Not a Good Sign, un signe de l’excellence du prog italien

par Bernard Dugué
mardi 30 juillet 2013

C’est encore un chef-d’œuvre de musique progressive qui nous vient d’Italie avec une formation spécialement constituée pour enregistrer un album de rock dont le style allie un symphonisme seventies parfaitement assumé avec des somptueuses nappes de mellotron et une orientation plus expérimentale et free. Ainsi se présente le CD signé par « Not a good sign » sur le label Altrock, avec comme ossature le claviériste Paolo Botta (qui a sa propre formation, Ske) et le guitariste Francesco Zago, tous deux présents sur la scène pro, membres du groupe expérimental Yugen et surtout compositeurs des neuf petites pièces musicales que contient cet album qui marquera l’année 2013. Deux musiciens de « La cosciencia di zeno » complètent la line-up, ainsi que le jeune batteur Martino Malacrida. Les chefs-d’œuvre du prog se succèdent depuis quelques temps. Après « Ingranaggi della valle » et « Progenesis », nous avons avec « Not a good sign » un candidat au titre de meilleur album prog de l’année 2013. Il faudra attendre néanmoins le prochain Haken mais ce sera une toute autre affaire.

« Not a good sign » propose une musique envoûtante, à l’inquiétante beauté, avec des arabesques, des ruptures, des invention sonores et mélodiques incessantes. Ambiances crépusculaires et éthériques. On notera nombre d’influences parmi lesquelles Anglagard, King Crimson, Henry Cow mais aussi Univers Zero, Stormy Six ou encore des similitudes avec quelques formations du prog japonais des années 80 comme Gerard ou Ars Nova. Le côté appuyé des claviers expliquant des parentés de style avec des trios où le claviériste joue un rôle déterminant. Cependant, la présence de la guitare et des parties vocales impeccables confèrent à « Not a good sign » une intensité toute particulière.

Le premier morceau démarre puissamment, avec des saccades de basse, batterie, une guitare crimsonienne et des nappes de mellotron, avec une structure musicales complètement décousue mais cohérente, ce qui confère à cette première pièce un côté très avant-gardiste. On est bien plus près de Bartok que de Muse, c’est certain. En vérité, la similitude stylistique la plus proche est Anglagard. Une oreille paresseuse pourrait presque confondre les deux groupes. Le second morceau permet à l’auditeur de se reposer avant le troisième morceau dont le titre a été utilisé pour donner un nom à cette formation dont les instrumentistes montrent leur parfaite expérience du genre expérimental alors que le jeune batteur surprend par sa maturité, exécutant un jeu de percussions efficace et imprévisible. L’ensemble ne fait que surprendre, avec de si belles lignes mélodiques jouées à l’orgue et au piano et une cavalerie instrumentale donnant l’impression d’être sauvage et indomptable, partant dans tous les sens mais le plus souvent, avec cette tonalité étrange proche d’une bande son composée pour un film fantastique.

La suite des compositions offre une alternance entre des atmosphères prenantes, pour ne pas dire stressantes et même parfois légèrement pesantes dans le bon sens du terme, c’est-à-dire avec un zeste de doom et des passages plus reposants mais tout aussi inventifs. Très avant-gardiste, très pointu, on ne saurait quoi dire de plus pour tracer l’éloge de cette musique qui égare l’auditeur. Ce qui est d’ailleurs l’objectif du prog expérimental dont l’écoute doit se renouveler à chaque fois car l’oreille peut difficilement mémoriser des compositions si raffinées et complexes. Toutes différentes du reste, chaque morceau ayant sa propre originalité. La collaboration a donc été réussie, de même que l’intention formulée il y a trois par le producteur Marcello Marinone, souhaitant offrir du rock expérimental un peu plus accessible que celui joué par Yugen et Ske. Au final, on se trouve face à une musique située entre l’exigeant rock de chambre et le progressif vintage des années 70. Et donc le succès tient entre autres au dialogue incessant entre les claviers vintage et la guitare avant-gardiste. Un CD à ne pas rater, ne serait-ce que pour le premier morceau carrément hallucinant de virtuosité et d’inventivité.

http://production.altrock.it/

Songs / Tracks Listing 1. Almost I (6:37) 2. Almost II (3:12) 3. Not A Good Sign (7:54) 4. Making Stills (6:43) 5. Witchcraft By A Picture (7:37) 6. Coming Back Home (5:52) 7. Flow On (6:07) 8. The Deafening Sound Of The Moon (4:33) 9. Afraid To Ask (3:08)

Line-up / Musicians
 Paolo ’’Ske’’ Botta / keyboards, glockenspiel
 Alessio Calandriello / vocals
 Gabriele Guidi Colombi / electric bass
 Martino Malacrida / drums
 Francesco Zago / electric & acoustic guitars

Guest musicians :

 Maurizio Fasoli / piano (3, 5, 9)
 Bianca Fervidi / cello (5, 7, 9)
 Sharron Fortnam / vocals (5)

 


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