Nabe - Au régal des Vermines

par UcCaBaRuCcA
samedi 5 avril 2014

Apostrophe, 1985.

Invité, le tout jeune écrivain Marc-Edouard Nabe (25 ans) présente son livre Au régal des vermines.

Alain Zannini de son vrai nom représente l'essence même d'une certaine catégorie d'écrivains : les totalitaires. Égocentrique, intransigeant, jusqu’au-boutiste, excessif et romantique ; il parle comme il écrit, il écrit comme il vit, il ne vit que par et pour les Lettres. Il paraît que tout grand écrivain est un fasciste en littérature. Nabe en est l'incarnation, et je dois bien admettre que ce fascisme littéraire a quelque chose de frais, de jeune, de moderne et de jouissif. Nabe c'est une peinture de Marinetti.

Au régal des vermines est une merveille de la littérature contemporaine. Le style est travaillé, percutant, provocateur, drôle, parfois touchant. Nabe se dénude complètement avec la naïveté et la force de sa jeunesse. Il nous emmène fouiller dans chaque recoin de son âme, jusqu'à l'indicible. Nabe est complètement indifférent à ce qui "est", à la raison, à la véracité, à la cohérence de ses mauvais sentiments. Il n'essaye de convaincre personne, le monde extérieur ne l'intéresse pas. Au contraire son livre est profondément tourné vers l'intérieur, dans ce qu'il y a de plus profond et d'inavouable dans l'âme. A' ma connaissance jamais aucun écrivain n'a osé jeter de cette manière la totalité de ses pensées en pâture au lecteur. Nabe est allé très loin dans l'extrémisme littéraire, il s'est littéralement sacrifié à la littérature, c'est ce qui lui permet d'exterminer d'un coup de plume l'ensemble de l'humanité sans qu'il ne puisse y avoir d'ambiguïté sur ses intentions. Les noirs, les blancs, les juifs, les cléricaux, les homosexuels, les jeunes, les vieux, tout le monde y passe. C'est pourtant à cause de ce fascisme de la plume qu'il fut taxé d'antisémite.

 


"Qui vomit a Dîné"

Malgré tout ce livre est profondément optimiste. Pour oser écrire et publier un livre de cette nature, il est nécessaire d'avoir une confiance absolue en l'humanité. On imagine aisément que Nabe avec ce premier ouvrage a le projet de faire table rase, de vomir l'humanité entière pour mieux la reconstruire par la suite. Certains passages, notamment celui sur son père (le musicien de jazz Marcel Zannini) sont extrêmement touchants et puissants, peut-être un des plus beau textes sur l'amour d'un fils à un père.



Pourquoi lire ce livre ?

Parce qu'il est merveilleusement bien écrit.

Parce que le narrateur-auteur est profondément attachant dans sa fraicheur juvénile et son jusqu’au-boutisme.

Parce qu'à travers ce fascisme littéraire on peut mieux comprendre comment le futurisme devint le leurre qui attira la jeunesse des années '20 vers le fascisme politique.

Parce que jamais un écrivain ne s'est autant livré. Cela va bien au-delà de la simple sincérité, il s'agit d'une confession totale. Avec ce premier livre, Nabe se met en danger en se prosternant complètement nu sur la place publique. Certains le verront comme un fasciste raciste et antisémite et profiterons de sa nudité pour lui lancer la pierre, d'autres sauront apprécier ce sacrifice, cette sincérité en don pour la postérité des Hommes.


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