« Norma Jeane » La Marilyn ex-pensionnaire Comédie-Française

par Theothea.com
mercredi 12 mars 2014

Selon la règle de l’alternance en cours à La Comédie-Française, passer de Ismène, sœur d’Antigone à Norma Jeane, double de Marilyn Monroe, ne devrait poser aucune difficulté. 
 
Quand bien même d’ailleurs, si la seconde se jouait hors les murs du Français puisque le principe est d’y favoriser les aménagements de planning, dans toute la mesure du possible !
 
En revanche, quitter définitivement La Comédie-Française et son statut de pensionnaire afin de reprendre pour une cinquantaine de dates en tournée, l’interprétation qui, début 2012, avait entraîné d’emblée votre intégration dans la Maison de Molière ardemment souhaitée, à l’époque, par l’administratrice, voilà qui ne serait vraiment pas banal :
 
Ainsi d’Ismène à Norma, il y aurait, bien sûr, ce désir transcendant de reprendre à nouveau avec l’ensemble de la compagnie originelle, le rôle de votre vie, en tout cas celui qui vous avait révélée artistiquement à vous-même, au public et à la profession ; mais il y aurait surtout le renoncement irrémédiable à une carrière en élaboration prestigieuse et surtout en plein apprentissage institutionnel à seulement 25 ans.
 
La vie professionnelle est en effet balisée par ces choix radicaux mais difficile de ne pas considérer le flirt métaphorique de votre rencontre intime sur les planches avec la tragique destinée de la Star de tous les temps cinématographiques.
 
En effet, si dès 2000, la romancière Joyce Carol Oates engendre et donne à lire « Blonde » qui créé une véritable onde de choc dans le monde entier, c’est bel et bien, en effet boomerang, que John Arnold réceptionne l’impérieuse nécessité d’en constituer un spectacle vivant !
 
Aussi, devenant lui-même démiurge de cette création, il cumule alors les fonctions de comédien, d’adaptateur et de metteur en scène en recherche de la perle rare pouvant interpréter tous les âges de Marilyn depuis la tendre enfance jusqu’à la descente aux enfers. 
 
Et eurêka ! Il la trouve en 2011 ! Elle s’appelle donc Marion Malenfant et se rend totalement disponible au projet ambitieux de son futur Pygmalion ! Les premières au Théâtre des Quartiers d’Ivry suscitèrent un réel choc dynamique, plus ou moins apprécié selon la qualité visionnaire des critiques !
 
En effet, l’idée de concevoir la vie de Marilyn comme un conte mythique où, à l’instar d’une étoile filante, c’est le fantasme d’une femme idéalisée qui serait conjugué au diapason d’Hollywood, impliquait une certaine distanciation d’avec l’image médiatique, voire photogénique.
 
Reste que l’interprétation de la jeune Marion est alors adoubée par Muriel Mayette qui l’engageait sur le champ ou quasiment, façon Cendrillon montant dans son carrosse avancé !
 
Ainsi, durant les deux années suivantes, la nouvelle pensionnaire fait ses classes en s’intégrant au mieux dans cette famille du Français si complémentairement talentueuse !
 
Mais voici que soudain, l’appel atavique d’avec l’expérience initiale si intense, intégralement conçue au sein d’une mise en scène chorale élevant la présence charismatique au pinacle de l’émotion collective, chercherait de nouveau à atteindre son apothéose à rebours :
 
Ainsi, complètement nue, à quelques mètres des premiers gradins, dans la lumière éblouissante de la poursuite célébrant le culte du corps féminin parfait, la comédienne harangue le public afin qu’il désire encore et toujours plus fort son physique de rêve !
 
Comment résister à une telle tentation partagée d’un commun accord par les deux sexes réunis en plébiscite de Marilyn Monroe ?
 
Et pourquoi se soucierait-on d’un statut de pensionnaire à contrebalancer avec la magnificence d’un tel plaisir recouvré et si peu éphémère, puisqu’il peut se renouveler après deux années d’interruption ?
 
La messe est dite ! Désormais la Star peut chuter de tout son saoul avec les hommes du Président ou quiconque feindrait de croire en son destin fabuleux… jusqu’au bout de la nuit noire !
 
photos © Bellamy 
 
NORMA JEANE - ***. Theothea.com - d'après Joyce Carol Oates - mise en scène John Arnold - avec John Arnold, Aurélia Arto, Estelle Chabrolin, Philippe Bérodot, Bruno Boulzaguet, Jean—Claude Bourbault, Samuel Churin, Evelyne Fagnen ou Myriam Azencot, Antoine Formica, Jocelyn Lagarrigue, Joffrey Roggeman, Marion Malenfant, Olivier Peigné, Fabienne Périneau & Maryse Poulhe - Théâtre 13 Seine
 

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