Mont Beuvray, le séjour des dieux

par Emile Mourey
jeudi 10 juin 2010

Le journal de Saône-et-Loire écrit dans son édition de ce 9 juin 2010 : « Au Mont Beuvray, les scientifiques peinent à communiquer sur leur site qui recèle pourtant plus d’un trésor... Le musée rêve d’une pleine page dans un quotidien national... Il nous faudrait un scoop. » Après un court rappel du parcours chaotique de l’archéologie qui vit le négociant en vin Bulliot l’emporter sur les érudits de la société éduenne partisans de la localisation de Bibracte à Autun, le journal évoque ensuite « le coup de pouce du président Mitterrand » puis le double classement du site « promu au rang de site national et classé au double titre des sites et monuments historiques ».

Le 4 avril 2008 lors de la remise du label "Grand site de France" au mont Beuvray, la secrétaire d’Etat chargée de l’Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, terminait son allocution ainsi : "S’il est un lieu magique au centre de l’hexagone, c’est bien ce Morvan montagneux aux ténébreuses forêts de hêtres, et dominant ce Morvan, l’imposante hauteur du Mont-Beuvray. L’industrialisation l’a oublié. Les grandes voies de communication s’en sont écartées. Bien que se dépeuplant progressivement, le Morvan est resté tel qu’il fut, tel qu’on l’aime : un vestige archéologique vivant. Dans cette forêt druidique, de mystérieuses légendes hantent les sous-bois, les pierres branlantes et les rivières à truites .http://www.grandsitedefrance.com/Lo... A quelques mots près, c’est un extrait presque littéral d’un de mes articles écrits en 1996 où je confirmais que le mont Beuvray était un site gaulois digne du plus grand intérêt http://www.bibracte.com/mon_histoir... Ceci pour dire qu’un auteur ne doit jamais désespérer et que je ne peux que me réjouir de voir un de mes articles plagié au plus haut niveau de l’Etat.
 
Il est vrai que le mont Beuvray est un site merveilleux. Député de la Nièvre, François Mitterrand s’est laissé prendre au charme de cette région qui lui parlait si bien d’Histoire et de Mort, se recueillant dans cette atmosphère si particulière où le silence métaphysique pénètre tout jusqu’à l’esprit. Dans le cadre de la fenêtre de sa chambre du "Vieux Morvan", c’est le mont Beuvray qu’il voyait renaître dans la clarté du jour. François Mitterrand n’est pas resté dans la religion de ses pères. Il s’est échappé dans les ciels tourmentés de la politique et des peintres romantiques tout en s’accrochant à une espérance d’éternité qu’il croyait découvrir dans les forces de la nature ou dans le mystère des pyramides. Bref, s’il est une chose qu’on ne peut pas reprocher à l’ancien président de la République, c’est son attachement au Morvan. Ce n’est un secret pour personne ; l’homme aimait la nature, la culture, l’histoire, et en particulier l’archéologie car c’est la science de la recherche des origines.
 
Pourquoi n’a-t-il pas persisté dans sa première intention de s’y faire inhumer ? De telles reliques auraient apporté un plus indéniable au site en y attirant la foule des anciens fidèles. Aurait-il finalement préféré l’humilité d’une tombe ordinaire à la compagnie des anciens dieux de la Gaule ?
 
Car, en effet, il faut vraiment être aveugle aux choses de l’Esprit pour ne pas comprendre que site mystique pour Mitterrand, le mont Beuvray le fut aussi pour les anciens Gaulois... l’équivalent de l’olympe grec.
 
Wikipédia : Le mont Olympe est la plus haute montagne de Grèce, avec un sommet à 2 917 mètres. Elle fait partie de la chaîne du même nom. L’Olympe est traditionnellement le domaine des dieux de la mythologie grecque... Puisque son sommet reste caché aux mortels par les nuages, l’Olympe est aussi un lieu de villégiature sur lequel les dieux grecs avaient élu domicile pour passer leur temps à festoyer (leur boisson favorite est le célèbre nectar et ils consomment l’ambroisie qui les rend immortels) et à contempler le monde.
 
A mi-distance entre le pays arverne et le pays éduen des bords de Saône, sans autre montagne coupant le paysage, le ténébreux massif du Morvan s’imposait naturellement à l’esprit pour être le domaine des dieux gaulois et du plus grand des dieux : "Jupiter". Et en effet, c’est bien ce nom qui est resté à la montagne au pied de laquelle l’Autun éduenne s’est développée : Montjeu, alias mont Jovis, la montagne de Jupiter.
 
Et s’il faut faire appel à l’archéologie, ce juge de paix par excellence, il suffit de rappeler les très nombreuses monnaies découvertes sur le site, comme sur le site religieux de Corent, en Auvergne, où l’existence de repas funèbres est attestée. Comme l’ont écrit les auteurs de l’époque, on jetait dans les flammes les biens et les meubles du mort (César), ainsi que des titres de créance (Diodore de Sicile) - on ne sait jamais - parfois même une femme pour activer le feu (Macrobe).
 

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