Moïse, prêtre du dieu d’Egypte Osiris

par Emile Mourey
vendredi 12 janvier 2007

Merci à AgoraVox qui me permet de poursuivre mon interprétation du texte de la Bible dans la continuation des articles que j’ai écrits sur Adam et Eve, Abraham et Joseph. Ce sujet est-il d’actualité ? Non, parce qu’il appartient à une époque lointaine qui n’est plus la nôtre. Oui, parce qu’il se trouve au début d’un fil de notre histoire qui s’est déroulé jusqu’à nous et qui a contribué, culturellement, à faire de nous ce que nous sommes. Cette histoire aux allures de légende est-elle historique ? Non, dans sa lecture littérale ; oui, dans son déchiffrement.

Les Anciens ne disposaient pas de la richesse de vocabulaire dont disposent aujourd’hui nos historiens et nos sociologues. Raconter l’histoire de leur cité par analogie avec celle d’un couple humain - le conseil des prêtres/chefs étant l’homme, la population la femme - n’a absolument rien d’invraisemblable, la vie de la cité pouvant être à l’image d’un couple uni, d’où l’histoire d’Adam et Ève. Il n’est pas non plus invraisemblable que cette image ait été reprise pour symboliser l’amour entre des troupes de combattants et leurs chefs, dans l’histoire d’Abraham et dans celle de Jacob. Mais voilà que l’image se brouille après la chute d’Avaris et de Bersabée. Ces Hébreux/Hyksos - ma thèse - qui étaient jadis les seigneurs du désert, voici qu’ils sont obligés de travailler de leurs mains sur les grands chantiers pharaoniques.

Le contexte biblique.

La durée du séjour des fils d’Israël en Egypte a été de 430 ans selon la Bible. Malgré leur défaite d’Avaris et leur soumission, ils étaient restés sur leurs terres et dans leurs marais. Mais leur incroyable fertilité pour accoucher des prêtres ne pouvait que mettre en danger la stabilité de la société égyptienne, ce qui a obligé le pharaon à interdire cette source de recrutement. Tous les jeunes prêtres contestataires de moins de deux ans d’exercice sont jetés dans le Nil au risque de se noyer, horrible massacre des innocents !

Le peuple hébreu n’a plus de prêtres pour le féconder de paroles. Il oublie ses Ecritures. Lorsque le premier mouvement de résistance se manifeste par l’assassinat des surveillants égyptiens qui battent "les frères"’, il n’est même pas soutenu par le peuple et doit s’exiler de l’autre côté de la frontière, en pays de Madiân.

Ce mouvement de résistance, c’est Moïse. La fille du pharaon (la population de Madiân ?) l’a recueilli alors qu’il vagissait dans sa corbeille de papyrus, au milieu de la mer des roseaux, comme autrefois le grand roi Sargon. C’est elle qui va nourrir ce mouvement de résistance et qui en fera sortir des prêtres.


Ce conseil de résistance travaille d’abord au profit des populations madiânites en défendant leurs droits face aux troupes d’occupation égyptiennes. Son mariage local avec Sippora signifie que ce conseil agit désormais en liaison avec un groupe de maquisards du pays. Il passe ses journées à faire paître son troupeau quand, soudain, un buisson en feu attire son attention. Les membres du conseil se mettent en cercle autour de ce feu de Yahvé et s’interrogent car, en Egypte, le pharaon a durci son oppression en obligeant leurs frères à ramasser dans les champs la paille qu’auparavant il leur livrait pour fabriquer les briques. Des contacts sont établis. Des reconnaissances sont faites. Le grand exode du peuple hébreu est planifié.


Le contexte égyptien.

Citations : « En Egypte, les Anciens m’ont dit que Moïse était originaire d’Héliopolis. Suivant les coutumes de sa patrie, il obligeait les Egyptiens à construire des enceintes ayant la forme de celle qui entourait sa ville, lesquelles devaient être orientées comme elle en direction du soleil levant. Il voulait en faire des lieux sacrés et de prières pour tous les Egyptiens. A l’intérieur de ces enceintes, il ne dressa pas d’obélisque, mais seulement une colonne au sommet de laquelle se trouvait une barque sculptée. Dans cette barque, une statue se tenait debout. » (d’après Flavius Josèphe, Contre Apion, II, 10). Manethon et Philon disent que Moïse s’appelait Osarseph, ce qui signifie de toute évidence : le prêtre d’Osiris. Chaeremon appelle Moïse et Joseph : Tisithen et Peteseph, les considérant cependant comme des hiérogrammates importants qui s’occupaient du service du temple aux temps d’Aménophis et de son fils Ramsès (la dynastie des Ramsès ne règnera que beaucoup plus tard).

Ces documents confirment l’interprétation que j’ai développée dans mes précédents articles. Les descendants du peuple hébreu/hyksos se sont séparés en deux classes, une élite de prêtres qui a fait carrière dans le clergé d’Osiris, à Héliopolis, et une classe laborieuse qui travaille sur les chantiers pharaoniques de la région de Gochen. Pour les Egyptiens, ces laborieux qui se mêlent à d’autres laborieux sont des Hapirous, des "errants" qui viennent du pays de Canaan.

Et voici qu’un devin - cf. le Contre Apion de Flavius Josèphe - révèle à Aménophis (Aménophis Ier) qu’il a vu en songe les calamités qui allaient s’abattre sur l’Egypte. Il a vu un peuple allié (les Hébreux) faire alliance avec les impurs. Mais n’osant révéler ces malheurs au pharaon, il le lui fit savoir par écrit.... Un devin ? Des calamités ? Aucune hésitation, cela correspond bien aux dix terribles plaies du texte biblique. Rappelez-vous : l’eau changée en sang, les grenouilles, les sauterelles, la grêle, les ténèbres... Et le devin de conseiller au pharaon de purifier le pays de tous les lépreux et de tous les impurs qui s’y trouvent, ce que ce dernier s’empresse de faire en envoyant 80 000 infirmes travailler dans les carrières, à l’Est du Nil. Manethon précise que parmi ceux-là se trouvaient quelques prêtres savants atteints de la lèpre. Question : Moïse était-il lépreux ? Pour un Egyptien, était-il, de ce fait, impur ? La réponse est oui. Voilà pourquoi il est parti dans le désert à la recherche d’un autre Dieu. Voilà pourquoi son visage était voilé quand il est redescendu de la montagne des tables de la Loi. Voilà pourquoi le campement des prêtres contaminés était éloigné des campements du peuple pour éviter la contagion. Voilà pourquoi les ordres se transmettaient par écrit.

La date de 1445 que donne la Bible nous amène à placer l’exode sous le règne de Thoutmôsis III. En 1458, treize ans plus tôt, ce pharaon guerrier a semé le trouble en pays de Canaan, jusqu’à Megiddo. Pour l’opération que projette Moïse, les conditions se présentaient sous un jour favorable. Le pays de Canaan se trouvait affaibli. A Héliopolis, des prêtres d’Osiris d’origine hébraïque étaient en rupture de banc. D’autres prêtres d’origine hébraïque sillonnaient les maquis de Madiân. Ils s’infiltraient dans le pays de Gochen pour "travailler" les hommes du peuple et semer la subversion suivant les techniques aujourd’hui bien connues de la guerre révolutionnaire.

Retour au texte biblique lu dans la logique militaire.

Bref, les premiers troubles éclatent. Les puits des Egyptiens sont empoisonnés. Leur bétail meurt sans raison. Leurs champs sont dévastés comme après le passage de la grêle ou d’une nuée de sauterelles. Puis, une nuit, les ténèbres s’abattent sur l’Egypte. L’ange du Seigneur - l’armée secrète de Moïse - frappe aux portes... Trois jours et trois nuits de terreur. Sont frappés en premier les premiers-nés, c’est-à-dire les prêtres d’Amon qui se trouvent aux postes de commandement des troupes de maintien de l’ordre (les prêtres d’Osiris étant les puînés). Profitant de la confusion, le peuple "esclave" se soulève. Les magasins sont pillés, les temples et les familles riches dépouillés de leur argent et de leur or. Pieux mensonge, la Bible dit que les Egyptiens s’exécutèrent de bonne grâce. Conformément au plan prévu dans le moindre détail, le peuple "libéré" se met en route sur les itinéraires qui lui ont été fixés, en direction de la Mer Rouge.

Ce phénomène inhabituel d’une masse populaire qui, soudain, submerge tout, a surpris le pharaon. C’est pour éviter que ce mouvement insurrectionnel ne contamine le reste de l’Egypte qu’il a finalement autorisé Israël à partir. Mais il ne s’agit, en réalité, de sa part que de réalisme politique. Son intention, en premier lieu, est de faire sortir son ennemi du peuple égyptien (cf. Mao-Tsé-Toung : le révolutionnaire est dans le peuple comme un poisson dans l’eau). Il s’agit, en deuxième lieu, de le harceler, et ensuite, de le battre en rase campagne, une fois qu’il sera dans le désert.

Moïse et Aaron n’étaient pas naïfs au point de n’avoir pas deviné les intentions cachées du pharaon. Si, au dernier moment, ils ont donné l’ordre de ne pas s’engager sur l’itinéraire prévu, c’est manifestement pour échapper au piège des Egyptiens et pour les attirer dans un piège hébreu, sur les itinéraires du Nord qui traversent les marais et la mer des roseaux.

archer égyptien sur son char

Pharaon fit mettre sur pied six cents chars de sa troupe d’élite, ainsi que tous les chars qu’il put rassembler en Egypte. Il les lança à la poursuite du peuple en fuite. Mais voilà que l’ange du Seigneur qui marchait en tête pour guider le peuple d’Israël vint se placer derrière. Pourquoi ? La logique militaire donne la réponse : pour se placer en embuscade.

Les eaux étaient à gauche et à droite comme deux murailles. Lorsque les troupes du pharaon s’engagèrent sur les itinéraires, Moïse leva son bâton sur la mer des roseaux (et non sur la Mer Rouge). Les deux murailles - de l’embuscade - se rabattirent sur les troupes du pharaon en commençant du côté du matin et se refermèrent sur elles. Affolés, les Egyptiens firent demi-tour, mais ils ne retrouvèrent plus les chemins de Moïse. La mer se referma sur eux.


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