Michel Polnareff : En attendant un album hypothétique, retour sur un génie
par fatizo
samedi 8 février 2014
Nous avons appris il y a quelques semaines qu’un album de Michel Polnareff serait en préparation pour le courant 2014, année de ses 70 ans.
Mais avec cet artiste atypique, méfions-nous. Tant que l’album ne sera pas sorti, il faudra rester prudent.
Pour patienter, et espérer qu’il y aura bien une suite à l’album Kâma Sûtra, paru en 1990, regardons un peu l’oeuvre de ce compositeur de génie.
C’est à Nérac dans le Lot-et-Garonne que voit le jour Michel Polnareff, le 3 juillet 1944. Une fois la guerre terminée, la famille est de retour à Paris. Sa mère, Simone Lane, est une ancienne danseuse, et son père, Leib Polnareff, connu sous le nom de Léo Poll, composera notamment pour Édith Piaf ou Yves Montand. Il sera également pianiste pour Édith Piaf, Charles Trenet ou Jean Sablon.
Avec de tels parents, la fibre artistique du petit Michel voit rapidement le jour.
Dès l’âge de cinq ans il apprend le piano. Élève brillant, à onze ans il enlève un premier prix de solfège au conservatoire de Paris. Il apprend alors la guitare, et après son bac et son service militaire, il se met à jouer dans la rue.
Quelques mois plus tard, en 1965, il remporte le trophée "Disco Revue", un concours rock, organisé à la Locomotive . Le premier prix est un contrat chez Barclay. Mais Polnareff, déjà à contre courant des conventions, refuse son prix.
C’est grâce à un ami de classe, Gérard Woog, qu’il rencontre le patron d’Europe1, Lucien Morisse, qui le fait signer sur le label AZ. Lucien Morisse devient son manager, et permet à Michel Polnareff d’enregistrer son premier disque, "La Poupée qui fait non". Afin de posséder ce qui se fait de mieux à l’époque, Michel Polnareff part enregister à Londres. Il réussit l’exploit de faire jouer le guitariste Jimmy Page (futur Led Zeppelin), sur ce premier enregistrement.
Dès sa sortie en 1966, le titre est un énorme succès.
Bien loin des chanteurs yéyés qui, bien souvent ne font qu’adapter les tubes anglo-saxons, Polnareff débarque avec ses propres compositions au style très mélodique. Cette différence est particulièrement flagrante lorsque sort "Love me please love me", une mélodie magique et romantique avec sa célèbre introduction au piano.
La carrière de Michel est lancée et les tubes s’enchaînent : "Sous quelle étoile suis-je né ?" et "L’Oiseau de nuit" en 1966, "Le Rois des fourmis" ou "Ame câline" en 1967 et "Le Bal des lazes" en 1968.
En 1967, il reçoit en Allemagne le Prix du chanteur étranger le plus populaire. La presse anglaise s’intéresse à son talent. Ses tubes sont classés dans les charts européens. et il enregistre ses titres en anglais, espagnol ou italien.
De plus le chanteur sait jouer avec son image : lunettes noires, pantalons moulants, provocations ambiguës, coiffures variées, Polnareff sait faire parler de lui.
Dans une société française encore bien frileuse, Michel Polnareff va venir bouleverser les choses établies .L’artiste est impossible à cataloguer et fait tout pour cela. A son génie musical, il ajoute la provocation . Certains des textes de ses chansons comme "L’Amour avec toi"ne manquent pas de choquer les âmes sensibles. Cette chanson sera interdite d’antenne avant 22 heures.
En 1968, il monte pour la première fois sur la scène de l’Olympia après l’avoir refusé l’année précédente, ne se sentant pas encore prêt . Parallèlement, il continue d’aligner les succès avec des morceaux comme "Tous les bateaux" ou "Dans la maison vide", etc….
Après une cure de sommeil et un éloignement médiatique, Polnareff reprend doucement le travail. L’écriture de la musique de la « Folie des Grandeurs » de Gérard Oury le relance.
Michel Polnareff reprend le travail de plus belle . Il s’est mis au sport, cela l’aide pour surmonter ses angoisses. Par ailleurs ses yeux fragiles l’obligent à les protéger sans cesse.
Mais le talent est resté intact et des compositions comme "Holidays" ou "On ira tous au paradis", en 1972, le prouvent.
Michel Polnareff qui n’est plus à une provocation prêt, n’hésite pas pour spectacle Polnarévolution, à faire coller 6000 affiches le représentant fesses nues. Bien sûr, le scandale est au rendez-vous, et il sera condamné à payer 10 francs par affiche sur le motif "d’attentat à la pudeur".
Sa nouvelle vie américaine lui permet de se reposer, de retrouver les plaisirs de l’anonymat et d’une vie quotidienne plus paisible.
En 1974, il sort son premier album depuis son départ, "Tibilli", qui ne connaît qu’un succès moyen. Mais en 1975, le titre "Jesus for tonight", tiré d’un disque presque entièrement en anglais, "USA", rentre à la 35e place du prestigieux classement américain, le Billboard.
En 1977, avec son vieux complice Jean-Loup Dabadie, il écrit "Lettre à France", titre dans lequel il exprime sa nostalgie pour un pays qui lui manque.L’année suivante, il peut enfin se poser sur le sol français, mais pour se présenter être jugé de l’affaire de fraude fiscale dont il est accusé. Bien que son homme d’affaires soit déclaré coupable, Michel Polnareff reste redevable de plus d’un million de francs au fisc. Il profite de ce voyage pour présenter son nouvel album, "Coucou me revoilou", qui connaît un succès moyen malgré "Lettre à France" et "Une simple Mélodie"
Polnareff connaît un retour triomphal en 1981 avec l’album "Bulles" qui se vendra à près d’un million d’exemplaires. Cet album contient notamment les tubes "Tam Tam" ou "Radio". Ses problèmes avec la justice étant en cours de règlement, Michel Polnareff commence à revenir un peu plus souvent sur le territoire français.
En 1985, il sort "Incognito" qui ne connaît pas le succès du précédent album. on se souvient des morceaux "Dans la rue" et "Viens te faire chahuter".
En juin 1989 arrive sur les ondes un nouveau morceau, "Goodbye Marylou", surement son meilleur morceau depuis plus de 10 ans . Une fois de plus les rumeurs les plus folles courent sur l’état de santé du chanteur. A cette époque, il réside dans une chambre au dessus d’un petit bistro de province. Un peu plus tard, il s’installe au Royal Monceau, dans lequel il entame l’enregistrement de son nouvel album.
En février 1990 sort "Kama Sutra". L’album est un triomphe.
Alors que depuis de nombreuses années, Michel Polnareff souffre d’une myopie, ses problèmes de vue empirent au début des années 90. Après de longs mois d’angoisse et d’hésitation, Michel Polnareff prend la décision de se faire opérer d’une double cataracte brune. L’opération est une réussite.
En septembre 1995, il donne un concert dans la salle mythique du Roxy sur Sunset Boulevard. Entouré de musiciens américains de talent, il reprend ses plus célèbres titres. Un album sera mis en vente suite à l’enregistrement de ce concert . Le succès sera au rendez-vous.
Depuis ?
Depuis, la une des magazines people, des concerts, des décorations, avoir fait copain avec Sarkozy.
Même pour cette dernière raison, je n’arrive pas à lui en vouloir. En effet, comment en vouloir à celui qui depuis ma plus tendre enfance, me donne des frissons dès que j’entends le son de sa voix ou l’intro de l’une de ses chansons.
Sous quelle étoile est-il né, on est encore à se le demander.