No Facebook

par Pierre de La Coste
mercredi 27 octobre 2010

L’invention de Facebook aura au moins eu un intérêt, peut-être le seul : être à l’origine d’un très bon film, The social network, de David Fincher, avec Jesse Eisenberg et Justin Timberlake, actuellement sur nos écrans.

Le film ne décrit pas (heureusement) le fonctionnement de Facebook, mais il en donne, en quelque sorte, l’ADN. Il montre comment, en 2004, l’étudiant à Harvard Mark Zuckerberg, "geek" de génie, mais handicapé du sentiment et du coeur a perdu son seul véritable ami, pour créer le réseau aux 500 millions d’"amis" virtuels, tout en amassant une fortune.

Le portrait psychologique de Zuckerberg, assez fin, brossé par le film, en dit long sur la vraie origine de Facebook : une véritable passion malsaine pour la vie des autres, nourrie pas une jalousie et une frustration sociale lancinantes, chez un jeune homme immature aux dons informatiques hors normes.

Evidemment, Zuckerberg parle plus facilement à son ordinateur qu’aux jeunes filles, et c’est parceque l’une d’entre elles le traite sans ménagement d’ "Asshole" qu’il dévoile sur le réseau de l’Université des détails sur son anatomie et fait exploser le serveur avec les premiers échanges de données personnelles.

Très vite, l’argent, grand accélérateur de succès, d’ambition, d’intrigues et de trahison s’en mèle et propulse le créateur de Faacebook au pinacle d’Internet et de la gloire.

Facebook, c’est nous

 Revenir à l’origine de Facebook, plutôt que tenter de décrypter sa réussite insolente, c’est sans doute l’attaquer sur son seul point faible. Et nous mettre devant notre responsabilité. Facebook ne gagne de l’argent qu’en vendant le profil de ses utilisateurs, en violation de l’esprit (et probalement de la lettre) des lois françaises et européennes sur les données personnelles. Mais nous sommes complices de ce viol, quand nous livrons ces données au réseau. Facebook, c’est nous.

Ainsi, tout revient à une décision personnelle. Inutile de dénoncer le "Big Brother" étatique, totalitaire, extérieur à nous. Il suffit de résister à la tentation d’ouvrir un compte Facebook. Ou bien de le fermer s’il est déja ouvert (ce qui n’est pas si facile, car il ne suffit pas de désactiver son compte, comme le montre ce mode d’emploi).

Donc, pour rester libre, il faudrait perdre des "amis". Mais qu’est-ce qu’un ami ? Facebook prospère dans une société de solitude, dans laquelle les rapports sociaux ont tendance à s’étioler. Après les mass-médias qui captivent l’attention et l’imagination des individus, les réseaux sociaux donnent l’illusion de recréer du lien transversal, entre les êtres. Mais aucune technologie, aucune entreprise ne peut fabriquer de l’amitié vraie ! L’amitié ne se monnaie pas, ne s’achète pas et n’est pas cotée en Bourse."Si on me presse de dire pourquoy je l’aymoys, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en respondant : Par ce que c’estoit luy, par ce que c’estoit moy". Zuckerberg n’est probablement pas un grand lecteur de Montaigne.

No Facebook !


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