Marcel Mouloudji, un artiste entier

par fatizo
mardi 5 novembre 2013

Marcel Mouloudji est né le 16 septembre 1922 à Paris.

Il est le fils d’un ouvrier maçon d’origine Kabyle, et d’une mère bretonne, comme il le dira dans les années 70 "Catho par ma mère, musulman par mon père". Sa mère sera internée après avoir sombré dans l’alcoolisme et la folie alors que Marcel n’a pas encore 10 ans.

La famille vit très modestement dans le XIXème arrondissement. Très tôt, le jeune Marcel est imprégné de politique en accompagnant son père dans les meetings du parti communiste. Enfant, avec son frère André, ils exercent une quantité de petits métiers dont celui de chanteur de rue.

Durant son adolescence, il monte toujours avec son frère André, un petit groupe au sein des faucons Rouges, un mouvement de jeunesse de gauche.

En 1935, il fait la connaissance de Sylvain Atkine, metteur en scène dans le Groupe Octobre, organisation affiliée à la Fédération des théâtres ouvriers de France. C’est là qu’il sera remarqué par de grands noms de la scène comme Jean-Louis Barrault, qui l’hébergera et l’introduira dans le milieu artistique de Paris. Il suivra également des cours avec Charles Dullin.

A l’époque du Front Poulaire, et avec de nombreux autres artistes solidaires des grandes grèves de 1936, il joue dans les usines.

C’est aussi à cette époque, et alors qu’il n’a que 14 ans, qu’il démarre au cinéma grâce à Jacques Prévert, qui lui fait obtenir un petit rôle dans Jenny de Marcel Carné en 1936. Il enchaîne alors film sur film.

Un des plus célèbres d’entre eux, est "les Disparus de Saint-Agil" de Christian-Jaque en 1938.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, Mouloudji file dans le sud de la France, à Marseille, en zone libre, avec le Groupe Octobre. C’est là qu’il fait la connaissance du chanteur Francis Lemarque.

Grâce à son frère André, il évite le STO . Mais Paris lui manque, et assez vite il repart pour y vivre en semi-clandestinité tout en y effectuant un tas de petits boulots.

C’est aussi pendant la guerre, en 1943, qu’il fait la connaissance de Louise Fouquet, dite Lola, qui deviendra sa femme et son agent artistique jusqu’en 1969.

C’est à cette période également qu’il se décide à écrire "Enrico", un livre de mémoire (il a 20 ans !) qui reçoit le Prix de la Pléiade à la Libération en 1945.

Après guerre, tout en poursuivant une carrière au cinéma, Boule de Suif (Christian-Jaque, 1947), Nous sommes tous des assassins (André Cayatte, 1952) etc…., il s’intéresse de plus en plus à la chanson, dans les cabarets en vogue, il chante Boris Vian ou Jacques Prévert.

En 1951, Mouloudji enregistre son premier disque avec des titres comme "Rue de Lappe", "Si tu ‘imagines" et "Barbara".

C’est Jacques Canetti, le fameux agent artistique qui a tant fait pour la chanson française, qui fait enregistrer "Comme un p’tit coquelicot" à Mouloudji. Cette chanson obtient un énorme succès et remporte le Grand Prix du disque 1953 et le Prix Charles-Cros en 52 et 53.

"Un jour tu verras" en 1954 obtiendra un succès aussi important.

Toujours engagé et militant pacifiste, Mouloudji devient une cible politique quand il interprète au Théâtre de l’Œuvre le jour même de la chute de Diên Biên Phu, Le Déserteur de Boris Vian.

La chanson est interdite d’antenne. Par la suite, d’autres titres de son répertoire connaîtront le même sort.

Interprète des textes des autres jusqu’à cette période, il commence à écrire de plus en plus à la fin des années 50. Cette fois la chanson prend la première place dans sa vie.

Lorsque surviennent les événements de Mai 68, le militant politique reprend la route pour chanter dans les usines comme en 1936. Pour Mouloudji les convictions prédominent sur la carrière.

C’est également à cette époque qu’il fait la connaissance de la comédienne Lilianne Patrick, avec qui il partagera sa vie désormais.

En 1974, il participe à l’enregistrement d’un album consacré aux chants et poèmes de la Résistance. On l’entend également sur une compilation de chants ouvriers et une autre sur la Commune.

Mouloudji continue sa route sans se soucier des conséquences. Il sait que de toutes façons il sera très peu diffusé en radio.

L’essentiel c’est que le public lui reste fidèle. C’est ainsi qu’en 1974 il est accueilli avec enthousiasme lorsqu’il se produit sur la scène du Théâtre de la Renaissance, puis à l’Olympia en septembre 75.

En 1976, il enregistre avec l’accordéoniste Marcel Azzola une anthologie du musette.

Dans les années 80, il continue de chanter, on le retrouve entre autres en 1987 à l’Élysée Montmartre. Puis il consacre plus de temps à l’écriture et à la peinture, ses anciennes amours.

A 70 ans, en 1992, une pleurésie lui enlève en partie sa voix.

Cependant il se produira encore par exemple le 17 novembre 1993, dans la carrière de la Sablière à Chateaubriant, (Loire-Atlantique), où avaient été fusillés 27 communistes, dont le jeune Guy Môquet, le 22 octobre 1941.

En mars 1994, il est invité au festival Chorus des Hauts-de-Seine en région parisienne pour un hommage. Puis il donne un ultime récital près de Nancy en avril.

Il s’éteint le 14 juin 1994 alors qu’il avait encore de nombreux projets. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

 

 


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