi, alors que le lecteur de microsillons sur scène donne le relais aux plages polyphoniques dont le Pink Floyd conserve le secret éternel, il s’opère comme un décalage abyssal entre la noirceur des propos, le cauchemard d’une inhumanité en déroute infinie, face aux appels harmoniques d’un lyrisme planant sous substances illicites.
Ce contraste quasi infernal en son essence, produit à rebours, une catharsis totalement bénéfique à l’incompréhension des démons intérieurs, face à l’apocalypse.
Propulsé à la fois par la gnaque du comédien et les vibrations électro-acoustiques de la symphonie, les six chants composés par Lautréamont convergent, en définitive, vers un centre de gravité, où l’espoir d’une inversion du tragique s’établirait en point d’ancrage exclusif à transformer en viatique.
David Ayala s’en tire, sans une égratignure à l’ego, alors que la mégalomanie de son personnage scénique éclate en mille facettes à consumer, de mille feux, l’insoutenable.
Un spectacle à donner le vertige exaltant, avec le sourire grimaçant aux coins des lèvres.
photo © Patrick Fabre
MALDOROR - d’après Lautréamont - mise en scène : Pierre Pradinas - avec David Ayala - Maison de la Poésie -